L’ubérisation du marché immobilier

Commençons par définir l’ubérisation. Il s’agit « d’un processus économique qui, grâce aux nouvelles technologies, contourne les secteurs classiques de l’économie en créant un nouvel intermédiaire. Cet intermédiaire qui permet de mettre en relation directe les utilisateurs et les prestataires se matérialise sous la forme d’une plateforme numérique. »

Si nous prenons l’exemple d’Uber, avant l’apparition de ce concept, nous devions chercher et trouver des taxis. Il fallait d’abord traiter avec des intermédiaires pour louer les services d’un taxi, ou bien il fallait partir à la recherche d’un taxi. Mais avec l’introduction des nouvelles technologies, les fondateurs d’Uber ont profité de la capacité du digital pour combler le fossé entre les utilisateurs et les fournisseurs de services de taxi. Il est désormais possible de commander un Uber grâce à une application. Le fonctionnement d’Uber est très simple : lorsque le client a un besoin, il utilise l’application pour faire une demande. Les chauffeurs à proximité reçoivent à leur tour une demande, qu’ils peuvent ensuite accepter s’ils sont intéressés. Lorsque le chauffeur accepte la demande, le client et le prestataire peuvent automatiquement se connecter l’un à l’autre via l’application.

De cette façon, les clients n’ont à se préoccuper de leur besoin que lorsque celui-ci se présente car ils disposent d’un outil qui les aide à se connecter directement aux prestataires. C’est ce que signifie l’Uberisation de tout secteur : des prestataires de services intéressés répondant aux demandes des clients par le biais d’une application.

Le travail de base d’un agent immobilier consiste à comprendre les besoins des clients et à leur montrer des biens qui correspondent à leurs goûts et à leurs exigences. En temps normal, lorsque le besoin se fait sentir, les clients vont contacter des agents pour répondre à leur demande. Avec l’introduction de l’Uberisation dans l’immobilier, c’est l’inverse qui se produit : les clients placent une demande sur une plateforme et les agents intéressés ont la possibilité de répondre à la demande et d’entrer en contact avec le client.

75 % des internautes immobiliers utilisent les sites d’annonces de particuliers (Leboncoin, PAP) pour rechercher un logement.

Parallèlement, d’autres Start-up font leur apparition sur le marché. Par exemple, nous retrouvons Somhome ou Locatme qui offrent la possibilité aux propriétaires et locataires de se rencontrer directement. On retrouve également Mychezmoi, nouveau concept qui mise sur la proximité et l’offre de services à forte valeur ajoutée avec la possibilité de « faire le tour du propriétaire sans faire le tour de la ville ». HappyRenting est une plateforme qui permet aux habitants de noter les biens dans lesquels ils vivent afin d’aiguiller les prochains locataires.

La peur et l’appréhension à l’évocation du mot ubérisation atteignent les professions de l’immobilier. Une grande partie des professionnels de l’immobilier a déjà pris le virage du digital : visites virtuelles, signatures électroniques, etc. Toutefois, ces investissements ne suffisent pas à effacer des craintes en particulier chez les agents immobiliers. Ils ont des raisons objectives de prendre le risque d’Uberisation au sérieux. La mise en place d’une plate-forme numérique, qui est l’une des caractéristiques de l’Uberisation, va donner la possibilité aux clients de contourner l’intermédiation entre l’offre et la demande de biens immobiliers, habituellement exercée par l’agent.

Malgré cette réalité et une certaine nécessité de voir le marché évoluer, les agences ne doivent pas perdre espoir. Elles possèdent toujours de vraies cartes à jouer pour lutter contre cette uberisation.

Mais alors, comment vaincre l’ubérisation de l’immobilier ?

Ne pas confondre ubérisation et digitalisation de l’immobilier. Ce sont deux notions différentes. «Ubériser», ce n’est pas digitaliser, c’est mettre un bien privé sur le marché de particuliers à particuliers en court-circuitant les corporations de professionnels. Avec ce phénomène, les professions d’agents immobiliers risqueraient de disparaitre.

Les innovations technologiques ne vont pas anéantir le travail des agents immobiliers. Il faut les utiliser à bon escient. L’agent doit simplement repenser sa vision du métier et redéfinir en profondeur ses méthodes de travail.

Pour redonner confiance à ces personnes, il faut se justifier davantage et être 100 % transparent.

Pour ce faire :

  • Utiliser une plateforme en ligne pour que le client puisse suivre tout l’avancement de son projet immobilier, en toute transparence.
  • Assurer un réel suivi, même après une signature. Le client doit se sentir encadré du début à la fin de son projet.
  • Jouer sur la proximité et le professionnalisme pour lutter contre l’uberisation : Travailler correctement une fiche Google My business pour valoriser ses compétences et augmenter sa visibilité locale.