Maydée une application qui agit sur la charge mentale

C’est lors du marché de noël féministe proposé par @mercisimoneclub au Ground Control que je découvre Maydée. Maydée est une association qui œuvre à l’égalité notamment grâce à son application qui sert à comptabiliser le travail domestique, une manière d’agir sur charge mentale.

Julie Hebting, CEO et fondatrice de Maydée, a accepté de me rencontrer pour en discuter.

Il est de notoriété publique que les femmes supportent la majorité du travail domestique: 64% et les solutions semblent encore abstraites.

L’application Maydée sert à comptabiliser le temps que l’on passe au travail domestique et elle est gratuite. Déjà disponible sur le site de l’association elle sera bientôt téléchargeable sur les apps stores avec une mise à jour: la possibilité de noter avec un smiley son ressenti pour chaque tâche effectuée.

L’idée de l’application n’est pas de pousser à un 50-50% parfait dans la répartition du travail domestique. Il s’agit de créer un équilibre entre le ressenti et le temps passé à ces activités avec son conjoint et de communiquer à ce sujet : « On a tendance à penser que le propre et le rangé sont la même chose pour tous : il n’y aurait pas un boom de coachs comme Marie Kondo si c’était une évidence de savoir le faire ».

La démarche derrière l’application Maydée

Ce qui est surprenant c’est qu’une répartition inégale des tâches domestiques dans le foyer, reste invisible aux yeux du partenaire.

Julie m’explique que finalement, tant qu’un couple n’a pas d’enfants la différence de répartition des tâches est peu marquée. Nous avons appris dès le plus jeune âge au contact de notre famille et de la société les rôles genrés de la femme et le l’homme concernant la gestion du foyer. Selon Julie, il est très complexe de questionner cet apprentissage car il est insidieux et il touche à l’intime.

Nous pouvons par exemple, mettre en évidence la part majoritaire de femmes dans le secteur de la petite enfance : seul 2% du personnel des écoles maternelles et 15% du personnel des écoles primaires sont des hommes. Ce modèle avec nous grandissons montre que l’éducation des jeunes enfants reste l’apanage des femmes.

Les parents de leur côté, peuvent tout à fait avoir un discours non genré et valoriser leur garçon et leur fille à égalité mais dans les faits, la mère reste celle qui porte la majeure partie de la charge du foyer en plus de son travail et le père rentre plus tard le soir sans s’occuper des gestes de soin ou des tâches ménagères les plus chronophages.

C’est là qu’intervient Maydée afin de relever l’impact de cette séparation genrée grâce à l’application.

Lorsque nous abordons le sujet du congé paternité comme levier important pour l’égalité entre hommes et femmes, Julie me fait remarquer, qu’en France, les hommes ne sont pas obligés de prendre ce congé. Il est en effet passé à un mois en 2021, une avancée certaine. Mais en y regardant de plus près seuls 7 jours sont obligatoires, les 21 restant, ou 28 en cas de naissances multiples, ne le sont pas. Elle ajoute : « tant que cela ne sera pas le cas les femmes seront considérées comme des agents à risque en entreprise. »

Quand je lui demande comment elle pense que les hommes pourraient se sentir plus concernés par la gestion du quotidien et du foyer Julie me répond qu’en toute bonne fois les hommes et les femmes ont tous des visions très biaisées du travail domestique.

Le ménage est une tâche continue qui est difficile à mesurer : on ne se rend pas compte de ce qu’on produit et donc si on en fait trop ou pas assez au quotidien. Les femmes quant à elles peuvent considérer qu’elles ont « des maris qui les aident » ou « qu’elles ont beaucoup de chance » quand leur conjoint s’investit.
Et pour ce qui est des enfants ce n’est pas plus facile de voir les fruits de son investissement : « la mesure est-elle son premier CDI à 25 ans, si il en veut un ? »

Si le travail domestique est un sujet essentiel à aborder c’est qu’il a des répercussions financières : « Quand les enfants ont entre 0 et 3 ans, certaines mères décident de s’arrêter de travailler, et on le comprend : pourquoi travailler alors qu’une fois déduits les frais de garde d’enfant, il ne reste presque rien du salaire ? Ce choix peut être renforcé par le manque de structure d’accueil des touts petits sur certains territoires. Mais attention ! Il faut être vigilant quand on fait ce choix là. Car il aura aussi un impact à plus long terme : sur la carrière, et sur la retraite notamment.»

Julie résume tout lorsque elle affirme « S’aimer c’est aussi se demander comment on se protège l’un l’autre au sein du couple. »

Lautard, V., 2020. Métiers au contact des enfants : où sont les hommes ?. Marianne.net. Available at: <https://www.marianne.net/agora/humeurs/metiers-au-contact-des-enfants-ou-sont-les-hommes#:~:text=Aujourd’hui%20un%20constat%20s,domicile%20(auxiliaire%20de%20pu%C3%A9riculture%2C%20assistante> .

Maydée. 2022. Maydée | Réduire l’inégale répartition des tâches domestiques au sein des foyers. Available at: <https://www.maydee.fr/> .

Roy, D., 2012. Le travail domestique : 60 milliards d’heures en 2010 – Insee Première – 1423. Insee.fr. Available at: <https://www.insee.fr/fr/statistiques/2123967> .

Service-public.fr. 2021. Congé de paternité et d’accueil de l’enfant d’un salarié du secteur privé. Available at: <https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F3156> .