Rencontre avec Diane Gobert, Digital Project Manager

Avant tout, j’ai pour rôle de faire comprendre l’intérêt qu’a le digital de nos jours afin d’accélérer la digitalisation des journaux sur le web.
Diane Gobert

Digital Project Manager, 366

Quel a été ton parcours ?

Mon parcours n’est pas commun !

Tout d’abord, j’ai étudié l’histoire de l’art à Paris. Lors de ma dernière année, j’ai rencontré le Directeur du Laboratoire de Recherche des Musées de France au Louvre durant l’une de ses interventions dans ma fac. Celui-ci avait pour projet de construire une base de données, ainsi que de s’intéresser à une nouvelle façon de communiquer auprès des visiteurs de musées. Cette expérience a été un tournant dans ma carrière et a marqué mes débuts dans le domaine de la communication.

 Puis, je me suis orientée vers le digital, notamment chez le pureplayer Magic Maman, ainsi que dans le groupe Marie Claire, en tant que Cheffe de projet. Ces expériences m’ont donné l’opportunité de découvrir davantage le monde des médias. J’avais pour mission de les digitaliser, et cela passe par les nouveaux modes d’achat, tels que la programmatique.

 Actuellement, j’occupe le poste de Digital Project Manager au sein de 366. Il s’agit de la régie publicitaire nationale de la Presse Quotidienne Régionale.

 Quels sont les enjeux de tes missions ?

Avant tout, j’ai pour rôle de faire comprendre l’intérêt qu’a le digital de nos jours afin d’accélérer la digitalisation des journaux sur le web. L’important résulte en la bonne intégration de la publicité, en disposant des bonnes structures techniques.

 Dans le cadre de l’achat et la vente d’espaces publicitaires, un autre enjeu indéniable est l’encadrement légal. En France, mon secteur d’activité est réglementé par la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés, appelé communément la CNIL. C’est un point essentiel afin d’élaborer des partenariats avec :

  • des technologies de SSP (Supply-Side Platform), afin de permettre la mise en vente d’espaces publicitaires de nos 12 groupes de presse.
  • des technologies de DSP (Demand-Side Plateform), pour effectuer des achats publicitaires afin d’apporter davantage de visiteurs sur nos différents sites.

 Enfin, je dois m’assurer de la bonne relation avec les éditeurs, en les faisant adhérer à nos projets nationaux. C’est un rôle que l’on pourrait nommer de « facilitateur », lorsque j’interviens auprès des groupes de presse qui ont été davantage sensibilisés au print, qu’au digital.

 Comment s’est intégré le digital dans les journaux ?

Initialement, les journaux papiers génèrent leurs revenus grâce à leurs abonnés, ainsi qu’à la publicité. Les abonnements liés au print rapportent presque autant, voir plus de revenus que la publicité papier.

 Néanmoins, pour le digital, ce modèle ne s’applique pas. En effet, pendant 10 ans le numérique donnait l’impression de gratuité. Dès lors, la solution a été de produire des « snacks ». Concrètement, il s’agit du fait d’avoir un accès gratuit au début d’un article, puis de devoir s’abonner pour en bénéficier dans sa globalité.

 Depuis 4 ans, les rédactions prints et digitales ne proposent respectivement plus le même contenu. Afin de favoriser un maximum de trafic sur le site, nous disposons de plannings de diffusion sur les réseaux sociaux. En complément, des notifications sont envoyées par le biais de l’application pour la préférence de marque.

 Une autre contrainte est la Consent Management Platform, régie par le RGPD. En d’autres termes, c’est le fait d’offrir la possibilité à l’internaute de donner ou non son consentement, pour la pose de traceurs. La CMP doit être très explicite pour les visiteurs, ce qui peut les rendre réticents et par conséquent engendrer une perte de l’audience.

Comment se met en place la publicité sur les sites de presse ?

Sur le site internet, quand un internaute se rend sur la homepage, les articles gratuits et les payants sont confondues. Ceux en haut de la page sont gratuits, puis en scrollant, un article sur deux est payant.

Nous avons remarqué que ce sont généralement les informations locales de proximité, qui ont de la valeur pour être payées par un internaute.

 Comment différencier vous les différentes informations ?

Durant une journée type, nous pouvons retrouver plusieurs publications d’informations froides et chaudes. L’information froide désigne l’information de fond, telle que la beauté, la famille ou encore le climat. Quand l’on parle d’informations chaudes, il s’agit de celles qui proviennent des faits en direct de la région, le département, la ville et également de l’AFP (Agence France-Presse). Il s’agit aussi de l’actualité, qui sera à destination de tous (et non seulement sur une cible de proximité). C’est le cas pour les élections présidentielles ou encore la guerre en Ukraine.

 Comment imagines-tu l’évolution de ton métier ?

Durant ces 10 dernières années, j’ai constaté une nette évolution de mon métier, qui devient de plus en plus technique. Dans un avenir proche, il y aura selon moi davantage d’acteurs techniques, de régulateurs, ainsi que de mesureurs.

Enfin, mon métier étant réglementée par la CNIL, nous pouvons imaginer des changements, notamment avec de nouvelles règles pour les cookies et autres traceurs qui renforcent la protection des données de lecteurs mais aussi celle des éditeurs.