Meta vs X : Pourquoi Threads est un échec total ? (Article rebond)

Après avoir lancé Ads Revenue Sharing, Twitter, ou plutôt X de son nouveau nom, est en train de balayer d’un revers le concurrent que Meta a spécialement tailler pour lui.

Outre-atlantique, le lancement de Threads avait suscité beaucoup d’espoirs pour concurrencer Twitter, cependant la vigueur de son lancement et les chiffres annoncés se sont essoufflés. Pire, ils sont en chute libre.

@Davide Bonaldo/SOPA Images/LightRocket via Getty Images

Comme l’a très bien expliqué Carla Decarvalho dans un article publié il y a quelques jours, le service Ads Revenue Sharing du réseau social dorénavant renommée X (ex Twitter), a déjà permis à certains abonnés de recevoir plusieurs centaines, voire milliers de dollars de rémunération. Sur le modèle de TikTok ou de la plateforme YouTube, X récompense ainsi les utilisateurs qui suscitent le plus d’engagement.

Et le succès de la nouvelle acquisition d’Elon Musk semble avoir réveillé Marc Zuckerberg et ses équipes. Le 5 juin 2023, l’entreprise Meta platforms (anciennement Facebook) a lancé un réseau social similaire à X : il se nomme Threads. Et ce nom n’est pas anodin, puisqu’il rappelle évidemment les célèbres threads de Twitter, c’est-à-dire fil de discussion. Le nombre de caractères étant limité, les threads permettent d’étaler un post en plusieurs publications ou même de raconter une histoire de façon découpée. 

Cependant, si ses débuts étaient plutôt prometteurs, les résultats de Threads ont complètement dégringoler depuis.

79 % d’utilisateurs en moins : échec cuisant pour Threads

Lancé par Méta pour rivaliser avec le réseau social X, Threads voit son nombre d’utilisateurs baissé considérablement. Selon le site SimilarWeb, le nombre d’utilisateurs quotidiens est passé de 49,3 millions en juillet 2023 à 10,3 millions en août. Soit une baisse de 79 %. Aux États-Unis, le temps moyen passé sur l’application est descendu à 3 minutes, comparé à 25 minutes pour X. Initialement considéré comme une extension d’Instagram, Threads a bénéficié d’un démarrage rapide, accentué par les problèmes de Twitter.

En parallèle, les meilleurs ennemis, Mark Zuckerberg (directeur général de Meta platforms) et Elon Musk (directeur général de Tesla Motors), ont annoncé un duel d’arts martiaux mixtes, symbolisant leur rivalité idéologique. Musk a évoqué l’Italie comme lieu de rencontre, suscitant des spéculations. De son côté, Zuckerberg a répondu avec une proposition de véritable affrontement, proposition qui lui a valu d’être traité de “mauviette“ par l’extravagant Elon Musk. Cette annonce de règlement de compte ne serait-elle pas un gros coup de communication ? Suite à la fameuse bagarre qui a éclaté entre les rappeurs Français Booba et Kaaris à l’aéroport d’Orly, les deux protagonistes n’ont cessé d’entretenir l’idée d’un duel sur le ring. Les fans attendent toujours… Pour autant, ces affrontements virtuels ne suffiront peut-être pas à faire de Threads une alternative solide à X, qui l’accuse d’être une pâle copie.

Plagiat : Elon Musk accuse Marc Zuckerberg d’avoir triché

Threads, imaginée par la multinationale qui détient notamment Facebook Messenger, Instagram et WhatsApp, est un réseau social de microblogage. Si l’application n’est pas encore disponible en Europe, elle l’est déjà dans plusieurs pays anglo-saxons comme les États-Unis et l’Angleterre. 

Pour rappel, Meta avait initialement permis que Threads soit déployé au sein de l’Union européenne, avant de se rétracter et d’en bloquer l’accès dans cette zone. Le motif évoqué ? Les règlements stricts de l’Europe à travers son RGPD (Règlement général sur la protection des données). Les tensions étaient telles que Meta a menacé de suspendre Facebook et Instagram sur le territoire européen. Et le DSA : Digital service act, en vigueur à partir de demain, ne semble pas non plus réjouir le géant américain. Mais le dernier réseau social du groupe n’affichant pas les résultats escomptés, il risque d’être disponible plus tôt que prévu en Europe. 

Le but de cette plateforme est que les usagers puissent partager de courts messages dits « threads » et qu’ils aient la possibilité de créer des fils de discussion et de suivre des personnes ou des sujets spécifiques. C’est à peu de choses près le même principe que Twitter lors de sa création, même si le patron de Facebook l’a présenté comme “l’application de conversations écrites d’Instagram”. Sachant qu’il est déjà possible de s’écrire sur Instagram, il n’y a pas vraiment d’innovation, ce qui n’a pas échappé à Elon Musk.

Après s’être moqué de son adversaire, le milliardaire sud-africain a fait envoyer, via l’avocat de X Corp, une lettre qui accuse Meta d’avoir enfreint des secrets industriels et le droit de la propriété intellectuelle. La maison mère de Facebook serait accusée d’avoir recruté des dizaines d’anciens employés de X et sommer de cesser ses agissements. Dans le cas contraire, la société est prête à saisir la justice. « La concurrence n’est pas un problème. La tricherie en est un« , a Twitté le fondateur de Tesla. De son côté, Andy Stone, porte-parole de Meta, a démenti ses accusations. 

Quelles sont les raisons de la chute de Threads ?

Si Zuckerberg se vantait des 30 millions de comptes créés à l’ouverture de son nouveau joujou, ce début prometteur a rapidement fait place à une désillusion. Comment l’expliquer ? 

L’une des règles, lorsque l’on crée une entreprise ou une marque, est de respecter la promesse tenue ou au moins qu’il n’y ait pas d’écarts trop grands entre les promesses et la réalité. Et c’est ce qui s’est passé dans ce cas. Au moment de son lancement, Threads s’est positionné comme un nouvel espace d’expression en ligne en alternative à X, que certains utilisateurs ne reconnaissent plus depuis le rachat d’Elon Musk. Néanmoins, après seulement quelques semaines d’utilisation, les internautes ont fait face aux limites suivantes :

  • une interface peu intuitive et trop similaire à celle de Twitter
  • un manque d’originalité et d’innovation dans les outils de communication
  • des fonctionnalités limitées par rapport à celles proposées par la concurrence.

Pour couronner le tout, X a été très réactif, puisque le réseau social a justement à améliorer la modération des contenus et la lutte contre les abus et renforcer la communication et le marketing

Mais l’image de marque de Meta est ternie depuis de nombreuses années. L’affaire Cambridge Analytica a révélé l’utilisation abusive des données personnelles, sans parler des problèmes de transparence, de gouvernance et de censure des informations par Facebook. Il faut tout de même rappeler que même si X a gagné cette manche, la société n’est pas non plus irréprochable. Il y a quelques mois, Twitter a décidé de quitter le code de l’UE (Union européenne) contre la désinformation. La mise en application du DSA redistribue donc les cartes et place le géant au même niveau d’obligations déontologiques que les autres plateformes.

Pour que Threads arrive à s’imposer face à X et séduire une nouvelle cible, il lui faudra proposer une expérience unique, innovante et différenciée. Dans le cas contraire, ce nouveau réseau social risque de rester très longtemps dans l’ombre de son concurrent direct.