L’intelligence artificielle, clé de la transition écologique ? Les éclairages de « Green IA » de Gilles Babinet

Et si l’intelligence artificielle, souvent décriée pour son impact environnemental, était en réalité l’un des plus puissants leviers pour accélérer la transition écologique ?

C’est la thèse audacieuse que défend Gilles Babinet, entrepreneur du numérique et essayiste, dans son dernier ouvrage « Green IA ». Au-delà des débats manichéens entre techno-solutionnistes et décroissants, il explore le potentiel de l’IA pour nous aider à relever le défi climatique. Décryptage.

No-Code

L’IA, entre empreinte carbone et promesses environnementales

  • L’IA a une empreinte environnementale significative, surtout liée à la fabrication des équipements (90% des émissions pour un smartphone par exemple).
  • Mais elle ouvre aussi de nouvelles opportunités pour optimiser les processus, dématérialiser, mieux gérer les ressources.
  • Son bilan net dépendra de la façon dont elle sera développée et régulée.

L’IA comme levier de décarbonation de l’économie

  • L’IA peut optimiser l’industrie, la logistique, les transports, l’agriculture pour les rendre plus sobres en carbone
  • Couplée à l’IoT, la blockchain, elle permet une gestion plus fine de l’énergie, des déchets, des ressources
  • Mais cela nécessite de profondes transformations des entreprises et des politiques incitatives

Repenser les politiques publiques et la régulation à l’ère de l’IA

  • Pour orienter l’IA vers la transition écologique, de nouvelles régulations sont nécessaires : taxe carbone, normes, incitations…
  • Les pouvoirs publics doivent soutenir une R&D responsable et le développement d’une IA souveraine et éco-conçue
  • L’acceptabilité sociale et éthique de ces technologies doit être au cœur des politiques publiques

Vers de nouveaux modes de vie et de consommation augmentés par l’IA

    • L’IA va transformer nos façons de nous déplacer, consommer, habiter, travailler…
    • Elle peut favoriser des comportements plus durables, une économie de la fonctionnalité, des territoires intelligents
    • Mais cela soulève des questions sur la place de l’humain, le respect de la vie privée, les risques de surveillance

L’intelligence artificielle (IA) représente une opportunité immense pour aider à résoudre les enjeux environnementaux et climatiques. Cependant, elle n’a pas spontanément été perçue comme telle par de nombreux acteurs, qui l’ont au contraire attaquée comme un facteur aggravant le réchauffement climatique.

Pourtant, le potentiel de l’IA pour juguler ces dynamiques inquiétantes est probablement très important, même s’il est audacieux d’envisager qu’elle puisse devenir l’un des facteurs premiers de la transition environnementale dans les prochaines années.

L’IA permet de traiter des environnements « multivariés », c’est-à-dire de synthétiser simultanément de nombreux facteurs de natures différentes. Cette caractéristique s’applique bien aux enjeux environnementaux qui sont essentiellement multifactoriels.

Par exemple, agir efficacement sur les émissions de CO2 de l’agriculture passe par un contrôle simultané d’un très grand nombre de facteurs (température, hygrométrie, luminosité, intrants, traitements mécaniques, semences, etc.). L’IA et les systèmes décisionnels pourraient permettre d’optimiser cela, à condition que le monde agricole accepte de nouvelles approches.

De même, l’IA pourrait permettre d’optimiser les chaînes logistiques des entreprises en faisant des arbitrages (production, stocks, transports) ayant un impact important sur les émissions de CO2. Mais ces approches ne sont pas encore répandues car les entreprises peinent à valoriser leurs données.

Dans un contexte adapté, avec une évolution des usages et un cadre réglementaire favorable, l’IA peut devenir un outil puissant pour traiter les enjeux climatiques et environnementaux, sans pour autant renoncer au confort des sociétés développées. Mais cela soulève inévitablement des questions politiques sur la modification de nos modes de vie.

 

Conclusion

L’IA n’est ni une solution miracle ni une fatalité pour l’environnement, tout dépendra des choix collectifs que nous ferons. Son potentiel pour accélérer la transition écologique est immense mais doit être activé de façon volontariste et encadré. Cela appelle une responsabilité accrue des entreprises, des pouvoirs publics mais aussi des citoyens. Un ouvrage stimulant pour penser l’avenir à l’intersection du numérique et de l’écologie.