Les métavers sont-ils vraiment en chute libre ?

Depuis quelques semaines on peut lire un peu partout dans la presse et sur LinkedIn, que les grands acteurs du digital semblent abandonner l’idée de développer des métavers. 
Si des acteurs comme Tencent, Méta ou encore Microsoft réduisent peu à peu les fonds alloués au développement de ces espaces virtuels, cela signifie-t-il que ces derniers abandonnent complètement le projet pour autant ? 

Aujourd’hui, c’est sur ce sujet que nous allons nous pencher. 

 

Livre de Donald Miller "Building a Story Brand"

Un métavers, c’est quoi exactement ? 

Pour commencer, rappelons ce qu’est un métavers : Un métavers est un monde virtuel, un espace en trois dimensions, structuré, dans lequel les personnes qui s’y plongent peuvent partager des expériences immersives. 

Trois critères permettent de mieux identifier et cadrer ce concept qui, même s’il existe en théorie et dans la lecture fantastique et fictive, n’en est encore qu’à ses balbutiement dans ses aspects pratiques et opérationnels.  

1. Celui-ci doit imiter le monde réel sans en être une exacte copie
2. Il doit être facilement accessible grâce à des objets numériques tels que des smartphones ou des ordinateurs

3. Il doit exister et évoluer de manière continue, même quand l’utilisateur se déconnecte

Si c’est bel et bien Mark Zuckerberg qui s’est positionné en fer de lance des acteurs technologiques pour le développement des métavers, dès 2014, il n’est pas le seul à avoir montré de l’intérêt pour ce projet. Entre 2014 et 2021, les grandes firmes comme Tencent, Microsoft, Facebook renommé Meta en 2021, Disney et bien d’autres encore ont injecté des quantités astronomiques de capital pour la création d’équipes spécialisées sur le sujet. 
Nouvelle approche du développement informatique, maturation des technologies associées aux réalités augmentées et virtuelles, ou encore propriétés numériques, les métavers étaient partout dans la presse technologique mais surtout, dans les esprits

Qu’est ce qui a changé alors ?

En ce début d’année 2023, les projets de métavers semblent presque tous péricliter ou ralentir. Dans le mémo du mois de Mars distribué à tous les employés de Méta, il est stipulé que la priorité absolue de cette « année de l’efficacité » serait de mettre l’accent sur l’optimisation des IA développées par Meta tandis que le terme « Metaverse » n’apparaît lui, que dans les dernières pages du mémo. Un pivot d’entreprise nécessaire après les pertes engendrées par le Métavers de Méta à hauteur de 13 milliards de dollar sur l’année 2022.

Parallèlement, Tencent, plus grand éditeur mondial de jeu vidéo, vient de mettre un terme à sa division chargée de développer du hardware et du logiciel dans le secteur de la VR, jugeant que les contenus développés n’affichaient pas les qualités nécessaires pour convaincre un plus large public de l’utilité de la VR. L’argument principal derrière cet abandon de projet est que la qualité de développement des contenus ne serait pas optimale avant au moins 4 ans selon leurs estimations. 

Dans le même temps, Walt Disney met fin à l’activité de l’équipe chargée de développer l’activité de la marque dans les métavers dans leur plan d’économie pour l’année 2023 impliquant la suppression de plusieurs centaines de postes. 

En résumé 

 Si les projets de métavers faisaient rêver il y a quelques années, à l’âge d’or des réseaux sociaux, aujourd’hui, grâce ou à cause de l’avènement des Intelligences Artificielles, les acteurs technologiques du monde entier semblent se désintéresser du concept à court terme à cause des réalités économiques et fonctionnelles

Les métavers qui ne sont pas avant tout des jeux vidéos, ont une population extrêmement réduite et en véritable chute libre (200 000 connexions sur Horizon de Méta en Février 2023), n’ont pas réussi à trouver leur place dans le cœur des utilisateurs particuliers, et sont aujourd’hui, des gouffres financiers.

Ce sont ces éléments même sur lesquels s’appuient les personnalités se réjouissant du désintérêt soudain des grandes firmes pour les métavers : « une idylle technologique » ; « une perte de temps et d’argent face à des utilisateurs pas intéressés » ; « plus qu’une coquille vide ». 

Un futur pour les métavers ? 

Si les métavers semblent s’essoufler en tant que moyen de communication et d’interaction principal de notre futur proche, ces derniers présentent encore des opportunités qui risquent de façonner notre approche de nombreux problèmes dans les années à venir.

Prenons l’exemple de la société Thalès, pionnière dans la modélisation 3D à usage médicale, aujourd’hui capable de reproduire des coeurs humains pour permettre au personnel médical de mieux se préparer à une intervention. Thalès en a profité pour lancer un outil de simulation d’opération chirurgicale pour former de futurs médecins.

En dehors de la santé, il y a fort à parier que l’industrie du gaming n’est pas prête de lâcher les métavers de si tôt.
Des artistes comme Travis Scott ou encore Aya Nakamura (cocorico) ont eu l’opportunité de réaliser des concerts via le jeu Fortnite. Mais plus largement, les thématiques Web3 n’en sont qu’au début de leur arrivée dans le monde du gaming, qui enregistre une croissance record.
A titre d’exemple, la Gamefi (croisement du jeu-vidéo et de la finance décentralisée) et ses projets de play-to-earn et métavers ont levé 7,6 milliards de dollars en 2022, soit 59% de plus qu’en 2021.

Enfin, le domaine de l’éducation aussi peut grandement bénéficier des métavers, et ce de nombreuses manières, mais la numérisation des processus d’enseignement est un sujet que nous traiterons dans une future série d’article. Pour aujourd’hui, contentons-nous d’observer cette toute première rentrée des classes entièrement dans un métavers au Japon.

 

Les métavers sont-ils vraiment en chute libre ?

par | Avr 16, 2023 | Actualité, E-transformation du monde | 0 commentaires