Les appli-scan alliées ou ennemies ?

Mieux consommer

Traçabilité des produits

Marques transparentes… 

Nous voulons tout savoir sur les produits que nous consommons. Comment s’y retrouver avec les différentes appellations sur les listes des ingrédients?

Qu’en est-il de nos produits cosmétiques? Les applications-scan alliés ou ennemies???

Je vous explique comment cela fonctionne ci-dessous.

Il faut savoir qu’en Europe il y a des normes très strictes en ce qui concerne l’utilisation de tels ou tels ingrédients dans une formule cosmétique. La FEBEA, Fédération des Entreprises de la Beauté, est le syndicat professionnel des entreprises fabricantes opérant en France (https://www.febea.fr/)

Tous les produits cosmétiques vendus en Europe doivent afficher la liste INCI qui indiquent les différents composants de la formule.

La liste INCI, International Nomenclature of Cosmetic Ingredients, est une nomenclature obligatoire depuis 1999 en Europe. Cette liste a été conçue en 1973 par la Cosmetic, Toiletry and Fragance Association (CTFA), une association américaine qui regroupe des fabricants de cosmétiques. Cette norme est valable aux USA, en Europe et au Japon.

Les ingrédients sont indiqués dans la liste de façon décroissante de leur quantité et sous leur dénomination INCI. 

Cette dénomination est écrite en deux langues :

  • en latin pour les extraits de plantes 
  • en anglais pour les noms de molécules et les noms usuels.

Les ingrédients parfumés sont regroupés sous l’appellation de « fragance » sans plus de détails. Les colorants, quant à eux, sont désignés par le Colour Index ou CI avec 5 nombre.

Malgré l’explication du fonctionnement de la liste INCI, il y a quelques inconvénients persistants. Le premier est que nous ne sommes pas tous des scientifiques donc la plupart des composants nous sont inconnus. De plus, la quantité des ingrédients n’est pas obligatoire sur cette nomenclature. Les fabricants ne sont pas obligés de donner les quantités utilisés de chaque ingrédients : protection de leur formulation mais aussi par le fait que certaines formulations sont trop complexes. 

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Cette huile de la marque Préphar va illustrer mon explication.

Regardez la liste INCI de vos cosmétiques, la police de caractère qui est utilisée et le plus souvent en majuscule et très condensée. Pourquoi ?

Le verso d’une étiquette de produits cosmétiques est divisé en quatre parties généralement. La première vous explique à quoi sert le produit. La seconde comment vous devez l’utiliser. La troisième est consacrée à la liste INCI. La dernière regroupe toutes les appellations autour du produits : les coordonnées du fabricants, le numéro de lot, la date de péremption, les labels auxquels la marque est rattachée…

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Passons au cas pratique. J’ai choisi 4 appli scan : Yuka, INCI BEAUTY, Clean Beauty et Claire de la FEBEA.

>>Yuka est la première appli de ce genre, née en 2016 avec pour but d’identifier les meilleures produits agro-alimentaires pour la santé. Il suffit de télécharger l’appli et de scanner le code-barres. Selon la note reçue par le produit, Yuka vous proposera un autre produits mieux notés !!!

Cette application a un énorme impactsur le choix des consommateurs. Elle fait « trembler »les marques agro-alimentaire et leur distributeurs mais aussi le monde de la cosmétique. Mais elle relâche sa vigilance sur les produits hors UE!!!

De plus, dans l’équipe Yuka, il n’y a pas de spécialistes en charge des produits cosmétiques ce qui est plus que dommageable.

Yuka ne prend pas en compte la quantité des ingrédients utilisée dans les formules. Elle note en se basant sur les composants qui peuvent être considérés comme dangereux à une forte dose mais sans indiquer le seuil limite. Ce qui est problématique dans cette notation arbitraire, osons le terme, c’est que Yuka fait peur aux consommateurs et remet en cause les réglementations européennes qui nous protègent.

>Huile Préphar à l’Amla (pour info c’est une huile pour le corps et les cheveux) reçoit la note de 37/100 donc médiocre. Cette note s’explique par la présence du Butylphenyl methylpropional qui est une substance parfumante.

Les notes sur Yuka sont sur 100 et suivent un code couleur du vert pour les meilleures notes ou rouges pour les plus mauvaises.

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>>INCI BEAUTY a été lancée fin 2017. Cette application fonctionne que pour les produits cosmétiques. Le principe est le même que Yuka. Vous scannez le code-barres du produit et vous aurez sa note. S’il n’est pas dans leur base de donnée, il faudra renseigner toutes les informations présentes sur l’étiquettes et ensuite la liste INCI sera vérifiée (idem avec Yuka qui se base sur les photos des étiquettes recto et verso pour analyser le produit).

L’objectif est de « démasquer » les industriels du secteur de la beauté qui voudrait surfer sur la tendance du naturel pour faire grimper leurs chiffres d’affaires en vendant des produits dits naturels sans l’être. Sur le fond, INCI Beauty a raison mais elle joue sur la réticence de plus en plus accrue des consommateurs envers les marques de cosmétiques historiques.

Les notes sont sur 20 et suivent un code couleur comme indiquer sur cette capture d’écran émanant de leur site internet.

> Nous obtenons la note de 10,4/20 (jaune), ce qui est si l’on se réfère à l’explication du code au-dessus est plus qu’acceptable. Le produit controversé est le même que pour Yuka, le Butylphenyl Methylpropional. L’application rajoute que ce produit est réglementé comme on peut le voir sur la capture d’écran.

 >>Clean Beauty a été crée par Candice Colin, fondatrice de la marque Officinea qui propose des produits cosmétiques bio, naturels et sans perturbateurs endocriniens.

L’application a été lancée en 2017, développée par une équipe de scientifiques, d’ingénieurs chimistes, de docteurs en pharmacies… 

Il suffit de scanner la liste INCI du produit que l’on veut tester. Elle identifie les ingrédients qui sont controversés au sein de la communauté scientifique sur la base de la bibliographie scientifique internationale indépendante.

Cela concerne : – Les ingrédients suspectés d’être des perturbateurs endocriniens (ce sont  des molécules qui causent des anomalies physiologiques et reproductives).

-Les agents irritants ou comédogènes (ces ingrédients forment un film sur la peau qui l’empêche de respirer et d’évacuer l’excès de sébum).

Tous les ingrédients identifiés comme tels dans cette application sont décryptés de façons pédagogiques et sont accompagnés d’une bibliographie scientifique détaillée. Clean Beauty propose un glossaire de près de 800 ingrédients détaillés. 

La vidéo montre comment Clean Beauty présente le résultat du scan de la liste INCI. Tous les ingrédients sont référencés selon s’ils sont des ingrédients controversés détectés et/ou des allergènes… 

C’est une source documentaire est facile d’accès et complète. 

>> Claire de la FEBEA a été lancé en fin d’année 2020 pour contrebalancer les effets des autres applications telle que Yuka. La FEBEA ne veut pas créer de controverses envers les autres applis du  genre. Son but est d’informer le consommateur sur les ingrédients et ce qui les rend potentiellement dangereux pour nous. De plus, de part son statut au sein de la filière cosmétique, cette application fait loi dans son domaine. La FEBEA a mis en ligne une liste de 25 000 ingrédients de la cosmétique avec des fiches de données élaborées et validées par les toxicologues des principaux adhérents à partir d’évaluation des organismes officiels internationaux.

Cette présentation de l’appli a été diffusée par la FEBEA sur son compte Twitter.

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Après le scan de produits de la liste INCI, vous obtenez la liste des ingrédients par ordre alphabétique. En cliquant sur leur nom, ici le Butylphenyl Methylpropional, on découvre qu’il est un agent parfumant pouvant générer des allergènes, qu’il est d’origine synthétique. Le point d’interrogation sur l’onglet Fonction indique que certains ingrédients cosmétique peuvent avoir plusieurs fonctions. En ce qui concerne celui de l’onglet Origine, nous découvrons qu’un ingrédient peut avoir plusieurs origines, répertoriées dans leur base de données : animales, minérales, végétales, biotechnologiques et synthétiques.

Pour conclure, les applications scan prennent énormément d’importance dans la vie des consommateurs et sur leur façon de consommer. Elles s’entrainent certaines dérives par manque de libre d’arbitre de certains. Elles sont censées nous éclairer sur les composants et non créer des angoisses dû à la présence de tels ou tels produits dits controversés à de faibles doses comme le réglemente la Commission européenne.

La cosmétique est ancrée dans le digital et dans l’humain à travers des valeurs environnementales et sociétales. Le digital est devenu l’outil primordial à la communication des marques cosmétiques surtout depuis le début de la crise sanitaire dû au Covid-19. Cette pandémie a obligé les marques à innover voire à disrupter leur façon de faire en matières de communication mais aussi au niveau du parcours clients.