La mobilité à l’ère du digital

Dans le cadre de la rédaction de ma thèse professionnelle ayant pour sujet : « La mobilité à l’ère du digital », j’ai pu interviewer Philippe SAJHAU, Directeur de la ville intelligente, de l’innovation et de la donnée à la Ville de Noisy-le-Grand. Découvrez le résumé de cet entretien avec cet ancien cadre chez IBM qui a passé 40 ans à promouvoir la mobilité efficace.

Livre de Donald Miller "Building a Story Brand"

Philippe Sajhau est le Directeur de la ville intelligente, de l’innovation et de la donnée à la Ville de Noisy-le-Grand. Après une carrière de 40 ans chez IBM, il a décidé de mettre en pratique ses connaissances en matière de villes intelligentes et de numérisation. Il a notamment travaillé sur le programme « Smarter City » d’IBM et a signé des partenariats mondiaux avec ENGIE, TRANSDEV et VEOLIA pour leur transformation numérique.

Je commencerai par un constat : Dans votre sujet « mobilité et numérique », quel que soit le rôle du numérique, il faut qu’il y ait un outil de mobilité. Ça parait tout bête, mais il y a des sujets ou le numérique se suffit à lui-même, là ce n’est pas vrai. On peut avoir les plus magnifiques applications du monde, s’il n’y a pas de route, vous ne vous déplacerez pas.

Il souligne l’importance du numérique dans la mobilité, en particulier en termes de choix multimodal pour les transports des français. Il mentionne le projet « porte à porte » de la SNCF, qui vise à faciliter le déplacement des personnes de leur domicile à leur destination, en intégrant différents modes de transport. Cependant, il note que l’agrégation de cette multimodalité reste un défi.

On peut donc utiliser tous les outils numériques que l’on veut, il faut bien à la fin choisir son mode de mobilité. Pour moi c’est la première vraie réflexion de l’apport du numérique sur la mobilité, c’est la multimodalité. C’est comment le numérique va me permettre d’avoir un choix multimodal pour aller d’un point A à un point B. Lorsque la SNCF a découvert ça, ils ont appelé ça le projet « porte à porte », avant de changer de nom car ce n’était pas très vendeur, mais finalement c’est ça le sujet.

Nous avons ensuite abordé le sujet du paiement dans la mobilité, qui peut être un frein à la multimodalité. Il cite l’exemple de la ville de Mulhouse, qui a mis en place un système de facturation géré par la ville, permettant une fluidité de choix et facilitant la multimodalité.

En 2020, la ville de Mulhouse a gagné un trophée aux interconnectés pour une application très intéressante, encore une fois développée chez TRANSDEV qui est très en pointe sur ces sujets de multimodalité, ils ont créé un système de facturation géré par la ville. Comme vous avez une carte de culture, vous avez une carte de mobilité. Ils vous donnent un certain nombre de crédits de vélo, de tram, de bus, de temps de parking… les uns pouvant remplacer les autres, pour un forfait qui est défini en début de mois en fonction de votre statut : Travailleur, sans emploi, étudiant… C’est la ville qui fait finalement la balance et qui vous facture directement en fin de mois votre forfait mobilité. Cela permet une fluidité de choix car cela fait tomber la barrière de la facturation qui est la dernière barrière vous permettant de choisir facilement une multimodalité.

Philippe Sajhau mentionne également l’importance du numérique dans la gestion des parkings en ville, qui peuvent être une source de revenus pour les villes. 

En revanche, pour en revenir à la Smart City, il y a un sujet qui est à la main des villes et qui est extrêmement important sur la mobilité c’est le parking. Et ce parking, depuis une loi il y a 3 ans à peu près j’ai pu la date exacte mais où maintenant ce ne sont plus des PV que vous payez lorsque vous vous garez mal mais c’est un dépassement à une utilisation illicite du pavé public et c’est donc la collectivité qui le récupère. Le parking est devenu une manne financière pour les villes puisqu’avant cette loi en moyenne de surface (pas en ouvrage) seulement 15% des paiements étaient recouvrés.

Enfin, nous avons abordé la question de l’impact environnemental du numérique. Il note que le numérique représente actuellement 4% de l’impact CO2, mais que ce chiffre pourrait doubler dans les prochaines années si rien n’est fait. Il souligne l’importance de la sobriété numérique et de la mise en place de mesures pour réduire l’impact environnemental du numérique. Il mentionne également l’importance de la taxe carbone pour mesurer la réalité de l’impact environnemental des produits et services.