Adoption de la loi sur les influenceurs : qu’est-ce que cela implique ?

​La proposition de loi sur les influenceurs « visant à lutter contre les arnaques et les dérives des influenceurs sur les réseaux sociaux » est au centre de nombreux débats. L’Assemblée Nationale a reçu une présentation de cette dernière le 28 mars 2023 dernier. Cette loi fait suite à l’initiative d’Arthur Delaporte, député socialiste du Calvados, et Stéphane Vojetta, député Renaissance des Français de l’étranger. Le but est de pouvoir offrir une règlementation au secteur et ainsi sécuriser les consommateurs de pratiques abusives.

loi influenceurs

Un contexte particulier : entre fatigue des consommateurs et généralisation des types d’influenceurs

Ces derniers temps, le marketing d’influence est au coeur de tous les débats. Fatigués de la publicité mensongère et abusive, les consommateurs se sentent moins en confiance face à ce secteur. Celui-ci est pourtant source de bon nombre d’avantages pour les entreprises qui adoptent une stratégie d’influence cohérente.
Depuis plusieurs mois, ce marché attend des règlementations pour contrer notamment les influenceurs provenant de la télé-réalité. Pour une grande partie d’entre eux, ils se font appeler les « influenceurs de Dubaï ». Ces derniers sont souvent mêlés à des pratiques comme la promotion de chirurgie esthétique, l’incitation à l’achat de produit avec de fausses démonstrations, etc.
La liste accusant le secteur de l’influence de déviances est longue. Pourtant, si une généralité s’est créée, il a fallu pallier ce sujet via la création de collectif ou via une loi ayant pour but un réel encadrement du secteur.

De plus, de nombreux influenceurs historiques refusent catégoriquement d’être associés à ces pratiques. Ils demandent également une distinction plus importante entre les termes « influenceur » et « créateur de contenu » comme le démontre une récente étude de Reech.

La loi sur les influenceurs : quels en sont les objectifs et les limites ?

Cette loi a plusieurs objectifs, sur le papier plutôt alléchant : 

  1. Définir les contours du métier d’influenceur et limiter les pratiques douteuses parfois associées.
  2. Encadrer le contenu proposé par les influenceurs avec notamment l’interdiction de promouvoir la chirurgie esthétique.
  3. Créer une coopération plus importante entre les influenceurs et les plateformes de réseaux sociaux.

Comment les influenceurs perçoivent-ils cette règlementation ?

Si les créateurs de contenus sont globalement pour un encadrement du secteur, cette proposition de loi ne fait pas l’unanimité. 

En effet, l’initiative a beaucoup plu au départ mais depuis, plusieurs influenceurs ont retiré leur soutien au projet, comme Squeezie ou Seb La Frite. Le projet leur a finalement paru comme trop « généralisant ». En effet, plusieurs influenceurs déplorent le fait que la proposition de loi ne distingue pas assez les créateurs de contenus et les influenceurs. Ils soulèvent également une tribune décevante et pas aux attendus présentés. Pour autant, La Tribune présentée à l’Assemblée Nationale, rassemblait initialement plus de 150 signataires.

Squeezie, qui s’est exprimé sur le sujet de son retrait de la tribune, dénonce aussi la présence de « signataires parmi lesquels on retrouve des influenceurs à l’origine même du problème ». 

Effectivement, certains influenceurs ont été mis sur la liste des signataires par appartenance aux agences signataires. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nombre d’entre eux dénoncent le fait de n’avoir rien signer et de figurer pour autant sur cette liste.

 

« Les gros créateurs de contenus s’autorégulent depuis longtemps »

Myriam Roche

Huffington Post

Une prise de position délicate est également d’actualité pour les agences d’influence. Il est vrai que certaines d’entre elles semblent davantage embarrassées par la loi que les créateurs de contenus eux-mêmes. A rappeler tout de même que seulement 3% des créateurs de contenus font partie d’une agence aujourd’hui.

La loi officiellement adoptée par l’Assemblée Nationale : ce qu’elle contient réellement

  • Une définition juridique de l’ « influenceur commercial ».
  • Une définition de l’ « agent d’influenceurs ».
  • L’adaptation de la loi pour la confiance dans l’économie numérique du 21 juin 2004. Cela afin de prendre en compte les nouvelles obligations des plateformes en ligne concernant le retrait des contenus illicites.
  • L’obligation pour les opérateurs des différentes plateformes « fournir toutes informations utiles pour concourir à la lutte contre la diffusion publique de contenus publicitaires considérés comme mensongers ».
  • L’ajout à « la formation à l’utilisation des outils et des ressources numériques une sensibilisation contre la manipulation et les risques d’escroquerie en ligne ».

 

Conclusion

Cette loi est la suite de nombreux débats autour de ce secteur notamment suite à la création de l’UMICC. Le projet a fait état de plusieurs mois de travail et de débat avec les différents acteurs du secteur. Les prochains mois vont être cruciaux afin de pouvoir analyser les impacts de cette loi sur le secteur. Les attentes sont, en tout cas, bien présentes tant du côté des créateurs de contenus que des consommateurs.

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