Expériences immersives : quand l’Immersion redéfinit l’Expérience Culturelle

“Au-delà des murs : la transformation digitale des musées et l’émergence d’une nouvelle expérience client”, ma thèse traite de la digitalisation des musées et de l’arrivée des expériences immersives. Ce sujet a toujours eu une importance toute particulière pour moi. Le domaine de la culture me passionne depuis des années, comme en témoigne un premier mémoire effectué à Montréal sur l’art digital et les expériences immersives au service des causes sociales.

L’accroissement de l’intérêt porté aux expériences culturelles immersives est exponentiel depuis l’ouverture de l’Atelier des Lumières en 2018 et lors de la rédaction de ma thèse cet aspect a été très important. En effet, au fil de mes entretiens, j’ai eu l’occasion d’observer différents points de vue divergents parmi les professionnels du milieu. Alors une question demeure : le digital immersif dans le cadre du musée relève-t-il du divertissement ou du réel atout pour le secteur muséal ?

Contexte de la Digitalisation des Musées

Depuis les années 2000 le digital et les outils numériques ont pris une place importante dans les musées avec évidemment l’évolution des audioguides notable, l’arrivée de la projection, du mapping, des podcasts, de la réalité augmentée, de la réalité virtuelle et par la force des choses, l’explosion des visites virtuelles suite à la pandémie de 2020.

Le numérique a pris une place importante dans l’avant, l’après et le pendant de la visite et cela ne date pas d’hier. Alors l’émergence de ces expériences immersives est-elle une réponse à un besoin de renouvellement de la part du public ? Possiblement, lorsque l’on observe l’engouement des visiteurs face à l’arrivée de ces expériences, on ne peut que penser qu’il existe une attente grandissante, en partie causée par la révolution digitale que l’on vit.

Il existe une différence notable dans les multiples façons de penser les expériences immersives au musée : certains musées en ont fait leur fonds de commerce et sont une expérience digitale du début à la fin. D’autres utilisent ce type d’expérience avec plus de parcimonie et les immersions ne sont qu’une partie de l’exposition. Mais alors comment concilier tradition et modernité sans dénaturer l’expérience muséale ?

Les Expériences Immersives : diversité des Approches

L’omniprésence des dispositifs immersifs est sans précédent et permet à ce jour une grande interactivité ainsi que l’intérêt grandissant de nouveaux publics. Aller au musée devient une réelle expérience sensorielle, musicale et esthétique permettant ainsi au visiteur de plonger au cœur de l’œuvre d’une façon bien plus personnelle. Cette approche de la visite didactique et accessible ne doit tout de même pas chercher à remplacer l’art traditionnel, mais plutôt à le compléter.

Alors que certains voient dans l’immersion une opportunité d’améliorer l’accès aux œuvres et l’intérêt du public, d’autres sont plus sur la réserve. Il existe la peur de voir les œuvres dénaturées et l’expérience physique remplacée par une expérience plus virtuelle. Il est impensable à l’heure actuelle d’exclure le numérique du secteur muséal, mais il est important de trouver un juste-milieu.

L’arrivée des expériences immersives soulève des questions sur les enjeux sociaux, écologiques, éthiques, socio-professionnels et interculturels associés à l’utilisation des outils numériques dans le musée. Et malgré le potentiel de l’immersion pour rendre les expositions plus inclusives et ludiques, rien ne remplace réellement une expérience physique.

Il existe aujourd’hui de nombreux exemples d’expériences immersives réussies. Parlons de l’installation immersive conçue par l’agence MELT en Pologne nommée “Outpost” (https://www.bymelt.com/portfolio/54-pro8l3m___outpost). Les critiques s’accordent pour la qualifier de “trip immersif” ou un “disneyland dystopique”. Les visiteurs sont plongés au cœur d’un univers décalé grâce à des dispositifs variés holographiques, de réalité virtuelle, de réalité augmentée, sonores, d’installations lumineuses ou encore de box immersives. Cette expérience illustre à la perfection le potentiel créatif et engageant de ces installations.

Pour finir

L’immersion est devenue un outil incontournable de la médiation culturelle rendant le musée plus accessible et surtout plus didactique et engageant. Le public est au centre de l’œuvre et chacun est invité à vivre un moment bien plus personnel. Captivants, ces dispositifs permettent aux musées d’attirer de nouveaux types de visiteurs. Les avantages de l’immersion sont indéniables, mais il est crucial d’équilibrer ces innovations avec l’authenticité culturelle : l’immersion sert la culture, mais ne doit pas remplacer celle-ci.

En conclusion, à mesure que les musées entrent de plus en plus dans l’ère numérique, une réflexion approfondie est nécessaire pour s’assurer qu’ils restent pertinents et fidèles à leur mission d’éducation et de préservation culturelle. L’échange entre les professionnels de la culture et les acteurs du digital est indispensable aujourd’hui pour un changement significatif de l’expérience muséale.