Réduire le fardeau économique des maladies cardiovasculaires en Europe : rôle clé de la prévention, la digitalisation et la médecine prédictive

Réduire le fardeau économique des maladies cardiovasculaires en Europe : rôle clé de la prévention, la digitalisation et la médecine prédictive

Représentation de notre planète avec plusieurs symboles de cœur symbolisant le fardeau des maladies cardiovasculaires.

Les maladies cardiovasculaires (mcv) représentent un défi majeur pour la santé publique et l’économie en Europe, étant la première cause de décès.

Une étude publiée  dans le numéro de décembre de l’European Heart Journal montre qu’en 2021, elles ont été responsables de 1,7 million de décès dans l’UE, avec un coût économique estimé à 282 milliards d’euros.

Ces chiffres reflètent non seulement les coûts directs de soins de santé, mais aussi les pertes de productivité et les coûts des soins informels.

Cependant, il est crucial de noter que 80% de ces maladies sont évitables par une meilleure hygiène de vie, selon la Fédération Française de Cardiologie .

Cet article examine l’impact économique des mcv en Europe, soulignant l’importance cruciale de la prévention des mcv et explorant le rôle potentiel du digital pour un accompagnement personnalisé et une médecine prédictive.

Évolution des coûts des mcv dans l’UE

Depuis le début du XXIe siècle, les coûts associés aux MCV ont connu une augmentation significative. En 2003, le fardeau économique pour 25 pays de l’UE était estimé à 169 milliards d’euros, passant à 282 milliards en 2021 pour 28 pays.

Cette hausse reflète non seulement l’élargissement de l’UE, une mise à disposition plus importante des données, mais aussi une prise de conscience accrue des coûts indirects des mcv, tels que les pertes de productivité comprenant la perte de productivité due à l’absentéisme, à l’invalidité et à la mortalité prématurée, ainsi que les coûts des soins informels fournis par les familles et les aidants.

Sans surprise, ce poids économique pèse majoritairement sur les systèmes de santé et de sécurité sociale (à hauteur 55 %, soit 155 milliards d’euros, 347 euros par habitant).60 % du fardeau lié aux soins était porté par l’hôpital – et seuls 2 % par les services d’urgences. Mais une proportion non négligeable de ce poids économique (45 %) n’était pas liée aux soins de santé. Par exemple, les coûts des soins informels, administrés gratuitement par des aidants, atteignaient 79 milliards d’euros, soit 7,5 milliards d’heures de soins non rémunérés, et la perte de productivité liée à la morbidité ou la mortalité prématurée 48 milliards d’euros.

Graphique du cout des MCV en Europe

L’importance de la prévention

La prévention est la clé pour réduire l’incidence et le coût des mcv. Les programmes de prévention doivent cibler à la fois les individus et les populations, en promouvant des politiques de santé publique efficaces et en encourageant des choix de vie sains.

Ainsi, Des études montrent que des changements dans le mode de vie, tels que l’amélioration de l’alimentation, l’augmentation de l’activité physique, l’amélioration du sommeil, la gestion du stress et la réduction du tabagisme, peuvent diminuer significativement le risque de mcv.

En Finlande, par exemple, une campagne nationale de réduction du sel a entraîné une baisse significative de la pression artérielle moyenne et des taux de maladies cardiaques.

Ces initiatives de prévention, en plus d’améliorer la santé publique, peuvent générer des économies substantielles pour les systèmes de santé.

Le rôle de la digitalisation dans la prévention et le suivi des mcv

Par ailleurs, La médecine numérique et prédictive joue un rôle crucial dans la modernisation de la prévention et du traitement des MCV.

En effet, l’ère numérique offre des opportunités sans précédent pour la prévention et la gestion des mcv. Les technologies digitales, telles que les applications de santé mobiles, les dispositifs portables de suivi de l’activité, et les plateformes de télémédecine, permettent un suivi personnalisé et continu des facteurs de risque des mcv.

Ces outils peuvent aider à la détection précoce des problèmes cardiovasculaires et à la modification des comportements à risque. De plus, l’intelligence artificielle et l’analyse de grandes quantités de données de santé ouvrent la voie à une médecine prédictive, où les modèles de risque personnalisés peuvent identifier les individus à haut risque avant l’apparition des symptômes. Cela permet une intervention précoce, potentiellement réduisant l’incidence et la gravité des mcv.

Ces initiatives de prévention améliorent non seulement la santé cardiaque globale, mais réduisent également les dépenses de santé.

Études de cas et exemples de réussite de programme de prévention des mcv

Des études de cas à travers l’Europe illustrent l’efficacité des programmes de prévention des mcv et de l’utilisation des technologies digitales.

Par exemple, le programme finlandais « North Karelia Project » a réussi à réduire significativement les taux de mcv grâce à des interventions communautaires ciblées sur le mode de vie.

Dans le domaine digital, des applications comme « MyHeart Counts » et « Je me teste » offrent des outils personnalisés pour évaluer et gérer le risque cardiovasculaire.

Ces exemples démontrent comment des approches innovantes et ciblées peuvent avoir un impact significatif sur la santé publique.

Défis de prévention et de digitalisation : perspectives pour l’avenir

Malgré les progrès réalisés, il reste des défis importants à relever pour réduire efficacement le fardeau des mcv en Europe.

L’un des principaux obstacles est l’inégalité d’accès aux programmes de prévention et aux technologies de santé numériques. Il est crucial de garantir que ces ressources soient accessibles à tous les segments de la population, indépendamment du statut socio-économique ou géographique.

De plus, il est essentiel de continuer à investir dans la recherche et le développement de solutions innovantes pour la prévention et le traitement des mcv. L’avenir de la lutte contre les mcv en Europe dépendra de la capacité à intégrer efficacement les avancées technologiques dans les systèmes de santé publique et à promouvoir des politiques de prévention inclusives et accessibles.

En conclusion

Les mcv représentent un fardeau économique et de santé publique considérable en Europe. L’analyse détaillée de Ramon Luengo-Fernandez, Marjan Walli-Attaei, et al., des coûts associés aux mcv souligne l’urgence d’une action politique coordonnée et d’une allocation efficace des ressources pour la prévention et le traitement de ces maladies car il est certain qu’une grande partie de ce fardeau pourrait être évitée grâce à des stratégies de prévention efficaces et à l’utilisation de technologies numériques.

C’est pourquoi, les programmes de prévention des mcv doivent être une priorité pour les décideurs politiques, non seulement pour améliorer la santé publique, mais aussi pour réduire les coûts de santé et permettre à nos systèmes de santé de supporter la charge du vieillissement des populations (en comptant sur le fait que les actions de prévention auront permis de contrecarrer les surcoûts liés à l’adoption grandissante de mauvaises habitudes de vie).

Par ailleurs, la mise en place d’études similaires sur d’autres types de pathologies tel que les autres maladies chroniques comme le diabète, l’hypertension, mais aussi le cancer permettrait d’avoir une vision claire au moment d’engager les budgets, que ce soit au niveau européen mais aussi pour chacun des pays de l’UE, pour mieux cibler les politiques de prévention (d’autant plus quand on sait que l’amélioration du mode vie est le dénominateur commun de la prévention des maladies chroniques), de choisir le système de prise en charge des prestations et le soutien aux programmes de recherche.

Parallèlement, l’adoption de la médecine prédictive, pour détecter les personnes à haut risque et déployer un suivi adapté, et des outils numériques peut offrir un suivi personnalisé et améliorer la gestion des risques de mcv.

De plus, la digitalisation grandissante et l’intérêt pour la gamification sont également des pistes pour ancrer dans le quotidien un changement profond et durable des habitudes de vie.

En investissant dans ces domaines, l’Europe peut non seulement sauver des vies, améliorer la qualité de vie de ses concitoyens, mais aussi réaliser des économies significatives, contribuant ainsi à la durabilité et la viabilité de ses systèmes de santé.

Portrait d'Aline Prudent

Aline Prudent

Déléguée générale de la Fédération Française de Cardiologie

Étudiante du MBA Digital Marketing and Business – Health

Totalement convaincue que le digital nous permettra de promouvoir et d’ancrer la prévention dans le quotidien de tous et si en plus, on arrive à y mettre une touche de fun, ce sera tout bon !

N’hésitez pas à me suivre sur LinkedIn !

Si vous souhaitez lire plus d’articles traitant de la prévention et la digitalisation en santé, je vous conseille l’article de Louise Julien Laférrière à propos du digital au service de l’éducation thérapeutique et l’infographie de Susana Denouel concernant l’E-santé.