Interview avec Laetitia Joubert (Hachette Livre)

Dans le cadre de ma thèse sur les nouveaux outils et nouvelles pratiques de promotion du livre, j’ai eu le plaisir d’interviewer Laetitia Joubert, Directrice adjointe Contenus & Trade Marketing Digital chez Hachette Livre.

DH : Laetitia, peux-tu nous présenter en quelques mots le groupe Hachette ?

LJ : Hachette c’est plus de 7000 personnes dans le monde, plus de 150 marques dans le monde. L’histoire date de 1826, le tout début avec Louis Hachette qui avait un peu tous les métiers, éditeur, libraire… Et aujourd’hui c’est un groupe international puisque 1er en France mais aussi 3ème mondial avec différents bassins linguistiques, français, anglophone et hispanique, avec une forte présence en Angleterre, aux États-Unis, en Espagne mais aussi dans d’autres pays.

DH : Tu es Directrice adjointe Contenus & Trade Marketing Digital chez Hachette Livre. Peux-tu nous en dire plus sur ton rôle et celui de ton service ?

LJ : En effet, le groupe a un service, Hachette Digital, d’une quinzaine de personnes en France. Et puis on a des homologues dans chaque pays.

C’est un pôle d’expertise digitale, centrée sur le livre, qui met à disposition des services,des outils, des ressources et des compétences.

C’est l’un de mes rôles, de regarder ce que l’on peut proposer : on fait beaucoup de pilotes, on fait beaucoup de veille sur les tendances, sur les outils qui peuvent être mis à disposition, qui peuvent améliorer le quotidien des éditeurs, c’est notre rôle d’être à l’écoute de leurs besoins et à l’écoute du marché.

Nous sommes en contact avec les plateformes, les acteurs, les nouveaux acteurs émergents.

Le rôle du service Hachette Digital est donc d’accompagner les éditeurs dans la mise en place de leur stratégie digitale, de profiter du digital pour créer un lien direct entre les éditeurs, les auteurs et les lecteurs – et mieux les connaître !

DH :  Comment a commencé ton histoire dans le digital ?

LJ : J’ai toujours été dans ce qui est transformation digitale et tout ce qui est acculturation à de nouveaux outils de communication. Donc, toujours dans la communication digitale et ses outils et effectivement, ça a beaucoup changé alors qu’on est dans un secteur, en tout cas un médium, le livre, qui existe depuis quelques siècles.

C’est vrai que ce qui paraissait à un moment donné comme une menace, le digital, versus le livre, avec de nouveaux usages, de nouvelles activités, aujourd’hui c’est une force, une opportunité.

Aujourd’hui la force, je dirais, des éditeurs, c’est l’adaptation. C’est à la fois de se dire que finalement, peu importe effectivement le vent contraire qui peut être violent, les éditeurs ont une capacité d’adaptation très forte. Pour aller non contre mais avec le vent, pour voir ce qui se passe, que ce soit sur les nouvelles générations avec des lectures qui aujourd’hui peuvent être d’abord sur Wattpad ou autres plateformes.

DH : As-tu des exemples à nous présenter ?

LJ : Effectivement, Hachette Romans s’est associé à Wattpad pour publier des talents issus de cette plateforme. la dernière en date c’est Sarah Rivens une jeune autrice de dark romance qui a écrit une saga, « Captive ».

Sarah Rivens sur Wattpad, c’est 7 000 000 de lectures et aujourd’hui son livre a dépassé les centaines de milliers d’exemplaires de vente, puisqu’elle elle a été dans le top des ventes et continue de l’être.

Pareil pour Netflix, on est partenaires. On pourrait penser que Netflix c’est encore un nouveau concurrent dans le temps passé sur les activités culturelles et de divertissement. Mais quand une personne a aimé un livre, il aime regarder son adaptation cinématographique et vice-versa quand il regarde un film, il est intéressé pour en savoir plus ou avoir des éléments ou des objets dans son univers. Donc c’est pas du tout contraire, ça devient une sphère d’intérêt, dans lequel on peut aller regarder le film, écouter le podcast, lire le livre. Donc au contraire, ça a même permis un essor sur certains catalogues par rapport à la cible jeune. J’ai plein d’exemples très positifs.

DH : Depuis quand date la présence de Hachette sur les réseaux sociaux ?

LJ : Hachette a une présence web sur tous les réseaux sociaux, Pinterest, Facebook, Twitter, Instagram, TikTok.

Nous avons été présents dès le début, en tout cas sous la marque Hachette. Et sur TikTok on a été le premier éditeur avec la marque Hachette Romans, ça devait être en février 2020.

Je suis le maillon entre justement TikTok France et nos équipes chez Hachette pour organiser des séances d’explication, des formats, pour voir les opportunités et comment développer la présence de nos marques sur ce réseau.

DH : Comment faites-vous pour identifier les influenceurs avec qui vous souhaitez faire des partenariats ?

LJ : On a des outils pour le marketing d’influence qui nous permettent d’aller identifier dans toute la sphère des créateurs, ceux qui pourraient être potentiellement intéressants en fonction des thématiques et en fonction de leurs taux d’engagement, du profil de leur audience.

On remet en question en permanence ces outils. On challenge, on voit, on regarde si on peut améliorer et trouver toujours le meilleur outil. Notre objectif, c’est de proposer toujours le meilleur outil aux éditeurs.

DH : Parmi tous les moyens de promotion comment se place la promotion digitale sur les réseaux sociaux ?

LJ : Il ne faut pas oublier que le livre, c’est une chaîne, c’est à dire que vous avez d’abord la couverture, qui est le premier objet de communication, le livre en lui-même est un objet de communication.

Comment les gens achètent les livres, qu’est ce qui fait qu’un livre décolle, c’est un ensemble de choses, ça commence par la communication qui est faite autour du livre, ensuite vous allez avoir le travail du commercial qui va aller vendre aux libraires puisque ce sont nos premiers clients, nos premiers prescripteurs.

Ensuite c’est du marketing pur pour toucher les cibles. Par exemple, les jeunes qui aiment la romance, on va déterminer comment ils se tiennent informés, où ils sont présents, quels sont leurs usages. On va définir cette tranche d’âge, on va étudier leur comportement, étudier leurs sources d’information et comment ils s’informent. Et donc effectivement, on sait aujourd’hui, avec toutes les études qui sont faites, qu’ils sont très présents sur les réseaux sociaux.

Selon les profils, ça va être plus Instagram ou plus TikTok ou plus Youtube, c’est en fonction de la typologie potentielle du client.

Donc on va trouver des partenaires qui vont être soit des partenaires médiatiques, soit des partenaires créateurs de contenu.

Sur les réseaux sociaux, ça peut être aussi des campagnes d’affichage, ça peut être des rencontres dans des salons, il ne faut pas oublier la rencontre avec le public.

La particularité, c’est qu’à chaque nouveau livre il faut recommencer, il faut se re poser la question pour chaque livre.

DH : Merci infiniment, Laetitia, pour cette passionnante incursion dans le monde de l’édition. Et vivent les livres !

Interview : Dana Herskovits

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