Durant cette année au MBA DMB, il m’a été donné la chance de rencontrer de nombreuses personnes d’horizons différentes, mais aucune ne m’a surpris et décontenancé autant que cette camarade de promo, Lenka Géraud.
En plus d’avoir des compétences exceptionnelles (Comme le fait de parler Chinois ET Corréen), elle a déjà eu une expérience dans l’entreprenariat. C’est pour cela que j’ai tenu à l’interviewer, pour qu’elle partage avec nous cette aventure dans le monde de la start-up.
Présente toi en quelques mots
Bonjour, je m’appelle Lenka Geraud.
J’ai fait le Bachelor in Business Administration à l’Em Lyon et un double diplôme avec ECNU spécialisé en doing business in Asia. Par la suite, j’ai effectué un Master ACAC (administration et communication des activités culturelles) à l’Université de Toulouse (UT1) et ensuite le MBA DMB, en part-time distanciel et en alternance.
Aujourd’hui je suis Freelance en Marketing Digital et fondatrice de l’entreprise Design by Pillow.
Je crois savoir que tu as créé une start-up auparavant, peux-tu détailler davantage cette aventure?
L’idée est née en 2018 d’un concours PCEI (projet de création d’entreprise innovante) à l’EM Lyon, concours auquel nous sommes arrivés 2e.
Here est une application de contrôle de présence dématérialisée.
On utilisait des beacons qui permettent de détecter une appli présente sur les smartphones des étudiants. C’est une technologie simple, via Bluetooth, et qui découle d’un constat simple : la très grande majorité des étudiants/élèves possèdent un smartphone qui peut accueillir une application.
A côté de ça, la présence en cours à l’EM Lyon se faisait toujours via une feuille que l’on faisait circuler entre les élèves, ce qui posait plusieurs problèmes, autant au niveau du temps que de la « sécurité » de ce contrôle de présence. Il y avait donc une véritable solution à fournir aux écoles, plus particulièrement aux grandes écoles.
Et concrètement, comment s’articule le fonctionnement de ce contrôle de présence, quelle était la plus-value de Here ?
C’est un écosystème composé de 3 éléments principaux : l’application élève, les boitiers qui sont dans les salles de cours et l’application coté administration.
On voulait que le contrôle soit automatique, d’où le fait de choisir les beacons. Nous avons travaillé avec une entreprise Polonaise, et j’ai donc dû mettre mes mains dans le cambouis niveau codage. On ne peut expliquer clairement ce que l’on souhaite si on est incapable nous-même de le comprendre.
Les grandes écoles interrogées ont d’ailleurs toutes répondues favorablement, et étaient même prêtes pour certaines à signer le plus vite possible. Ce qui nous a motivé à concrétiser davantage ce simple concours PCEI.
Suite au concours PCEI, comment le passage à une start-up s’est déroulé ?
A la fin du concours, nous sommes tous partis pour faire des semestres à l’étranger, ce qui nous a forcément desservi pour mettre tout ça en place. En 2020 nous nous sommes à nouveau retrouvé tous en France, et le projet a donc repris à partir de ce moment.
Une 1ere levée de fond a lieu, et on obtient principalement de la love money et des sous provenant du crowdfunding. Tous ces fonds sont directement allés en R&D, on commence à voir sortir de terre une structure réelle, des ébauches d’application et du matériel de beacon pour faire des test.
On a nos 1ers clients à partir de ce moment, et ensuite vient la crise du Covid. Au 1er confinement tout s’est suspendu, puisque les développeurs sont tous à l’arrêt. Au deuxième confinement, le Télétravail est mis en place et on finit par se dire que le contrôle de présence à distance peut aussi se mettre en place. Ce n’était plus à ce moment-là une question pour des écoles mais pour des entreprises, pour le contrôle de présence dans les salles (quota de présence), pour savoir si les employés sont sur site ou à distance…
Ces changements demandent un gros investissement immédiat, puisque la compétition se veut rude. Malheureusement, on n’arrivera jamais à obtenir ce gros investissement.
Par la suite, quelle décision prenez-vous ?
On investit pas mal de fonds propres, et on décide de mettre le projet en sommeil pendant 3 ou 4 mois, qui finiront par devenir 2 ans. On a décidé de mettre fin au projet, tous nos fonds propres y sont passés, nos fonds de roulement étaient épuisés, et la transformation pour suivre la crise du covid était impossible pour nous. Nous n’avions pas prévu cela, notre plan était développé pendant 1 an et il fallait tout recommencer depuis le début, et nous n’avions pas cette énergie, surtout que nous étions tous en étude toujours, et que nous étions tous éclatés aux quatre coins monde.
As-tu un conseil à donner aux autres qui voudraient se lancer dans la startup ?
Déjà, ce n’est pas grave de se tromper. Les success-story sont nombreuses mais la réalité est autre, et il ne faut pas avoir peur de se tromper.
Ensuite, il faut un investissement et un capital de départ, il est donc important de convaincre !
C’est trop bien en vrai. Même si on a pas été au bout, et qu’on a fait le choix de ne pas suivre le changement du covid, on voit son bébé prendre forme, se développer et s’adapter.
Enfin, il faut bien s’entourer, tant au niveau des associés que des « tuteurs », les personnes qui peuvent nous fournir une guidance. Il faut garder en tête que les associés prennent les décisions collectivement, donc le projet peut être mis en pause si les décisions ne peuvent pas être prises. L’expérience d’un « mentor » est également précieuse, il nous avait par exemple conseillé de ne pas faire de répartition égale du capital, pour éviter de se retrouver dans une impasse, et ça nous a sorti de problèmes administratifs et économiques.
Un mot final ?
Bien que ça soit un « échec » au sens le plus strict, ça reste une superbe expérience que j’ai pris plaisir à vivre !
Vous pouvez trouver des articles écrits par Lenka ici, ici et ici