Fusion de Wakanim et Crunchyroll : marqueur de croissance.

Logo crunchyroll et avatar

Dans un article du 4 Mars intitulé « Fusion de Crunchyroll et Wakanim, la naissance d’un géant », Clément Del Aguila nous donnait les clés de la compréhension des enjeux de cette fusion à travers une infographie.

Nous verrons donc aujourd’hui en quoi cet évènement est le marqueur d’un marché toujours grandissant.

Une petite histoire de l’animation nippone

L’animation japonaise, aussi appelée « anime », japanime ou japanimation a vu le jour au milieu des années 1910. D’abord considérée comme un genre de cinéma, ses spécificités se sont accrues avec l’essor du manga, jusqu’à s’en distinguer totalement dans les années 1940 grâce au travail de Imamura Taihei.

Nakamura Gatane : le premier anime.

Dérivé du mot animēshon (アニメーション), le diminutif anime apparaît dans les années 1960-1970 pour désigner un genre désormais tout à fait à part. Ses caractéristiques sont les suivantes : de l’animation, produite en masse grâce à des techniques modernes, le plus souvent en série et basée sur des mangas.

Au Japon, les anime dépassent de loin toute autre production cinématographique. Les records d’entrée sont détenus par le film d’animation Demon Slayer : Mugen Train (2021), tiré de la série de mangas Demon Slayer / Kimetsu no Yaiba.

Le rayonnement international

En France, la diffusion d’anime se développe avec le Club Dorothée dans les années 1980, grâce à des séries comme Les Chevaliers du Zodiaque (Saint Seiya), Ken le Survivant, Sailor Moon, ou encore l’illustrissime Dragon Ball Z.

D’abord décriés entre autres pour la violence du genre « shonen ». (litt. Jeune garçon, séries dont les thèmes récurrents sont « la quête initiatique », le combat ou encore l’aventure. ) Les critiques s’adoucissent avec l’avènement de la popularité du travail d’Hayao Miyazaki.

Désormais, les animes font partie intégrante de la culture pop en France et dans le monde, avec un public toujours plus nombreux et des évènements de grande ampleur dédiés. La Japan Expo à Paris depuis 1999, ou des dizaines d’autres à travers le pays comme le Pop Asia Matsuri.

Seulement, la télévision Française boude toujours l’animation Japonaise. Seules trois chaînes diffusent aujourd’hui des anime. Dans un univers digital où nous nous éloignons de plus en plus de la TV, ce sont les plateformes de streaming en ligne qui se frottent les mains.

Alors que Netflix peine à obtenir les droits de diffusion des plus grandes licences, et pour palier à ce trou dans le marché, des spécialistes voient le jour.

couverture du manga One Piece

Les acteurs du secteur streaming

D’abord Crunchyroll (USA) en 2006. Une plateforme communautaire créée à l’Université de Californie à Berkeley. Elle est basée sur le partage de médias est-asiatiques. Celle-ci s’est développée jusqu’à compter plus de 100 millions d’utilisateurs enregistrés, répartis dans plus de 200 pays.

Les Français, eux, créent Wakanim en 2009. Le marché français de l’animation japonaise de l’époque n’avait encore pas d’offre légale adaptée et souffrait du piratage. La plateforme comptait en 2021 le catalogue le plus large d’offres, et l’exclusivité sur certaines grandes licences.

Anime Digital Network (ADN), issue en 2013 d’un partenariat entre les maisons d’éditions Kana et Kaze. Elle se fraie également une place rapide sur le marché, notamment avec l’exclusivité des droits sur la méga-franchise One Piece.

L’ordre établi se voit chamboulé en mars 2022,  comme l’a écrit Clément Del Aguila. Sony, qui détient désormais Crunchyroll et Wakanim, décide de fusionner les deux plateformes et leurs catalogues. Cela donne naissance à la première plateforme mondiale en termes de catalogue. C’est aussi la première dédiée aux anime en France par utilisateurs.

Cet évènement est parfaitement ancré dans la chronologie, dans la mesure où la création du Pass Culture a vu la consommation de manga papier exploser chez les jeunes. (60% du CA du Pass Culture.)

Les mangas et anime ne sont plus une sous-culture, mais ont trouvé leur place à part entière dans le paysage culturel.

Les autres acteurs de l’animation

Si l’on s’attarde à l’animation en générale et pas uniquement l’art nippon, l’acteur historique qui marque les esprits est bien évidemment le géant Disney. Avec leurs 5,5 millions d’abonnés, les rois de l’animations ne comptent pas abandonner leur part de marché pour le moment.

Pourtant… Netflix et leurs 8 millions d’abonnés en France sont de plus en plus importants dans le secteur de l’animation. (19 millions de consultations mensuelles d’après Médiamétrie.)
En démontre le succès de la série d’animation Arcane, tirée du jeu vidéo League of Legends, qui a remporté 9 Annie Awards et généré plus d’une centaine de million de vues.

Crunchyroll ont-ils donc du souci à se faire ?

Et bien… Non.

Si l’on distingue autant l’animation japonaise du reste du cinéma d’animation, ce n’est pas à tort. En effet, cet art fédère à la fois un public particulier (parfois surnommés « otakus » ou « weebs ») et une audience plus large, avec des licences à succès de plus en plus nombreuses.
Si les amateurs parlaient il y a 3 ans du « Big Three », les trois séries les plus développées avec Bleach, One Piece et Naruto, il y a aujourd’hui de plus en plus de prétendants au titre… Les désormais célèbres One Piece, My Hero Academia, ou Boruto (licence enfant de Naruto) sont rejoints par des titres à grand succès comme Jujutsu Kaisen, Tokyo Revengers, Demon Slayer ou encore Black Clover.

L’emprise des animes sur le public français et mondial se confirme d’année en année… Pour le plus grand bonheur des plus vieux fans qui ont connu une époque où se procurer des produits dérivés en France était mission impossible.

Quelles sont donc les conséquences à espérer de la fusion des deux plateformes de streaming ?

Réunies sous la bannière Crunchyroll dès le 1er Avril, la plateforme devrait voir son nombre d’abonnés augmenter encore pour atteindre les 75 millions d’utilisateurs.
La plateforme proposera de plus le plus grand catalogue d’animes au monde, pour un prix toujours plus attractif de 4,99€ par mois.

Avec l’absorption supplémentaire d’ADN qui est envisagée (Crunchyroll possède déjà 50% des parts de l’entreprise), un super-géant est encore en train de grandir !

Affiche de Demon Slayer

Un Article de Lenka Geraud. Retrouvez-moi sur les réseaux sociaux :


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