Agriculture et digital : et le bien-être animal dans tout ça ?

L’agriculture depuis des millénaires se présente comme le secteur qui fait vivre l’humanité. Le secteur se divise en deux catégories : la production animale avec l’élevage d’animaux pour la consommation ou pour leurs produits et la production végétale à laquelle ont inclut aussi l’alimentation pour les animaux. Avec le phénomène de tertiarisation, le nombre d’agriculteurs baisse chaque année mais la France est aujourd’hui le premier pays agricole de l’Union Européenne. Chaque année, 12 000 emplois restent vacants selon La Mutualité Sociale Agricole. Un manque de main d’oeuvre de plus en plus compensé par le progrès technologique. 

Precision Agriculture and Agritech concept. Precision agriculture network icons on rice field.

Le digital s’illustre aujourd’hui comme facilitateur du quotidien pour l’Homme. Mais, de plus en plus, on constate que le digital peut aller au-delà et venir en aide à l’intégralité des êtres vivants de notre planète. De plus en plus d’associations luttent pour la conservation des espèces menacées par l’utilisation d’outils tels que les caméras thermiques. Les réseaux sociaux s’inscrivent également comme une manière incontournable de faire passer des messages. D’après Louise Blaussyld, dans son article sur l’Agriculture et l’enjeu du digital « Toutes ces manières sont plus ou moins efficientes et offrent à de nombreuses espèces des chances d’être réintroduites, préservées et sauvées et pour beaucoup sauvées de l’extinction ». Mais, on a tendance à oublier que les outils digitaux dont par exemple la robotisation dans le secteur de l’agriculture sont surtout utilisés pour produire plus en moins de temps. 

Ces dernières années, la conscience publique s’éveille au sujet de l’élevage intensif et on entend de plus en plus parler de celui du boeuf grâce à l’apparition de documentaires et de reportages à ce sujet notamment sur Netflix. En France, le journaliste Hugo Clément, qui a entre autres travaillé pour France 2, TMC et Konbini, s’est montré très engagé aux côtés d’associations comme L214 et a communiqué autour de son végétarisme à travers un livre « Comment j’ai arrêté de manger des animaux ».  Il a enquêté aux côtés d’associations dans des élevages d’animaux domestiques comme des porcs, vaches ou poulets. En effet, on considère que ces élevages intensifs détruisent la biodiversité car des espaces sont détruits pour produire l’alimentation. Les déjections produites par cette quantité d’animaux importent les mieux naturels comme par exemple en Bretagne où s’intensifie d’année en année le phénomène des algues vertes. 

Aujourd’hui, les élevages sont équipés de robots de traite, de colliers connectés, de détecteur de chaleur, d’applications mobiles, de drones, de relevés d’hydrométrie etc..  Le numérique sert donc en général à surveiller et à prendre des décisions tout en limitant sa charge mentale. Une évolution du travail de l’agriculteur qui peut-être positive mais qui pose de plus en plus la question des droits des animaux.  Par exemple, l’engraissement des vaches avec une alimentation peu naturelle ce qui entraîne chez elles le développement de maladies. Leur vie se passe dans des hangars éclairés artificiellement dans des conditions d’extrême insalubrité qui entraîne des maladies respiratoires. Ainsi, avec un tel modèle d’élevage, une vache vit moins de 2 ans contre 14 ans sans intervention humaine. Dans ces élevages industrialisés, les animaux sont donc davantage considérés comme des produits et non comme des êtres vivants. 

Fin août 2021 a été lancée le plan French AgriTech, qui a pour objectif de mettre en valeur des start-up spécialisées et structurer  le secteur de l’agriculture. Financé par l’Union Européenne, il dispose d’une enveloppe de 200 millions d’euros sur cinq ans. Lors de l’édition 2022 du Salon de l’Agriculture, ces entreprises ont été mises en avant . Plus globalement, l’Agritech s’inscrit dans un plan France 2030 et ses quatre grands axes : renouvellement forestier et valorisation du bois, la structuration des filières alimentaires, le soutien à l’innovation et aux installations agricoles, l’accélération de la troisième révolution agricole. Mais, cette digitalisation de l’agriculture risquerait de mener à « l’exclusion d’une certaine forme d’agriculture par manque d’infrastructure, de moyens financiers ou de formations » selon Nathalie Mitton, directrice de cherche d’Inria. 

En effet, tout d’abord la robotique peut rendre le travail des agriculteurs moins pénible en leur libérant du temps pour le valoriser à d’autres moments de la production. Mais, elle peut également engendrer une déconnexion avec la nature et une perte d’identité ou d’autonomie. Les agriculteurs sont davantage à la recherche d’un accompagnement, ainsi, les outils numériques doivent s’adapter aux besoins des différents types d’agriculture et ne pas rechercher une standardisation de la production. De plus, souvent les solutions numériques proposées sont plus énergivores il faut donc que le coût technologique soit inférieur au coût apporté. 

« Rien ne remplacera le contact de l’agriculteur avec sa terre pour la comprendre ! » Koji Fukuhara, spécialiste de l’agriculture digitale au sein de Bayer.

Ainsi, le fait que l’agriculteur d’aujourd’hui dispose d’un si grand nombre de données peut entraîner une production encore plus intensive et encore plus nocive pour l’environnement mais d’un autre côté lui permettre de libérer du temps pour se reconnecter aux vraies valeurs de l’agriculture. C’est donc à lui d’en faire un bon usage et à la société de respecter ce choix en limitant sa consommation pour sortir à long terme de cette surproduction.