Accessibilité numérique : quel constat en 2022 ?

Dans un précédent article, je présentai l’accessibilité numérique et les enjeux qu’elle représente dans la transformation digitale. Aujourd’hui, revenons en chiffre sur un constat global de l’accessibilité numérique en 2022.

L’étude de WebAIM de février 2022

logo WebAIM

Le site WebAIM (Web Accessibility In Mind), une référence mondiale en terme d’accessibilité, publie régulièrement des études sur le sujet de l’accessibilité numérique. La dernière étude, en date de février 2022, fait un constat global et mondial de l’accessibilité numérique, et les chiffres sont simplement alarmants.

Le site prend en compte uniquement les homepages des 1 million de sites les plus visités à l’échelle mondiale. Ces sites sont répartis en plusieurs catégories : sites gouvernementaux, réseaux sociaux, éducation, business, … L’étude évalue l’accessibilité de ces homepages selon le référentiel WCAG, un référentiel majeur qui indique les critères qu’un site doit impérativement respecter pour être accessible. C’est grâce à l’outil WAVE, une API que tout le monde peut utiliser pour évaluer l’accessibilité numérique de son site, que ces homepages sont évaluées.

Parmi ce million de pages, WebAim, via l’outil WAVE, a détecté pas moins de 50 829 406 erreurs, soit plus de 50,8 erreurs par page en moyenne. Si ce chiffre est en baisse depuis la précédente étude de février 2021 (51,4), il n’en reste pas moins très important. Au total, 96,8% des pages d’accueil ont échoué aux normes du référentiel WCAG, et là encore, ce chiffre progresse légèrement, puisqu’en 2021, c’était 97,8% des pages.

Étude WebAIM février 2022 : les 6 types d'erreurs les plus fréquents

La plupart des erreurs relèvent d’uniquement 6 catégories : un manque de contraste du texte (83,9% des pages), des alternatives textuelles manquantes (55,4%), des liens vides (50,1%), des questionnaires sans intitulé (46,1%), des boutons vides (27,2%) et une absence de langue (22,3%) sur les documents. Pourtant, toutes ces catégories sont indispensables pour que la navigation sur un site soit accessible à tous, en ce compris les personnes utilisant des alternatives de navigation.

Cette étude révèle que les sites les plus accessibles sont de loin les sites gouvernementaux et politiques, avec 29,5% d’erreurs en moyenne pour 30 570 pages. Ils sont suivis par les réseaux sociaux, avec 39,2% d’erreurs pour 7 874 pages, et les sites scientifiques avec 43,7% d’erreurs en moyenne pour 10 211 pages d’accueil évaluées. En bas du classement, on retrouve les sites marchands, avec 72,9% d’erreurs en moyenne sur 37 188 pages évaluées, et les sites pornographiques, avec 91,4% d’erreurs pour 18 048 pages d’accueil évaluées.

L’étude du RAAMM de 2019

Logo RAAMM

Une autre étude, menée au Quebec en janvier 2019 par le RAAMM (Regroupement des Aveugles et Amblyopes du Montréal Métropolitain) démontre également ce manque d’accessibilité.

Ils ont évalué 960 sites internets, ainsi que 3 types de pages : les homepages, les pages de formulaire et les pages avec un composant interactif type carrousel. Ils ont noté ces sites sur 10, en prenant en compte les critères d’accessibilité du référentiel WCAG, développé par WebAIM. À nouveau, le RAAMM a mené son étude grâce à l’API WAVE sus-cité. Cette étude, cependant, est menée avec le prisme majoritaire du handicap visuel, qu’il soit partiel ou total

Une note excellente, entre 9 et 10, correspond à une erreur majeure ou deux erreurs mineurs, alors qu’une note inutilisable, entre 3,9 et 0, correspond à sept obstacles majeurs ou plus, ou quatorze obstacles mineurs ou plus.

Résultats étide RAAMM janvier 2019

Ainsi, sur les 960 sites évalués, seuls 15 sites sont jugés avec une note excellente, soit à peine 1,5% d’entre eux, quand la majorité de sites, 23,3%, soit 223 sites, sont jugés inutilisables. Les obstacles rencontrés le plus fréquemment sont les mêmes que pour l’étude menée pas WebAim : un manque de contraste pour 90% des sites, des champs de formulaires sans intitulés, pour 60% des sites, ou encore des alternatives textuelles manquantes pour 36% des sites. De même, lors de l’évaluation fonctionnelle des sites, le RAAMM relève 71% de carrousels inutilisables, ou encore de menu de navigation inutilisables dans 31% des sites.

Si cette étude date de 2019, les résultats ont du légèrement progressé. Mais comme l’indique l’étude WebAim, les progrès sont minimes et encore insuffisants.

Ce qui est flagrant à la lecture de ces deux études sur l’accessibilité numérique, c’est qu’aujourd’hui encore, plus de 80% des sites analysés sont jugés inaccessibles. Si ces études sont menées à l’international, elles démontrent cependant parfaitement le problème du manque global d’accessibilité numérique, et les résultats obtenus sont transposables à la France, où la tendance est sensiblement identique.

Ainsi, les 23% de la population française ayant besoin d’accessibilité numérique ne peuvent potentiellement pas naviguer correctement sur minimum 80% des sites internet, ce qui est complètement indécent.