Accessibilité numérique, enjeu de la transformation digitale

J’ai découvert l’accessibilité numérique en 2019, lors de mon premier stage à la Direction de la Communication du Département du Nord. Le sujet m’a immédiatement passionnée, j’ai donc choisi de rédiger mon mémoire de fin d’études autour de celui-ci. Cet article est donc un court préambule de ce mémoire !

illustration-accessibilite-numerique

L’accessibilité numérique est légalement définie comme : « rendre les services en ligne accessibles aux personnes en situation de handicap ». Pour préciser cette définition, le gouvernement ajoute que « la mise en accessibilité numérique permet à une personne, quelle que soit sa situation de handicap, d’utiliser les outils web, les applications téléphoniques et les logiciels. La variété des situations de handicap implique de mettre en place des technologies variées. »

Aujourd’hui, malgré son évidente nécessité pour un accès au numérique identique pour tous, et en dépit des dispositions légales qui vont dans ce sens, l’accessibilité numérique n’en reste pas moins un sujet inconnu pour beaucoup de professionnels du web. Ainsi, de nombreux sites ne sont toujours pas accessibles, tant au niveau de leur conception que de leur fonctionnement.

L’importance de l’accessibilité numérique

Le handicap en France

Pour comprendre l’importance de l’accessibilité numérique, il faut d’abord se pencher sur la question du handicap. En France, il est défini légalement comme « toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant. ».

Aux vues des critères définissants le handicap, il est difficile de chiffrer exactement le nombre de personnes en situation de handicap. L’Insee relève d’ailleurs cette difficulté dans l’un de ses articles. Toutefois, on peut trouver des estimations autour de 12 millions de personnes en France, soit environ une personne sur six, dont 80% avec un handicap invisible. Donc, en concevant un site qui ne répond pas aux normes d’accessibilité numérique, on prive potentiellement un visiteur sur six d’une navigation optimisée sur le site.

Parmi ces 12 millions de personnes en situation de handicap, certaines utilisent des alternatives de navigation, notamment dans le cas d’un handicap perceptif (auditif ou visuel, par exemple) ou moteur. On peut citer par exemple la navigation au clavier (à tester, en l’activant dans ses paramètres), les lecteurs d’écrans, qui permettent de transcrire le contenu d’un site en voix, ou encore la licorne, un casque muni d’une tige permettant d’utiliser notamment le clavier sans les mains (plus de détails dans cet article). C’est autant d’alternatives de navigation à prendre en compte dans la conception et le fonctionnement d’un site internet.

 

Obligations légales

En France, c’est le Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité (le RGAA) qui définit légalement les obligations d’accessibilité des contenus numériques (sites, application, mobilier urbain, …). Le RGAA liste notamment tous les contenus soumis à cette obligation. On retrouve dans cette liste les sites des services publics, les sites d’entreprises privées délégataires de services publics, ou encore les sites d’entreprises dont le chiffre d’affaire dépasse les 250 millions d’euros lors des trois derniers exercices comptables. Cette obligation est entrée en vigueur en septembre 2018 pour les sites de services publics, en octobre 2019 pour les sites privés et en juin 2021 pour les applications.

illustration-accessibilite-numerique

Il impose à un site accessible de répondre à quatre critères : il doit être à la fois perceptible, utilisable, compréhensible, et robuste.

Enfin, les sites de services public doivent respecter une norme européenne (EN 301 549 V2.1.2), et les sites privés doivent se conformer aux normes élaborées par le W3C.

Si il existe des exceptions à ces obligations (comme une charge disproportionnée), les entreprises doivent toutefois proposer des alternatives de navigation pour accéder au contenu, et ces exceptions ne peuvent pas concerner l’ensemble d’un site. Le RGAA prévoit également des sanctions pécuniaires pour les sites qui ne respectent pas ces obligations, notamment par exemple si le site ne fait pas sa déclaration d’accessibilité.

 

 

Concevoir un site accessible

Les référentiels

Livre de Donald Miller "Building a Story Brand"

Pour permettre aux professionnels du web de concevoir des outils numériques accessibles, il existe différentes ressources. On peut citer en France le modèle VPTCS (Visibilité, Perception, Technique, Contenu, Services), créé au début des années 2000 par Elie Sloïm et Eric Gateau, qui reprend les exigences des utilisateurs, et qui est à l’origine du référentiel français (disponible en anglais) Opquast (Open Quality Standards, qui propose aussi une certification), qui liste toutes les bonnes pratiques à mettre en place pour chacun des aspects d’un site, aussi bien pour la navigation que pour le contenu ou le code. Opquast propose également d’autres check-lists, comme celle sur le SEO, ou encore celle pour la compatibilité mobile des sites.

A l’échelle internationale, on peut citer le World Wide Web Consortium (W3C). Son but est de développer des standards internationaux pour de nombreux aspects du web. W3C propose un standard relatif à l’accessibilité numérique ; c’est à ces normes que doivent répondre les sites privés français au CA supérieur à 250 millions d’euros.

Outre les référentiels, pour s’assurer d’avoir un site accessible, rien de tel que de travailler avec des spécialistes de l’accessibilité numérique !

 

L’accessibilité numérique et le SEO

En plus de son aspect indispensable pour un web accessible de la même façon pour tous, l’accessibilité numérique peut également être mise en relation directe avec la SEO, qui partage certaines bonnes pratiques.

On peut par exemple citer la hiérarchisation des titres d’une page avec l’utilisation des H1/H2 etc., qui permet en accessibilité numérique de naviguer sur une page. En SEO, les niveaux de titres sont un atout pour le référencement, puisque les moteurs pourront hiérarchiser les informations de la page.

Un autre exemple est le Fil d’Ariane, un petit «plan», situé tout en haut du corps de texte d’une page. Pour l’accessibilité numérique, c’est important pour faciliter la navigation sur un site, et en SEO, c’est important pour que les moteurs de recherche puissent naviguer sur le site, et donc améliorer leur référencement.

De nombreuses bonnes pratiques mêlants SEO et accessibilité numérique sont disponibles sur le site d’Opquast.

Avec le nombre de personnes concernées par l’accessibilité, mais aussi pour son intérêt mêlant entre autre l’expérience utilisateur et la SEO, elle doit être un enjeu majeur de la transformation numérique. Le manque d’accessibilité numérique sur de nombreux sites démontre un désintérêt ou une méconnaissance du public face aux enjeux de celle-ci. Pourtant, aujourd’hui, toutes les ressources pour rendre le numérique plus inclusif sont disponibles en libre accès, notamment via les sources citées dans cet article.

Sources des images : 1,2,3