WholeFood vs Amazon : Décryptage d’une prise d’assaut
Le 16 juin dernier Amazon rachetait la chaine de distribution alimentaire bio Whole Food pour 13, 7 milliards de dollars et produisait l’effet d’une bombe !
Un véritable séisme sur le court de la bourse et sur l’industrie de l’alimentaire qui assistait impuissante à la montée d’Amazon, avec ses 126 milliards de dollars, sur la deuxième marche du podium des distributeurs alimentaires juste derrière Wallmart !
De quoi faire trembler le monde de la distribution…
Véritable menace ou simple éxagération journalistique ?
Un peu plus d’un mois après la déferlante, décryptage de cette folle acquisition…
On pourrait penser qu’après tout il s’agit juste d’une logique opportuniste.
La chaine de magasins Whole Food, créée par un Texan en 1980 bien que pionnière sur le secteur du bio connait depuis 2015 des problèmes de rentabilité. Depuis trois ans l’entreprise fait face à une concurrence féroce. Du géant Wallmart, en pensant par l’enseigne Kroger sous le nom Simple Truth ou encore le géant du discount Aldi et sa gamme bio.
Les réductions de couts drastiques ne suffisant pas, l’enseigne a décidé de vendre avant qu’il ne soit trop tard, permettant à Amazon de placer ses pions.
Il pourrait donc juste s’agir, comme nous venons de l’évoquer, d’une opportunité. Sauf qu’ Amazon n’est pas le e-commerçant du coin mais bel et bien le géant des GAFA que l’on connait…
Dès la semaine dernière Amazon annonçait déjà un nouveau service pour les détenteurs de son système de livraison de produits frais et surgelés, Amazon Fresh. En effet il est maintenant possible pour les adhérents de ce service de se faire livrer des repas en kit « Amazon meal Kits ».
Pour le moment réservé à quelques privilégiées ce système permet de choisir parmi 17 menus et de recevoir un kit de produits frais et sa recette directement à domicile.
On voit donc plus clair et on comprend qu’Amazon a enclenché le mode bulldozer et compte bien agir tel un rouleau compresseur sur le secteur de l’alimentaire après avoir écrasé celui de la librairie, de l’électroménager, de la technologie ou encore de l’habillage.
Quelle stratégie se cache derrière ce rachat ?
Un maillage territorial important
Certes Amazon possède déjà quelques points de vente sur le territoire Américain avec notamment sa boutique sans caisse AmazonGo, à Seattle, ou encore sa nouvelle librairie dont je vous parlai lors d’un précédent billet.
Mais le mastodonte ne possède pas de véritable maillage sur le territoire. L’acquisition de ces 460 boutiques physiques lui permet de devenir fortement présent et d’entrer véritablement dans le monde du retail avec des opportunités plus qu’intéressantes.
En créant une offre multicanal avec Whole Foods Market, Amazon s’achète une marque, une base de clients, un maillage territorial et une présence en agglomération, et donc derrière la capacité à déployer une offre à la demande colossale. Marc Ménasé, business angel, investisseur dans Epicery pour challenge.
Un nouveau terrain de jeux, en mode test & learn, facteur de croissance
- Optimisation des synergies digital/physique
Cette acquisition va permettre au géant, ex pure player, d’appréhender et de développer plus largement les synergies entre digital et commerce physique.
Etoffer son offre physique, ne proposer qu’une faible offre physique et mettre à disposition une plus large offre à portée de clic pour augmenter la rentabilité ?
Autant de possibilités qu’Amazon va maintenant pouvoir tester et adapter.
Brittain Lead, superviseur d’ Amazon Fresh expliquait que :
les épiceries génèrent 80 % de leurs revenus sur seulement 20 % de leurs produits essentiels.
Il émettait ainsi l’hypothèse qu’une boutique proposant uniquement ces 20% et le reste par commande auraient une rentabilité et une efficacité accrue.
- Optimisation logistique
Le géant des GAFA s’attaque à un secteur dont le système de logistique est complexe mais la encore non sans une stratégie poussée. Le fait d’avoir des points de vente physique permettra une fois de plus à Amazon d’optimiser sa gestion logistique en évitant de créer des entrepôts de stockage couteux et parfois loin des lieux de consommation et de livraison lui permettant ainsi de réduire ses coûts.
Les grands distributeurs doivent-ils vraiment trembler ?
Sans s’alarmer inutilement les grands distributeurs doivent se réveiller et prendre cette menace comme un déclencheur.
Ceux qui pensaient avoir du temps devant eux ou qui se sentaient préservés du fait de la complexité du commerce alimentaire vont devoir mettre les bouchées doubles. Yves Marin, directeur du cabinet Wavestone pour l’Obs
Aujourd’hui les distributeurs sont bien loin de pouvoir rivaliser en terme de service et doivent prendre de conscience des efforts à fournir pour faire face à ce qui peut se révéler peut être comme les prémices des standards de demain.
Pour exemple se faire référencer par Carrefour aujourd’hui, en étant un producteur de miel dans le Gers, est très long et compliqué. Si complexe qu’il est plus facile de vendre directement sa production sur Amazon…
Qualité de service, exhaustivité et facilitation du référencement sont donc des enjeux majeurs pour les distributeurs.
Ce rachat est-il synonyme d’un premier pas vers des ambitions beaucoup plus colossales qui viendrait complétement disrupter le secteur ? Seul l’avenir nous le dira…
On se retrouve la semaine prochaine pour parler d’Amazon Spark, le nouveau reseau social made in Amazon ! Bonne semaine à tous ?
Sources :