La «ville intelligente» : Mirage ou innovation technologique

Les termes pour désigner la « ville intelligente » sont nombreux : smart city, ville numérique, green city, connected city, éco-cité, cité numérique, ville durable. Une ville intelligente désigne une ville utilisant les informations combinées à la technologie pour améliorer la qualité de vie, réduire la demande énergétique et son impact sur l’environnement.

La ville intelligente cherche ainsi à concilier les piliers sociaux, culturels et environnementaux à travers une approche systémique qui allie gouvernance participative et gestion éclairée des ressources naturelles afin de faire face aux besoins des institutions, des entreprises et des citoyens. Le sujet est international et concerne l’ensemble des zones urbaines, des plus riches aux plus pauvres, des plus anciennes aux plus récentes.

Pourquoi l’émergence de ce concept ville intelligente ?

Ce concept émergent dans un monde où les crises économiques et environnementales touchent de plein fouet les territoires urbains. Le traitement efficace des problèmes d’urbanisation est devenu une problématique prioritaire à l’échelle mondiale, d’autant plus que l’ONU prévoit qu’en 2030, deux personnes sur trois vivront en ville. Dans ce contexte, rendre les villes intelligentes et durables, c’est essayer de diminuer l’impact environnemental, repenser en profondeur les modèles d’accès aux ressources,  optimiser la gestion des déchets, des transports et de l’énergie.

Pour devenir intelligentes, les villes actuelles doivent développer de nouveaux services performants dans tous les domaines

Transport et mobilité intelligente : l’un des défis consiste à intégrer différents modes de transport – rail, automobile, cycle et marche à pied – en un seul système qui est à la fois efficace, facilement accessible, abordable, sûr et écologique. 

Environnement durable : les villes doivent agir dans deux domaines principaux : les déchets avec leur réduction, le développement d’alternatives qui permettent de réduire leur production et la mise en place de systèmes efficaces de récupération ; l’énergie avec le renforcement des actions en matière d’efficacité énergétique.

Urbanisation responsable et habitat intelligent : Il faut réinventer des formes urbaines qui à la fois respectent une intimité indispensable tout en assurant un ensoleillement suffisant, qui permettent des évolutions de l’habitat et favorisent le « vivre-ensemble ». Les bâtiments devront également être plus intelligents afin de faciliter et d’améliorer la gestion de l’énergie, voire de réduire les consommations.

projet de ville Paris par vincent_callebaut__paris

Quelques exemples de démarches entreprises : utilisation de l’énergie solaire pour alimenter les panneaux de signalétique  mise en service de véhicules électriques ; transformation d’un déchet matériel en un nouveau matériau ou produit de qualité ; développement de l’éclairage public à faible consommation ; production d’électricité à partir de déchets, mise en place de système de production locale d’énergie …

Un écosystème intelligent

Qu’il s’agisse d’eau, d’énergie, de transport, de déchets, de télécommunications, un système urbain est d’abord un ensemble de réseaux. Les systèmes d’information de ces réseaux sont de plus en plus interconnectés. La ville est ainsi une infrastructure d’ensemble au service des habitants et de leurs activités. Quand on aborde aujourd’hui les opportunités du numérique, on parle d’une ville devenant une plateforme.

La Data, la clé des villes intelligentes de demain

En 2050, entre 70 % et 75 % de l’humanité vivra dans des villes. Il est donc indispensable que celles-ci améliorent leurs moyens de transports et diminue leurs émissions polluantes pour ne pas devenir invivables pour leurs habitants. Pour répondre aux défis démographique et écologique les villes misent sur l’innovation technologique. Le XXIe siècle verra l’essor des villes intelligentes partout sur la planète et le moteur de ces services sera la « Data ».

Ville futuriste xinjiang

Mais la multiplication des données pose aussi des questions de sécurité et d’éthique. La ville intelligente pose ainsi en lame de fond des questions d’égalité dont les collectivités seront obligées de se saisir, notamment sur le plan juridique. La gouvernance de la cité numérique reste à inventer. La ville intelligente représentera-telle un progrès social en faveur d’une « e-démocratie » globale ou une boîte à outils réservée à une élite « numérique » ?

Pour aller plus loin, vous pouvez aussi lire le rapport de l’auteur pour l’Institut de l’entreprise : «Smart Cities. Efficace, innovante, participative : comment rendre la ville plus intelligente». Regarder l’infographie du journal le Monde : Comment le Big data change les villes, en quelques chiffres

Sources :  Le Monde, ZD net –  Crédit photo : Xinjiang, Vincent Caillebaut