Thèse professionnelle – MBA Digital Marketing Business / e-Health – EFAP Paris

TRANSFORMATION DIGITALE DE L’INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE :

Le modèle de la plateformisation est-il la clé du succès ?

Christel Erales – Thèse Professionnelle

A l’ère du numérique et des nouvelles technologies qui révolutionnent un grand nombre de secteurs d’activité, le secteur de la santé prend le virage du digital et il est en pleine (r) évolution digitale. On parle de santé numérique, de patients connectés, de nouvelles technologies permettant la découverte de nouveaux traitements, de traitements personnalisés, de plateformes de santé numérique, d’innovation, de nouveaux usages et business, d’une nouvelle relation avec le patient, de Big data, de données de patients.

Aujourd’hui, l’industrie pharmaceutique commence sa mutation qui va s’accélérer à grande vitesse ces prochaines années. Elle doit désormais accélérer sa transformation digitale, gagner en maturité en solution de santé numérique et développer des business models nouvelle génération.

La révolution digitale bouleverse les business models traditionnels et l’ensemble des organisations. Elle a donné naissance à la plateformisation de l’économie avec comme pionniers des acteurs tels que : Amazon, Airbnb ou Uber. Entrées dans une nouvelle ère, les entreprises doivent impérativement changer leur mode d’opération et repenser leur modèle économique pour créer des écosystèmes entre leurs partenaires et clients.

Partant de ces postulats, la problématique à laquelle je souhaite apporter des réponses est :  Le modèle de la plateformisation est-il la clé du succès à la transformation digitale de l’industrie pharmaceutique ?

Pour tenter d’y répondre, j’ai orienté mes investigations vers différents acteurs : dirigeants et collaborateurs de Sanofi et confrères de l’industrie pharmaceutique, experts et consultants en transformation digitale et en e-santé, start-up, fournisseurs de plateforme.

Chaque interview a nourri ma réflexion et éclairé mes hypothèses dans le cadre de la problématique posée. Cette étude s’appuie aussi sur une recherche bibliographie ciblée et sur la lecture d’ouvrages traitant du phénomène des plateformes.

Le contenu de la thèse

Le plan de cette thèse se structure autour de trois grandes sections.

Partie I :  Industrie pharmaceutique et santé numérique

Nous nous intéresserons à l’industrie pharmaceutique et la santé numérique : définition de l’industrie pharmaceutique et ses missions, où en est-elle de sa transformation digitale, quelles sont les nouvelles opportunités business qui s’offrent à elle, quels sont les impacts sur sa chaine de valeur. Nous aborderons aussi la santé numérique avec ses futures orientations pour 2030, les attentes des patients et l’évolution du parcours de soin.

Partie II : Industrie Pharmaceutique et plateformisation

Nous nous attacherons plus particulièrement à la compréhension du phénomène de plateformisation et aux plateformes de santé numérique. En première intention, il est défini les termes plateformes, plateformisation, et expliqué leur mode de fonctionnement : ses avantages, ses bénéficiaires, ses impacts sur l’organisation d’une entreprise et comment ce modèle crée de la valeur. Puis, nous explorerons les possibilités qu’offre une approche de plateforme à l’industrie pharmaceutique : cette industrie a-t-elle la capacité de changer, quels sont ses principaux freins, quelle serait une éventuelle chaine de valeur plateformisée basée sur ce business model nouvelle génération, et enfin quels sont les opportunités et les enjeux pour cette industrie ?

Partie III : Enseignements te préconisations

La dernière partie livrera tout d’abord une étude basée notamment sur la retranscription des réponses des personnes interviewées autour des trois thèmes suivants :

  • L’industrie pharmaceutique doit-elle prendre le virage de la plateformisation ?
  • L’industrie pharmaceutique est-elle l’avenir en santé ?
  • Quelle position à tenir pour l’industrie pharmaceutique face aux GAFAM et les start-up en santé, les MedTechs ?

Une section nommée « Le marché de la santé, le nouvel Eldorado des géants de la tech » sera dédiée aux GAFAM.

Enfin, cette dernière partie apportera une analyse avec pour objectif d’émettre des préconisations en s’appuyant des treize interviews menés qui ont nourri ma réflexion, de recherche bibliographique et des consultations d’ouvrages traitant du phénomène des plateformes.

Les remerciements

Monsieur Lionel Reichardt – Consultant Expert Stratège & Conférencier en Santé & Digital et formateur au MBA Digital Marketing Business en e-santé à l’école EFAP, avec qui j’ai longuement discuté pour identifier la problématique de ma thèse professionnelle. Difficile de choisir une thématique avec Lionel qui a une suggestion à la seconde, il est vrai que la digitalisation de la santé offre un panel de sujets à investiguer.

Un grand et chaleureux merci à tous les experts et intervenants cités ci-dessous pour avoir répondu à mes questions dont les réponses ont nourri ma réflexion.

  • Audrey Derveloy – Sanofi – Présidente France
  • Rémy Teston – Consultant Expert Digital & Conférencier e-santé
  • Thierry Barbaut – Consultant Expert Innovation, Santé, Tech, Plateformes – Continent Africain
  • Emmanuel Frenehard – Sanofi – Global Head of Digital Product
  • Eric Genevois-Marlin – Sanofi – Head of Data and Data Science
  • Gilles Babinet – Co-président, Conseil National du Numérique, France & Expert en Transformation Digitale et Plateformes
  • Yacine Hadjiat – Biogen – Global Head of Digital Health Solution
  • Mayara Baccan – Sanofi – Head of Digital Transformation Engagement & Strategy
  • Martin Zucchini – Sanofi – Head of Digital Innovation Ecosystem – Future4Care
  • François Torche – CEO CluePoints – Plateforme RBQM
  • Lionel Bascles – Sanofi – Global Clinical Head
  • Karine Soulat – Consultant Experte en Thérapie Digitale – DTx
  • Arnaud Dourlens – Sanofi – Head of Clinical Supply Chain

Merci à tous les intervenants de ce MBA pour m’avoir transmis leur savoir et leur passion. Une attention particulière à Adel Mebarki, Emmanuel Capitaine et Baptiste Roux.

Merci à mes amies Frédérique Lescent, consultante en stratégie et en développement de projets, et à Francine Dugardin, consultante en communication et marketing santé, pour leurs conseils avisés et leur soutien.

La réalisation d’une thèse est une course de fond parsemée d’embuches, de hauts, et de bas…, un immense merci à mes ami(e)s et ma famille pour leur confiance et leur soutien sans faille tout au long de ce chemin mémorable. Une dédicace particulière à mes jumeaux, Giulia et Paul, de 10 ans, qui n’ont pas toujours compris pourquoi Maman avait autant de travail les soirs et les weekends. Merci à vous deux pour votre soutien et votre grande patience.

Les grands apports du travail

A titre plus personnel, la rédaction de ce mémoire m’a appris à réfléchir, à prendre du recul sur une problématique et à aiguiser mon sens de l’analyse. J’ai d’abord été en position inconfortable dans la lecture d’ouvrages, de revues et d’articles car je ne maitrisais pas vraiment le phénomène de plateformisation. Puis j’ai réussi, avec l’aide des interviews, à organiser et à structurer mes idées, et à analyser les différentes sources de documentation (interviews, références bibliographiques, livres blancs, rapports spécialisés, webinar, échanges moins formels avec des tiers…) pour formaliser et ensuite traiter la problématique de ma thèse.

L’exercice de questionnement quintilien m’a appris à procéder avec méthode pour structurer une réflexion personnelle.

J’étais déjà familière avec la démarche et la méthodologie de « recherche » grâce à mon background scientifique, mais après vingt ans d’expérience professionnelle loin de ce mode de raisonnement, j’avais perdu les réflexes, étant plus habituée à réfléchir pour prendre des décisions rapides sans avoir tous les éléments, qu‘à approfondir un sujet. J’ai finalement pris plaisir à me plonger dans cette réflexion qui m’a permis de mieux cerner les enjeux de la plateformisation pour l’industrie pharmaceutique et de la création de nouveaux business models.

En tant que collaboratrice de l’industrie pharmaceutique depuis 24 ans, je suis passionnée par l’univers de la santé, l’apport des nouvelles technologies au développement de thérapie numérique et toute solution de santé numérique au bénéfice du patient. La mise en œuvre de la transformation digitale au sein du secteur pharmaceutique est, à mes yeux, un sujet majeur, je souhaitais par le sujet de ma thèse professionnelle y apporter une modeste contribution. Cette expérience m’a aussi aidé à comprendre pourquoi depuis 5 ans l’entreprise pharmaceutique annonce régulièrement des restructurations, et de donner du sens à ces annonces, ce que l’on ne comprend pas toujours en tant que collaborateur.

Cet exercice m’aura permis de prendre de la hauteur, et de développer une expertise sur la transformation digitale de l’industrie pharmaceutique, sur une organisation en mode plateformisation, sur les plateformes numériques en santé, la santé numérique et de cerner le marché en santé des GAFAMs. La difficulté du sujet que j’ai choisi est qu’il touche le fonctionnement d’un modèle d’entreprise traditionnel avec une masse salariale conséquente et une réglementation très précise.

Néanmoins, l’exercice m’a fait prendre conscience de la nécessité pour les Big Pharma de prendre le virage du numérique, de faire évoluer son organisation et sa culture d’entreprise.

Il est essentiel que le secteur pharmaceutique appréhende rapidement le phénomène de la plateformisation et comprenne le fonctionnement et l’intérêt de ces plateformes. L’industrie pharmaceutique doit créer une entité à part dédiée au développement de plateforme de santé numérique permettant d’apporter de nouveaux business models. Nous devons changer plus que notre façon de penser : nous devons apprendre de nouvelles règles sur le fonctionnement du monde numérique et la manière dont ce modèle peut s’intégrer au sein de l’organisation d’une entreprise.

Que nous réserve le futur de la santé ? Les innovations technologiques accélèrent les ruptures dans le secteur de la santé. Dans un modèle de fonctionnement combo « traditionnel et numérique », l’industrie pharmaceutique continuera à développer de nouveaux traitements traditionnels et personnalisés tout en développant des solutions de santé centrées sur le client/patient.

Je terminerai cette thèse par une citation de Nelson Mandela ; « Cela semble toujours impossible, jusqu’à ce qu’on le fasse »