Pourquoi la presse réussit-elle si bien sa transformation digitale ?
C’est la question à laquelle a répondu Stéphane Bodier, Vice Président de l’ACPM, l’Alliance pour les Chiffres de la Presse et des Medias.
Pou ceux qui n’ont pas pu assister à cette passionnante conférence, ni la visionner sur Facebook live, en voici les grandes lignes.
La presse française a plus de 400 ans et elle n’a fait que se transformer, que vivre des crises terribles. Depuis la fin du XIXème siècle, tout le monde imagine que la presse va mourir et la presse ne meurt jamais…
Avant 1870/1880, la presse était réservée aux bourgeois et aux « cultivés ». Avec l’éducation et l’école obligatoire, de plus en plus de personnes ont pu avoir accès à la culture, à l’information, aux romans… C’est la presse qui, à l’époque, a inventé le principe des séries pour vous inciter chaque jour à vous précipiter pour aller chercher votre quotidien. Une presse populaire se crée à destination des ouvriers, à ces nouvelles populations qui maintenant savent lire. Une première mort est annoncée par la presse historique. Au contraire, ce sont les plus belles années de la presse qui arrivent avec des tirages à plusieurs millions d’exemplaires.
C’est à cette époque que se crée l’OJD pour amener de la crédibilité aux chiffres de publications qui, à l’époque, s’appelait l’OJT, Office de Justification des Tirages.
Début des années 30 arrive un nouveau média : la radio. Deuxième mort annoncée. A chaque « crise », la presse réagit toujours en faisant preuve d’innovation et de créativité. A cette époque, il s’agit de la création de la presse avec « plein d’images ».
En 1947, mise en place de la loi Bichet : accès à la distribution au kiosque équitable et gratuit pour tous ceux qui veulent créer des quotidiens ou des magazines. Grâce à cette loi, on a l’une des presses les plus nombreuse et diversifiée au monde. Avec 7000 titres inscrits en France à la commission paritaire, la presse française est donc le media de référence des passions et des communautés.
1968, premier spot télé : troisième mort annoncée ! Et bien non, création de la presse la plus puissante : la presse télévision.
Jusqu’aux années 2000 plus de 50% des investissements publicitaires étaient en presse.
Début du XXIème siècle, explosion d’internet : 4ème mort annoncée ! Toujours pas. Le Monde, Les Echos, Le Nouvel Obs notamment créent leurs sites internet pour prendre ce virage. Par contre d’autres (très traditionnels, voire très peu visionnaires), ne prennent pas ce virage, par exemple Pariscope qui, par peur de la concurrence au papier, a décidé de fermer son site internet qui pourtant faisait un carton…
Les journalistes, qui produisent beaucoup, sur plein de sujets différents, sont une réelle opportunité de création de contenu pour le digital. Cette capacité à écrire fait des marques de presse quotidienne comme Le Monde, Le Figaro, L’équipe, 20 minutes, les marques d’information les plus puissantes de tous les médias sur le digital bien devant TF1, M6, Europe 1, RTL.
2 chiffres à avoir en tête :
- 98% des français lisent la presse tous les mois.
- 50% des audiences de la presse sont digitales.
La presse, de tous les medias, est celui qui s’est le plus transformé, le plus digitalisé. Et toutes ces marques touchent plus de français aujourd’hui qu’elles n’en touchaient il y a 10 ans (exemple : Télé-Loisirs qui même avec le « déclin » de la télé, via son application, est bien plus « présent » aujourd’hui).
Ce qui rend la presse plus forte que les réseaux sociaux, c’est la crédibilité des informations. Le directeur de la publication est pénalement responsable de la véracité des informations publiées dans la presse. Pas de fake donc dans la presse !
Vous l’avez compris, la mort de la presse n’est pas pour demain…