Qu’il s’agisse de swipe ou de déroulement de l’écran. La majorité des applications de rencontres misent sur l’abondance des profils. Un maximum de choix pour favoriser ses chances de trouver l’amour ou pour rendre les utilisateurs dépendants des applications ? Nous basons notre étude sur l’application Tinder : le géant de la rencontre online.
L’algorithme Tinder
L’application Tinder, créée en 2012 a bien compris le principe de surabondance. En effet, cette application de dating online a mis en place un « score Elo ». Ce système a été inventé par le professeur de physique Arpard Elo pour faire s’affronter des joueurs d’échecs de même niveau. Tinder le réutilise en accordant un système de notation des profils basé sur les études, le métier, les revenus, le physique, l’âge et l’attractivité du profil (nombre de likes et de matchs).
Tinder évalue ainsi notre niveau de « désirabilité » en faisant en sorte de créer des matchs où l’homme est « supérieur » à la femme. L’application propose des rencontres de profils entre des hommes riches et plus âgés et des femmes jolies, jeunes et moins éduquées. Les rencontres amoureuses Tinder ne sont donc que le fruit d’une segmentation mise en place par l’intelligence artificielle. Cet algorithme renforce l’idée du pouvoir de l’homme dans le couple et donc renforce les inégalités homme/femme.

Une quête de l’amour addictive
Tinder a bien compris comment faire pour rendre les utilisateurs accros. Qui n’a pas déjà passé toute une soirée sur Tinder à swiper de droite à gauche sans voir passer le temps ? Cette application est d’abord addictive avec la multiplicité de profils qui en désemplis jamais. Même si les utilisateurs swipent majoritairement gauche, à cause de l’algorithme qui propose des profils classés par niveaux et donc pas toujours intéressants. Certains profils très séduisants apparaissent de temps à autre. Cette récompense permet de faire croire aux utilisateurs qu’ils peuvent séduire des personnes mieux classés qu’eux alors que ces personnes ne les verront jamais apparaître.
C’est le principe de la récompense aléatoire. Principe instauré par Burrhus Frederic Skinner, psychologue américain. Il se base sur une expérience avec des souris qui doivent actionner un bouton dans leur cage pour recevoir de la nourriture. Il découvre que si la nourriture n’est pas distribuée à chaque fois, la souris actionne le bouton encore plus souvent. Sur les applications de rencontres c’est le même sytème. Si on en trouve pas son partenaire on continue à chercher. Comme dans une machine à sous. Notre cerveau est formaté pour être attiré par l’esthétique et va donc secréter de la dopamine au moment du plaisir, donc de la vision d’un beau profil. Il va donc chercher à rester longtemps sur l’application afin de trouver des profils intéressants. À partir d’un certain moment, nous ne sommes plus accros aux personnes séduisantes mais juste au geste de swiper.
surabondance de profils
Cette surabondance de profils rend la rencontre amoureuse dramatiquement moins humaine. En effet, les utilisateurs partent du principe qu’ils peuvent toujours trouver mieux. À quoi bon tenter d’apprendre à connaitre une personne si celle-ci laisse apparaitre un défaut ? Les personnes qui cherchent l’amour sur internet ont pour la plupart des critères très rigoureux. Ils ne permettent aucune entorse puisqu’il peuvent trouver mieux avec quelqu’un d’autre. Pourquoi s’embêter avec quelqu’un qui ne coche que 9 critères sur 10 alors qu’on peut trouver une autre personne plus idéale. Ce culte de la perfection pousse les utilisateurs de Tinder à rester connectés plus longtemps et donc à faire gagner de l’argent à l’entreprise.
Le marketing de Tinder
L’objectifs principal des applications de rencontre est avant tout de gagner de l’argent pour être rentables. Et pour cela, il faut que les utilisateurs restent longtemps connectés afin de collecter leurs données de géolocalisation pour rester en perpétuelle connection avec des profils. Et pour que les utilisateurs restent du l’application, il faut qu’ils prennent du plaisir à chercher des profils attirants. C’est donc grâce au système d’algorithme et de récompense aléatoire que Tinder conserve ses utilisateurs et gagne de l’argent.
Tinder en 2021
Même si Tinder a soit disant mis fin à son algorithme en 2019, certains comportements nous poussent à croire qu’il existe encore sous différentes formes. Notamment avec les profils les plus likés et les super likes. Le nouvel algorithme se baserait dorénavant sur le temps passé sur l’application (pour pousser encore une fois les utilisateurs à se reconnecter régulièrement, plusieurs fois par jour), sur l’âge, la géolocalisation, et les goûts des utilisateurs.
Once, une application bien éloignée de Tinder
Once, une application de rencontre créée en 2015 se base sur un sytème totalement différent. Le principe est simple, un seul profil proposé chaque jour, à midi pile. Basée sur des critères très précis, renseignés au préalable, l’application fait tout pour trouver quelqu’un qui nous correspond au mieux. Fini les profils qui défilent à la chaine puisque l’objectif ici, est de trouver le grand amour. Sur Once, aucun algorithme en vue mais des « marieuses ». Généralement de jeunes homme et femmes qui cherchent à arrondir leur fin de mois. Aucune obligation d’horaire, c’est un, job plutôt laxiste. Les marieuses regardent les profils et les font matcher ensemble en fonction des similitudes et des attentes de chacun.