Tendre vers la sobriété numérique avec Frédéric Bordage

Tendre vers la sobriété numérique Frédéric Bordage

 

 

   « J’adore l’eau. Dans 20 ou 30 ans y en aura plus ! »

Cette phrase culte de Jean-Claude Van Damme peut aussi s’appliquer au numérique selon Frédéric Bordage.

Fondateur de GreenIT.fr, un collectif d’experts spécialisés sur les questions du numérique responsable et de la sobriété numérique créé en 2004. Il travaille depuis maintenant depuis 18 ans avec un objectif : Réconcilier le développement durable et le numérique.

Son nouvel écrit marche dans les traces de son précédent ouvrage Sobriété numérique. Les clés pour agir paru en 2019.

Dans son nouveau guide Tendre vers la sobriété numérique, Frédéric Bordage nous accompagne sur le chemin que nous sommes tous en train d’arpenter sans en avoir conscience.

Il est vrai qu’en prenant connaissance des conditions de création de nos outils du quotidien comme nos smartphones ou nos ordinateurs cela peut donner le vertige.

Pour bien comprendre ce dont il est question, nous devons nous rendre là où tout commence…dans les mines où sont extraits les minerais rares nécessaires à la fabrication de nos outils.

Au problème des ressources épuisables viennent s’ajouter les problèmes sociaux générés par l’extraction des minerais avec les conditions de travail inhumaines que l’on constate.

Étant donné qu’une image vaut mille mots, je vous laisse découvrir ce reportage de Charles Villa pour Brut qui s’aventure dans une mine de coltan en République démocratique du Congo.

Après divers traitements hautement toxiques pour la population locale et pour la planète, les minerais sont envoyés dans des usines d’assemblage au Mexique et en Chine.

Ensuite il faut expédier les produits finis aux différents pays afin que nous puissions par exemple écrire un article sur le sujet. Ce qui est paradoxal je le reconnais.

Pour avoir une vision globale de l’empreinte numérique de chacun, nous devons donc prendre en compte l’ensemble de la chaîne de production et non pas seulement l’électricité nécessaire à alimenter nos appareils ou bien nos usages sur le web.

La fabrication de nos appareils représente plus de 80% de l’empreinte environnementale du numérique ce qui est loin d’être négligeable dans notre réflexion concernant les solutions à apporter pour résoudre ce problème.

Notre comportement sur internet a également un rôle dans la consommation de ressources et d’énergies.

Cloud
Lorsque nous déposons des fichiers sur le célèbre Cloud, nous imaginons alors que la dématérialisation de nos données est sans conséquence pourtant c’est loin d’être le cas. Pour pouvoir stocker nos données, la construction et l’entretien d’un data center sont obligatoires. Pour entretenir les serveurs et éviter les surchauffes, la régulation de la température grâce à la climatisation est primordiale. Pour préserver nos unités de stockage, il nous faut donc utiliser une grande quantité d’eau et d’électricité. Dans son récit, l’auteur dénonce également les gestes beaucoup moins utiles qu’il n’y paraît pour réduire son empreinte numérique. Par exemple il est plus sain numériquement d’envoyer un lien de téléchargement pour une pièce jointe plutôt que de miser sur le fait de la supprimer une fois l’envoi effectué. Ou bien encore les moteurs de recherche écolos qui en réalité utilisent les moteurs de Google, Bing ou Yahoo et qui ne prennent pas en compte dans leur compensation carbone l’empreinte environnementale de leurs propres actions telles que leurs trajets, leurs propres serveurs ou leurs bureaux. Il ne s’agit pas ici de dire qui fait le bien et qui le mal mais plutôt de savoir qui regarde la situation en face ou pas (à l’image du film Don’t look up). L’auteur nous livre plusieurs bonnes pratiques à adopter absolument :

  • Se fixer des moments sans numérique dans la journée et s’y tenir
  • Déclarer et expliquer à son entourage ce choix d’usage restreint afin d’être entendu et compris
  • Enlever les applications et les logiciels inutiles de ses appareils
  • Désactiver toutes les notifications et les alertes
  • Se désabonner des newsletters et autres sources qui ne sont pas indispensables
  • Faire le choix de ne pas répondre à chaque message ou e-mail reçu

Il faut bien comprendre qu’en moyenne nous avons 2617 interactions par jour avec notre smartphone et cela peut même monter jusqu’à 5000 pour les personnes les plus dépendantes.
Smartphone user
Il existe donc une belle marge de progression pour réduire nos usages. En ce qui me concerne j’ai dévoré ce livre tant il semble juste par ses démonstrations et ses analyses de la situation actuelle. Cependant je dois tout de même préciser que je ne partage pas l’avis de l’auteur sur tout. Notamment sur une idée de partage des produits numérique qui me semble irréalisable. On parle ici de mettre à disposition de son voisinage, de ses amis, de sa famille les outils de chacun pour réduire l’empreinte carbone collective. On parle d’ordinateurs, de console de jeux, d’appareils photos et de ce qui pourrait un jour être rationné par manque de ressources. L’idée est belle mais je n’y crois pas. En effet, comment imaginer une telle solution sans penser aux possibilités de vols, de dégradations ou de reventes. Cela me semble naïf de croire qu’un tel système puisse exister sans qu’il n’y ait aucun souci. À l’exception de cette proposition, l’ensemble du livre sonne juste et donne envie de revoir ses usages afin de prendre le taureau par les cornes et ne pas culpabiliser sur nos usages individuels. Pour ma part j’ai décidé de faire plus attention à mon comportement à propos du numérique et j’espère vous avoir sensibilisé à cette problématique qui nous concerne tous.