Parlons de l’addiction à internet: sera-t-il la nicotine du XXI siècle?

Internet addiction

À quand remonte la dernière fois que vous avez terminé un travail sans être distrait par des informations reçues sur vos téléphones, tablettes et ordinateur?

Internet serait-il addictif?

Internet addiction

Vous avez déjà eu cette impression d’être là sans vraiment être là?  D’être physiquement présent.e dans un lieu pendant que votre esprit était capté ailleurs, par votre téléphone peut être?

N’avez-vous jamais la sensation de traverser votre journée comme un robot, sans avoir bien conscience de vos actions ni de vos sensations?

 

Il est difficile, de nos jours, de se consacrer à une activité sans être interrompu.e par le flow incessant d’informations reçu sur nos téléphones, tablettes et ordinateurs, ou l’envoi de notifications. N’y aurait-il pas l’émergence d’une certaine addiction à internet ?

En Janvier 2018, un français était, en moyenne, 4h48 par jour sur Internet et 1h22 sur les réseaux sociaux (tous terminaux confondus)*

*Données issues du rapport HUB Report future of social 2019.

Internet la nicotine du XXI siècle. Addiction internet

Etude Tendances du Digital et des réseaux Sociaux en France, Hootsuite et We Are Social, janvier 2018

Nous avions déjà été alarmé par l’impact avéré des écrans sur le cortex des enfants dans l’article de Marina Erhart. (Pathologie des écrans, héroïne numérique. C’est grave Docteur ?), mais que doit-on penser d’une possible addiction à internet ?

Ne vous est-il jamais arrivé de vous sentir accro à votre smartphone ou à votre ordinateur? Est-ce vraiment anodin ou doit-on s’en inquiéter?

Parmi les risques qu’on peut voir apparaitre liés à l’utilisation excessive d’internet on retrouve le phénomène FOMO (« Fear of missing out », soit la « peur de manquer » en anglais). Ce symptôme traduit la peur de passer à côté du dernier sujet de conversation à la mode, avec une augmentation significative de l’anxiété associée. Cela se traduit aussi par des réactions trop impulsives face à des thèmes abordés sur les réseaux sociaux. On peut aussi se sentir très nerveux dû à l’attente ou la réception de notifications. On voit aussi se développer une forte culpabilité d’avoir négligé d’autres tâches importantes, etc.

Ce qu’il est important de détecter c’est la différence entre une habitude constructive et agréable et une réelle dépendance. Quelque chose devient une dépendance quand cela interfère avec les activités quotidiennes et la capacité de la personne à profiter de la vie sans cette chose – que ce soit des drogues, des jeux d’argent, Internet ou un autre vice.

Concernant une potentielle addiction à internet, les études sont contradictoires

Les membres du groupe d’experts chargés de la révision de la section des troubles addictifs du manuel DSM IV ont décidé de ne pas inclure le trouble, rebaptisé trouble d’utilisation d’internet (« Internet Use Disorder »), parmi les diagnostics qui peuvent être posés. Le DSM est le manuel de référence qui répertorie et décrit toutes les maladies psychiatriques connues à ce jour.  Des études supplémentaires demeurent nécessaires avant une éventuelle introduction du trouble d’utilisation d’internet dans le manuel.

Faire un test pour connaitre son niveau d’addiction à internet

Il existe un test d’addiction à internet en 20 questions publié par la psychologue Kimberly S. Young en 1998, qui est le test le plus couramment utilisé dans la recherche en psychologie sur l’usage problématique d’Internet. A toute fin utile, je vous laisse tester votre niveau d’addiction en cliquant sur le lien suivant.

http://www.psychomedia.qc.ca/internet/test-addiction-a-internet

Même si à ce jour les études sont contradictoires, la question de l’utilisation excessive d’internet devient de plus en plus pertinente et nous devons en avoir conscience. Certains parlent d’un piratage de notre attention par les géants de la Tech qui cherchent à accaparer notre attention par tous les moyens en transformant l’usage de leur produit en addiction (S. Mallard – DISRUPTION). En face, les responsables de ce piratage, les GAFA eux-mêmes, s’emparent du sujet et disent commencer à prendre conscience de l’impact qu’ils peuvent avoir sur leurs utilisateurs.

 

Internet la nicotine du XXI siècle. Addiction internet

Application Digital Health d’Apple

Google a mis en place quelques outils permettant aux utilisateurs de contrôler le temps passé sur certaines applications, de les alerter lorsqu’ils y passent trop de temps.

Apple aussi a lancé en juin 2018 une fonctionnalité aidant les utilisateurs à réaliser le suivi du temps passé sur leur appareil, sur chaque application. L’utilisateur peut même définir ses propres limites pour l’utilisation du téléphone et des applications.

De même Facebook et Instagram proposent maintenant un tableau de bord des activités ainsi qu’un outil de gestion et de limite des notifications. Le groupe Facebook souhaite ainsi permettre à ses utilisateurs de « mieux gérer leur expérience» et contribuer à des interactions significatives.

Nous sommes aujourd’hui face à deux solutions:

La première consiste à se laisser porter par ce courant subversif sans résistance aucune. Advienne que pourra. L’autre option est d’agiter un red flag et de proposer des stratégies d’évitement comme cela avait été fait il y a presque 30ans du temps des débats sur la loi anti tabac (Loi EVIN 1991).

Dans mon prochain article j’aborderai les options envisageables pour lutter contre cette surconsommation d’internet. Est-ce qu’il ne faudrait pas par exemple prôner le slow web movement comme il existe le slow food movement?  Une autre solution pour les plus accros serait de proposer des cures de désintoxication digitale, via des retraites méditatives. Et pourquoi pas remettre au gout du jour « les leçons de choses » emblématiques de l’école primaire républicaine d’avant internet? Ce temps où nous passions une après midi à examiner attentivement des nervures d’une feuille de chêne. Rendez-vous le 5 février pour la suite.

Intéressé.e par le concept d’addiction à internet ? En attendant le 5 février, voici quelques propositions de lecture : « Pathologie des écrans, héroïne numérique ». C’est grave Docteur ? de Marina Erhart, 25/12/2018. Mais aussi le rapport du Hub Institute HUB REPORT FUTURE OF SOCIAL 2019 paru en décembre 2018. Si vous partez prochainement en vacances, je vous conseille le livre de Stéphane Mallard, DISRUPTION.