ONG & réseaux sociaux : le social media et l’influence à des fins solidaires

Et si l’utilisation des réseaux sociaux et de la communication d’influence servaient à des fins solidaires, humanitaires, environnementales ?

Ces derniers mois, plusieurs campagnes de sensibilisation ont été menées par des ONG sur les réseaux sociaux notamment sur Instagram. Avec 800 millions d’utilisateurs dans le monde et 4,8 millions d’utilisateurs par jour en France, Instagram est une plateforme incontournable de communication. Incontournable pour  toucher les fameux Millenials et pour être vu par le plus grand nombre en associant dans le dispositif de la communication d’influence.

Gros plan sur deux campagnes qui m’ont interpellées, marquée, que j’ai adorée (..et que j’aurais aimé imaginer 🙂 )

CARE France et ses #StoriesDuBoutDuMonde

L’utilisation des stories à des fins solidaires…

Chaque jour, plus de 300 millions d’utilisateurs publient une Story Instagram pour partager leur quotidien. Lancées en août 2016, les Instagram Stories connaissent une croissance phénoménale, engrangeant 50 millions de nouveaux utilisateurs quotidiens chaque trimestre.

Présente dans plus de 90 pays avec pour objectif de soutenir les femmes du bout du monde dans leur lutte contre la pauvreté, l’ONG Care mène des projets d’assainissement des eaux, de micro-financement, d’éducation… Pour soutenir les femmes qui luttent contre la pauvreté, Care France et l’agence BBDO Paris se sont emparées des Stories pour raconter les histoires de femmes du bout du monde de manière authentique, sincère et différente pour atteindre une cible difficile à toucher : les millenials.

« Tous les jours, nous utilisons des stories pour raconter nos journées. Et soyons honnêtes, la plupart du temps pour raconter des choses relativement futiles. (…). Ces femmes du bout du monde ont, elles aussi, un quotidien. Elles se battent, elles travaillent, ont des enfants, des « problèmes » à régler. Un peu comme nous au fond. Mais elles ne le partagent pas. C’est ce décalage qui nous intéressait et qui est profondément touchant. Seul un média comme Instagram à travers son usage nous permettait de toucher individuellement autant de personnes, de les sensibiliser, de les impliquer. » raconte Matthieu Elkaim, Directeur de la création de BBDO Paris (dans une interview pour le magazine Milk).

C’est ainsi qu’est né #StoriesDuBoutduMonde : deux documentaristes sont partis durant un mois à la rencontre de 7 femmes dans 7 pays et les ont aidées à réaliser une story exactement comme n’importe quel instagrameur le ferait ici.

7 histoires de femmes, 7 stories partagées pendant 7 jours sur le compte @care_france, pour rappeler que « si on a tous une histoire à partager, certaines méritent d’être soutenues » ; et sur les comptes d’influenceurs tels que Enjoy Phenix (4,2 M), Sananas (1,7M), Natacha Birds (256K), Noholita (610), Kenza (144 K), Ophélie Meunier (241K) ou encore Pierre Niney (421K). Avec cette campagne de sensibilisation, Care France et BBDO Paris nous ont donné à voir la réalité, sans aucun filtre.

Pour Matthieu Elkaïm, Directeur de création BBDO Paris : « On a déjà été confronté à des documentaires, des reportages, des films publicitaires, des affiches qui traitent de ces sujets mais on n’a jamais vu personne venir se glisser dans notre fil Instagram, au milieu de nos amis, de nos proches, pour nous raconter quelques heures de son quotidien. » 

#TooLatergram de WWF by TBWA\Paris

Une campagne CHOC surfant sur la retouche des photos.

Combien sommes-nous à saliver devant des paysages paradisiaques sur Instagram (qui paraissent parfois irréels) ? Combien sommes-nous à poster nos photos de voyages, de nature ? Beaucoup. Des millions même si on en croit les # les plus utilisés : #travel (274 M de publications), #nature (309 M de publications). Et qui retouche chaque photo avant de la publier sur son compte Instagram ? Beaucoup…Et moi la première…

Avec sa campagne de sensibilisation digitale #TooLatergram pour alerter les internautes sur les ravages de la pollution, WWF et son agence TBWA\Paris se sont emparées de cette utilisation massive voire même banale de la retouche photo sur Instagram.

Elles ont voulu montrer des lieux qui n’existent plus : des lieux paradisiaques dévastés par l’homme … nettoyés, ensuite, par un logiciel de retouche.  9 endroits paradisiaques ont été mis en avant : Guyane, Grande barrière de corail, Mont Blanc, Californie, Île Henderson, Brésil, Nord Svalbard, Yang Tsé Kiang et Sumatra. Chacun présente des problèmes environnementaux comme la pollution des eaux, la déforestation, le réchauffement climatique, l’acidification des océans, etc.

http://www.mbadmb.com/wp-content/uploads/2018/04/direct.jpeg

Et c’est, naturellement, sur Instagram que cela s’est déroulé. Neuf instagrammeurs voyage – Guillaume Ruchon (42,9K), Nvmero (68,5K), LittleGypsyBlog (41,7K), CharlenedesDoits (25,8K), NomadNoCry (93,5K), Capra311 (115K), TeddyBearPhotos (81,9K) ou encore MissCoolPics (349K) – ont été invités à poster une photo d’un lieu paradisiaque. Et ensuite la photo du lieu tel qu’il est actuellement : dévasté. Une photo postée sans « retouche » accompagnée d’un message simple et percutant « « Malheureusement, aujourd’hui cet endroit ne ressemble plus à ça » : #TooLatergram. Mais sauvons les endroits qui peuvent encore l’être ».

A la fin de la campagne, les clichés ont été regroupés dans une vidéo pour prolonger la durée de la diffusion

Le seul point que je trouve dommage : sur les 9 instagrammeurs activés, seuls 6 d’entre eux ont conservé dans leur feed les photos… Pourquoi ? La réponse est venue de l’agence : ces 3 instagrammeurs ont privilégié les stories pour faire passer le message. (Merci Guillaume Jacquelin head of social media 

Pour conclure : deux causes / deux dispositifs et chacun a utilisé avec brio les codes des réseaux sociaux, la communication d’influence pour générer à la fois de la visibilité sociale et des articles dans des média nationaux.

Un seul mot. BRAVO