Militantisme : les trois vague du militantisme au sein du mouvement féministe

Le militantisme est une pratique engageante et collective envers une cause, qu’elle soit de nature morale, religieuse, sociale, politique, associative ou encore syndicale. Cette pratique a particulièrement marqué le mouvement féministe et s’est ancré au fil des années dans l’histoire de l’émancipation des femmes. Découvrez les 3 vagues du militantisme, des temps forts de l’histoire pour l’égalité. 

L’essence même du militantisme est de lutter et de protester contre ce qui est perçu comme étant une injustice. Ce terme tire son origine guerrière du latin, il désigne le service militaire et le métier de soldat. On retrouve également une dimension religieuse très forte au mot militantisme, qui désignait les fidèles au sein des églises. Ce n’est qu’à partir du XXe siècle que l’on commence à interpréter le militantisme relatif a un comportement collectif et une action sociale. Il est important de mentionner que le militantisme existe depuis la nuit des temps. Même si le concept du militantisme n’était pas défini, il y depuis toujours des actions et mouvements qui tirent leur essence du militantisme. L’être humain a toujours été militant, l’action n’était juste pas formulée. Pour prendre un exemple concret on peut observer les révoltés et les mouvements de protestation. Depuis des siècles les êtres humains se sont révoltés et ont protesté contre ce qui leur semblait être des injustices.

L’histoire du militantisme a commencé avec les révoltes d’esclaves sous la République Romaine en 509 avant J-C. L’une des révoltes les plus emblématiques des mouvements de protestation pendant cette période de l’histoire, est la Troisième guerre de Séville. Spartacus, célèbre gladiateur, mène la révolte et se place comme leader des esclaves. à travers les siècles on observe de nombreux exemples de mouvements militants. En 1381 les paysans anglais se révoltent contre l’impôt par tête 13. Plus tard au XXe siècle Mahatma Gandhi mène la marche de sel, accompagné de plus de 50 000 personnes.

La première vague du militantisme féministe

On observe trois grandes vagues du militantisme au sein du mouvement féministe. La première donne lieu a des manifestations massives des femmes au sein de l’espace public. Elle passe également par la publications grandissantes de journaux ainsi que par l’émergence d’organisations de femmes. Le début du XXe siècle marque une première rupture dans le combat pour l’égalité. C’est pendant la première partie de ce siècle que les femmes prennent peu à peu leur émancipation aux yeux de la société. Pour la plupart des pays d’Europe et en Amérique du Nord, le droit de vote est enfin reconnu et les femmes deviennent, à juste titre, citoyennes durant la première moitié du XXe siècle. C’est le début de leur vie politique, elles peuvent donc adhérer et s’engager à des partis. Mais ce n’est pas le seul facteur, la place de la femme au sein de la société commence à évoluer. Elles sont de plus en plus nombreuses à travailler, dans les usines ou encore dans les bureaux. Le début du XXe siècle marque également le début de leur droit à l’éducation. Elles sont peu à peu autorisées à suivre des formations universitaires. Après la seconde guerre mondiale et dans la plupart des pays d’Europe, les femmes obtiennent des droits politiques à l’égal des hommes. Malgré un patriarcat toujours aussi ancré dans la moeurs de la société, le mouvement féministe Européen fait un pas impressionnant dans son combat pour la parité. Les femmes peuvent désormais occuper des emplois, aller à l’université ou encore divorcer. Elles goûtent pour la première fois à une forme d’émancipation politique et sociale.

La seconde vague du militantisme féministe

Lors de la seconde partie du XXe siècle le mouvement féministe va resurgir avec une dimension encore plus militante. Cette deuxième vague “vise à la libération de la femme”. On retrouve de plus en plus d’actions féministes, mais surtout plusieurs modes de pensée différents. Le mouvement subit une rupture car il commence à se fracturer en plusieurs idéologies qui n’ont pas la même vision de la lutte.

Le féminisme libéral par exemple, va apporter une vision plus législative à la cause en proposant des réformes et des lois en matière d’égalité homme- femmes. Pour ce courant la cause n’a aucune chance si elle ne se bat pas pour des combats concrets tels qu’un changement dans la législature. 

Le féminisme radical lui va se révolter contre le patriarcat en pointant du doigt les oppresseurs : les hommes. C’est ce courant qui va mettre en lumière une vision violente des rapports hommes-femmes et dénoncer les violences domestiques subies par les femmes au sein de leur foyer. 

Enfin, le féminisme socialiste est une branche du mouvement qui va émerger et prendre de plus en plus de place au sein du mouvement. Ce dernier fonde son idéologie que l’oppression des femmes est due à une combinaison du capitalisme et du patriarcat. Suite à cet éveil des consciences, le féminisme va devenir un nouvel objet d’études pour la sociologie. À la fin du XXe siècle le mouvement féministe devient une discipline enseignée à l’université, les ouvrages des femmes sont étudiés et les idéologies féministes commencent à se démocratiser dans la sphère académique. Les femmes prennent le pouvoir sur l’histoire, la musique, la littérature et bien d’autres enseignements. 

La fin du XXe siècle est marquée par une avancée capitale de la lutte pour les droits des femmes. La Convention sur l’élimination de toutes formes de discriminations à l’égard des femmes est adoptée le 18 décembre 1979 par l’Assemblée générale des Nations unies. Deux ans plus tard, en 1981, elle entrera en vigueur après avoir été ratifiée par 20 pays.

Dans la seconde moitié du XXe siècle un mouvement féministe va émerger en France ; le Mouvement de Libération des Femmes (MLF). Il se base sur le modèle du Women’s Lib, un mouvement qui avait débuté au Royaume-Uni puis s’était levé aux Etats-Unis. Il découle du mouvement des suffragettes, lors de l’obtention du droit de vote des femmes en 1918 au Royaume-Uni. Le Women’s Lib c’était donc dressé sur le continent américain pour protester, dans le but d’obtenir à leur tour ce statut citoyen. Ce fut un militantisme qui paya car les américaines obtinrent le droit de vote l’année suivante en 1919.En France le Mouvement de Libération des Femmes revendique la libre disposition du corps des femmes, remet en question la société patriarcale. Ce mouvement participe activement à la lutte pour le droit à la contraception et à l’avortement amorcé par le planning familial. Il va également remettre en cause une forme de militantisme traditionnelle avec un nouveau modèle et une organisation différente. Il fonctionne par assemblée générale et possède un répertoire d’actions extra-parlementaires comme l’organisation de manifestations, la création de pétition ou encore la tenue de réunions publiques. C’est cette dimension législative qui va créer une rupture avec le militantisme classique.

La troisième vague du militantisme féministe

C’est en 1990 qu’on assiste à la troisième vague du militantisme féministe. Elle s’installe aux Etats-Unis pour se répandre par la suite dans les pays d’Europe. Cette vague se lève en réaction aux médias dits conservateurs de l’époque et aux politiciens américains qui commencent à annoncer la fin du féminisme en mentionnant le “post féminisme”.

Cette troisième vague du mouvement féministe va utiliser la culture populaire ainsi que les médias pour mettre en avant ses idées et démocratiser ses actions. Cette démocratisation passe par une communication importante via les blogs et les magazines électroniques. Les questions abordées par les féministes de la troisième vague vont s’éloigner des problématiques fondamentales de la lutte du mouvement féministe. A l’origine le mouvement féministe naît sur les fondements de la lutte contre le patriarcat et et de l’égalité entre les hommes et les femmes. Entre le XVIII et le XIXe siècle l’opposition des femmes contre l’oppression de l’homme dominant au sein de la société va se diversifier pour toucher divers sujets : la citoyenneté, la liberté professionnelle ou encore l’émancipation matrimoniale. On remarque donc que plus les siècles avancent et plus le féminisme se réinvente. Le mouvement garde bien-sûr son essence : un combat pour la parité dans une société menée par des hommes. Cependant les courants féministes qui émergent à partir du XXe siècle vont mettre en lumière d’autres oppressions subies par les femmes.

Cet éveil des consciences va pousser les féministe de l’époque à repenser les luttes et à élargir la cause. Courant XXe siècle, les féministes cherchent donc à analyser les diverses oppressions quotidiennes subies par les femmes. Apparaît alors la question du harcèlement sexuel, de la violence domestique, de l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes, des troubles alimentaires que vivent les femmes, des droits sexuels ou encore de l’image corporelle féminine. Toutes ces questions vont bouleverser certaines féministes qui décident de se battre pour tout un ensemble de problématiques et plus seulement que pour l’idée de la parité.

Sources

#15 Le militantisme féministe – Em

Le féminisme ou des féminismes?