Vous recevez des notifications intempestives à longueur de journée du type « X vient d’ajouter du contenu à sa story » ou encore « Y est en direct » ? C’est normal… X et Y ont tout simplement compris le tsunami qui est en train de déferler sur la sphère digitale : l’avènement du live stream. On ne parle plus que de ça ! En pleine ascension, l’onde de choc ne fait que commencer…
Le jour où tout a basculé…
Il fut un temps où le social media marketing était encore un jeu d’enfants : on postait une photo, on attendait un peu en croisant les doigts pour que ça marche et on récoltait ensuite en quelques clics, le fruit de notre investissement digital : des « likes » en pagaille et une audience grandissante.
En moins de temps qu’il n’en faut à une influenceuse pour se prendre en photo, le phénomène du live vidéo a débarqué en 2015 et a rapidement tout balayé sur son passage : Meerkat d’abord, Périscope ensuite (très vite intégré au sein de Twitter). En Août 2015, le mastodonte Facebook se lance lui aussi dans le live, achevant de changer à jamais et en profondeur l’usage des réseaux sociaux.
Le Social Live Stream, c’est quoi ?
Comme son nom ne l’indique pas en Français, le live stream est un flux direct, une diffusion en temps réel de contenus vidéos. Particulièrement adapté à la diffusion d’événements en tout genre : événements sportifs, débats politiques, concerts, défilés de mode, etc., le live permet désormais à tous d’avoir la sensation de faire partie des « happy few » et de participer aux événements les plus courus.
Avec ses 2 milliards de visiteurs mensuels, Facebook est sans conteste le réseau le plus populaire. Une vidéo sur 5 est un live et ses utilisateurs passent d’ailleurs 3x plus de temps à regarder une vidéo lorsqu’il s’agit d’un direct. Un chiffre qui s’explique, selon un article récent de Hub Institute, par la possibilité pour les internautes de réagir en direct à ce qui se passe dans la vidéo. « Le temps de lecture quotidien des live a été multiplié par 4 au cours de l’année qui vient de s’écouler » a récemment précisé Mark Zuckerberg qui mise désormais sur la technonologie VR et sa possibilité de faire, sans équipement particulier, des directs à 360 degrés.
Dans un monde de plus en plus vidéo-centric, les marques ou les utilisateurs lambdas n’hésitent donc plus à se prêter au jeu du partage de contenu en direct. Avec le live stream, c’est d’ailleurs une nouvelle forme de communication qui voit le jour puisque cette dernière n’est plus linéaire et que l’utilisateur devient acteur.
Le Live Stream, une révolution pour les médias et les marques
À une époque où les marques ont de plus en plus de mal à se démarquer, le live est devenu incontournable dans leur stratégie digitale. Pour Jean-Philippe Sionneau, responsable de la communication du Coq Sportif, « le live stream est littéralement en train changer la façon dont les marques communiquent. L’important (pour nous), c’est de pouvoir créer un lien direct, spontané et donc authentique avec notre communauté ». Quant à Amel Mainich, social media manager chez Sephora France, « le live est un must-have puisque c’est également un levier achat ». Ainsi, lors d’un événement live en octobre 2017, les internautes pouvaient directement acheter grâce à un lien intégré à la vidéo, la nouvelle palette Anastasia Beverly Hills mise en avant par la blogueuse Caroline Receveur.
Avec une interaction immédiate et un dialogue plus fluide et spontané, l’expérience du live s’impose de plus en plus comme une évidence, notamment auprès des millennials. Pas si étonnant finalement, quand on sait à quel point ces digital natives sont attirés par le caractère exclusif et exceptionnel de ce type de contenus : découverte en avant-première de nouveaux produits, tutoriels, interviews exclusives de célébrités, Q&A, sneak peek des backstages et de l’envers du décor…
Et ça, David Lantin l’a très vite compris, lui qui anime des émissions de télévision plébiscitées par la génération Y. Dénicheur de talents mais aussi habitué à être un précurseur en matière de production, il crée en 2017 avec Philippe de Jandin, son binôme de toujours, Made in Live. La jeune start-up qui travaille déjà avec de grands noms de la cosmétique ou de l’hôtellerie de luxe, se spécialise dans la captation, production et diffusion d’événements en direct. « Nous sommes une génération dans l’ère de l’Instant. Les gens en ont assez du côté mise en scène qu’il peut y avoir à la télévision par exemple. Avec l’expérience du live, ils ont le sentiment que tout peut arriver. La spontanéité de la captation en temps réel crée une véritable authenticité. Il s’agit d’une révolution indéniable pour les marques qui renforcent ainsi leur visibilité et leur côté humain », expliquent les deux associés qui lancent de façon parallèle, début février, ce qui sera sans doute, le prochain grand phénomène des réseaux sociaux : les émissions format TV sur Facebook Live !
Mark Zuckerberg et FrankenLive
Facebook a-t-il crée un monstre qu’il ne contrôlera bientôt plus ? La question pourrait rapidement se poser.
On l’aura compris, véritable mane pour les marques qui rassemblent et fidélisent à bas coût leur communauté autour d’elles, Facebook Live est également devenu un outil indiscutable pour les célébrités qui restent ainsi en contact avec leurs fans ou les politiques qui s’adressent à leurs électeurs (le Premier Ministre, Édouard Philippe par exemple, répond toutes les semaines, aux questions des internautes sur sa page officielle). Mais avec l’essor du phénomène, tout n’est pas tout rose dans la sphère digitale et la social live vidéo connaît également quelques dérives.
Malgré un succès incontestable, le live stream a été émaillé de plusieurs scandales ces derniers mois : en Thaïlande, un père pend sa fille de 11 mois et se suicide en direct ; en République Tchèque, une mère et sa fille se tuent dans un accident de voiture en plein live ; aux Etats-Unis, un homme assassine un septuagénaire online… et pour finir sur une note plus légère : 3 ados de 15 ans diffusent leurs ébats.
Si le nombre des débordements reste minime comparé au nombre de diffusions, il n’en reste pas moins à surveiller. Pour lutter contre les contenus inappropriés (pédopornographie, pornographie, viols, suicides, meurtres et autres faits bien sympatiques) Mark Zuckerberg a sacrifié la santé mentale de mobilisé 7 500 modérateurs pour répondre aux millions de signalements adressés chaque semaine à Facebook. « J’ai vu des choses qui m’ont fait reconsidérer ma foi en l’humanité » s’est confié un des employés au pire poste de l’industrie tech. … autant dire, une goutte d’eau dans l’ocean…