Les startups entrent dans l’écosystème de la Société Générale, avec des bénéfices partagés, au sein d’espaces de travail métamorphosés. L’objectif est aussi d’accélérer la transformation managériale initiée par la révolution digitale et d’imprégner les collaborateurs de nouvelles manières de travailler.
Connaissez-vous @LePlateauSG de la @SocieteGenerale ? Cet espace futuriste héberge des startups sur 1 000 m2 dédiés à l’open innovation, au beau milieu des 5 500 collaborateurs travaillant dans #LesDunes. C’est un espace de travail à l’image des bureaux de Google ou de Facebook. Doté d’outils numériques et fonctionnant en modes de travail ouverts et collaboratifs, l’objectif est de rompre avec la culture verticale de la banque, de bousculer les habitudes de travail et d’attirer de nouveaux profils.
J’ai eu la chance de visiter en mai 2017, avec Oriane DO ROSARIO et Karine RICHET du MBA Digital Marketing & Business de l’EFAP, Le Plateau et LesDunes avec Flore JACHIMOWICZ, Directrice Associée à la Direction de l’Innovation, Responsable du Plateau et des Partenariats et Thierry VAUFREY, Responsable Exploitation Immobilière des Dunes, ainsi que Thibaut BIGOUROUX, Régisseur Général du Plateau.
Les Dunes
Le site des Dunes (6 allée des Sablons, 94120 Fontenay-sous-Bois, ouvert progressivement fin 2016-début 2017) regroupe pas moins de 10 000 personnes, quand on y ajoute le site déjà existant de l’autre côté de la station de RER « Val de Fontenay ». S’y regroupent les métiers techniques de la banque, les autres directions étant sur les 2 autres sites (Haussmann et Valmy-La Défense), et permet d’équilibrer la présence de la banque à l’Est parisien. Le site regroupe 30% d’espaces collaboratifs, et reprend le code des GAFA (un lieu de vie avec cafés, espaces détente, jardins et terrasses etc.…) afin de rendre les collaborateurs heureux et de favoriser les échanges.
De même que pour les salles de marché transférées dans le nouvel immeuble Basalte à la Défense (un grand tube tout en longueur sur 180 m et 30 m de large ressemblant au Mucem) la conception des bâtiments des Dunes a été prévue pour être très flexible. En effet, il n’y a pas de bureau attitré (mais seulement un casier personnel), et chaque service est un « quartier » relié aux autres par « la Vallée », grande galerie centrale.
Les « Escales » sont des espaces de co-working avec des grands écrans à disposition pour y insérer son ordinateur portable. Le management intermédiaire n’a donc plus de bureau individuel et en général les collaborateurs télé-travaillent 2 jours par semaine. Il s’agit donc d’un changement de manière de travailler et de manager son équipe.
Cette petite vidéo explique très bien le projet et la stratégie sous-jacente dont l’objectif est de métamorphoser la banque et de transformer ses collaborateurs. « Il faut que les salariés reprennent du plaisir au travail. On s’est donc inspiré des entreprises les plus attractives, les GAFA par exemple, des espaces de co-working et des accélérateurs de startups, on a aussi interrogé la génération Y sur ses attentes. Il n’y a aucun bureau individuel ni fermé » explique Françoise MERCADAL-DELASALLES, Directrice des Ressources et de l’Innovation. Ce bâtiment veut aussi marquer son époque et être le signe de la transformation de la banque.
Le Plateau
Pour favoriser la collaboration entre équipes projets, startups internes et externes et écosystèmes de la FrenchTech, cet espace créé une communauté de partage de ressources, d’expériences et de connaissances, et les conditions idéales pour favoriser l’innovation et la création de valeur. Actuellement 10 startups externes sont hébergées gratuitement et sans contrepartie pour 6 mois (13 l’ont été en tout depuis l’ouverture).
4 personnes gèrent le Plateau dans l’équipe de Flore :
- Un régisseur
- Une responsable de l’animation et des résidents
- Une responsable de la communauté externe et des évènements
- Une personne en charge de l’accompagnement méthodologique et de l’accélération.
Le Plateau est un accélérateur dont l’objectif est d’augmenter les frictions avec les startups pour s’inspirer de leur mode de fonctionnement. Le lieu a été conçu par Flore et par des collaborateurs Société Générale dans le cadre d’ateliers de co-création, après 24 mois de collaborations avec des lieux partenaires de l’écosystème (Liberté Living Lab, MakeSense, Le Tank, etc…).
Ces partenaires reçoivent déjà des collaborateurs de la banque en immersion généralement le temps d’un « sprint » UX design (5 jours en général) pour leur apprendre à travailler avec des méthodes plus agiles. Cela permet aussi de traiter des sujets en bloquant certains collaborateurs sur un projet, ce qui est impossible en interne faute de pouvoir bloquer les agendas de différents métiers pendant plusieurs jours. A terme, Le Plateau (et d’autres espaces à venir) permettront aussi de pouvoir s’isoler en équipe projet tout en étant dans les murs.
Le plateau répond à la vision du groupe que dans un mode économique en pleine mutation technologique et d’usages, une entreprise doit apprendre à travailler différemment. L’achat de startups est une stratégie qui ne fonctionne pas toujours car la créativité des équipes s’étiole une fois dans le grand groupe. Et si elle attend, l’entreprise traditionnelle se verra ubérisée tôt ou tard. L’idée est donc de co-créer des startups en les incubant, sans leur demander quoi que ce soit en dehors d’une coopération avec les équipes de la banque. Cette liberté est essentielle pour laisser l’innovation se révéler et pour garder l’esprit créatif.
Les mots clés pour le bon fonctionnement de cet espace sont selon Flore JACHIMOWICZ : #PartageExpériences #Solidarité #Bienveillance #Transparence comme elle l’explique dans la vidéo ci-dessous. L’exemple de FlyOff, prouve la relation « gagnant-gagnant » entre les organisations. « Sur le Plateau, l’apport au quotidien est d’être en contact direct avec les projets intrapreneuriaux de Société Générale, pour partager nos réflexions sur des axes communs, comme l’acquisition client, le testing de l’application etc.» explique Clément Garrigue, CEO de la startup.
Cette startup a développé une application mobile où le voyageur fixe le prix pour lequel il est prêt à partir sur un billet d’avion. Un système qui permet aux compagnies aériennes d’optimiser leurs ventes, notamment en remplissant leurs sièges vides. En décembre, un pilote a été lancé avec Transavia sur dix destinations au départ de Paris.
Choix des startups
Les partenaires externes (incubateurs tels que MakeSense) font des propositions, qui sont étudiées par les experts métiers des Business Units qui ont leur propre vision des marchés visés et des innovations potentiellement intéressantes. Le choix des startup accélérées se fait aussi selon deux axes stratégiques :
Les startup « Comment », qui portent un projet en rapport avec les services de la banque aujourd’hui :
- Fintech
- AssuranceTech
- AdminTech
Parmi les startups hébergées « Comment » il y a par exemple BirdyCent, une FinTech qui veut rendre l’épargne fun et accessible. Leur appli BirdyCent permet d’économiser de l’argent sans effort grâce à l’arrondi. Derrière cette belle idée : Fabien Keller et Julien Mortuaire, les deux fondateurs de BirdyLabs, rejoints par Clément Flinois en 2016.
Les startup « Pourquoi » permettent à la banque de travailler sur des thématique d’avenir pour la société et donc pour la banque, avec un rôle prospectif :
- L’agriculture urbaine (comment nourrir 9 à 10 milliards d’individus dans 40 ans)
- L’orientation scolaire (de quels métiers la société et les entreprises auront besoin demain ?)
- L’économie sociale et solidaire (RSE, économie collaborative en plein essor)
Une startup hébergée est par exemple #LoveYourWaste qui veut transformer les déchets des restaurants (comme les 17 restaurants de la banque) en biogaz pour alimenter les bâtiments publics ou privés, les crèches….
Par ailleurs, La Société Générale prend aussi des parts dans des startups au travers de partenaires tels que 360 Capital Partners, Daphni -le fonds de Marie Ekeland- et Partech Venture qui investit dans les des séries A et B notamment. Par ailleurs, une direction du groupe MCIB investit dans des PME comme par exemple « Lulu dans ma rue » qui met en relation les habitants d’un quartier avec des « Lulus » qui leur rendent des petits services. Ce sont 25 salariés, 130 Lulus microentrepreneurs qui gagnent en moyenne entre 600 et 700 euros par mois et « 98 % des clients très satisfaits ».
Startups internes
Les équipes internes travaillent sur des projets avec des méthodes innovantes, agiles et ensuite diffuse cette « culture » au sein du groupe. De plus, le top management du groupe (COMEX) a décidé d’encourager la création de startup internes qui sont lancées par des initiatives personnelles et validées par les directeurs de Business Units. En accord avec les RH, les personnes sont mises à disposition pour 6 mois, et ont la possibilité de co-construire avec des compétences apportées par le Plateau : développeurs, UX Designers, coaches agiles, chefs de projet internes ou partenaires externes. Une startup interne n’est pas rattachée à un département ce qui lui donne une souplesse qu’on ne peut pas avoir dans un mode hiérarchie plus traditionnelle.
Il y a beaucoup de partage avec les autres startups : Petits déjeuners collectifs, déjeuners hebdomadaires ou chacun explique ses avancées et demande de l’aide, des « midi-pitchs » où chacun peut assister etc… Il y a aussi des Meetup réguliers sur la Fintech et autres conférences spécialisées qui ouvrent l’esprit et favorisent le networking. Un ecosystème se créer autour des startups avec du conseil en finance et fiscalité, la BPI qui vient faire des conférences, etc…
Un exemple de startup interne est STEP 31 : avec 6 collaborateurs qui viennent des départements différents, cette startup interne travaille sur la problématique de réponse aux questions des utilisateurs dans le cas précis de renouvellement du PC. « L’avantage du mode startup, c’est qu’on s’autorise à remettre en cause l’existant, l’historique, certaines lourdeurs opérationnelles, administratives, d’infrastructure, des contraintes technique avec le seul but de répondre aux besoins de l’utilisateur d’une manière simple et efficace, » explique Edouard Marteau d’Autry, le Responsable de STEP 31.
Les partenariats récents :
Jokkolabs, spécialisé sur l’Afrique est un laboratoire d’idées tourné vers l’action (notamment dans les domaines de la santé, de l’agriculture, de l’éducation et des nouveaux médias) et qui pense qu’une innovation locale peut avoir un impact mondial qu’elle vienne du nord ou du sud.
L’Ecole 42 qui est la première formation en informatique entièrement gratuite, ouverte à tous et accessible aux 18-30 ans. Sa pédagogie, c’est le peer-to-peer learning : un fonctionnement participatif qui permet aux étudiants de libérer toute leur créativité́ grâce à l’apprentissage par projets. Fondé par Xavier Niel en 2013 alors que l’industrie du numérique est en plein manque de développeurs informatiques en France. Pour former en grand nombre les meilleurs talents de demain, l’école met à disposition la meilleure infrastructure dans un lieu unique et moderne.
La Web School Factory, école créée par Anne Lalou, ancienne banquière et directrice de cette école du management du numérique. Son credo : travailler au plus près des besoins des professionnels. « Apprendre et faire » dans une « école entreprise » qui abrite aussi bien des projets étudiants que des startups en plein développement. Par exemple, créé par cinq étudiants de la Web School Factory, Kushim vient de lever 300 000 dollars. Son objectif : permettre aux investisseurs de manager leurs portfolios, le tout de la manière la plus simple possible. Un coup de pouce financier mais aussi une reconnaissance du terrain, un quitus accordé à la pédagogie appliquée dans ce jeune établissement dont la première promotion quittera les bancs à la fin de l’année.
Conclusion
L’idée du groupe est d’utiliser les Dunes et le Plateau pour intensifier l’incitation à travailler différemment, pour attirer de nouveaux talents qui compenseront les départs en retraite des prochaines années. La mise en place d’un système de mentoring qui pourra être aussi inversé est à l’étude. En tout cas le concept fait des curieux, car 3 000 visiteurs internes et externes sont passés sur Le Plateau depuis 6 mois… Notamment grâce à la communication faite via les Newsletters, la chaîne YouTube, les comptes Twitter et Périscope comme sur le réseau interne Jive.
#LePlateau