L’implantation du digital dans le milieu viticole (Interview)

Le digital prend une place de plus en plus importante dans les entreprises depuis quelques années et encore plus depuis la crise du Covid-19.

Les métiers s’adaptent à cette révolution numérique, de nouveaux se créent.

Cette transformation digitale a notamment permis :

– la disparition des barrières de temps : tout est en temps réel maintenant, et nous pouvons être en contact perpétuellement avec les gens qui nous entourent.

– le développement du e-commerce : canal de distribution essentiel.

– la mise en place du télétravail : Le télétravail a été une aubaine pour les entreprises qui l’ont développé permettant la continuité d’une grande partie de l’activité à distance. Cependant, il faut rester vigilant, notamment concernant la qualité des infrastructures, les compétences humaines et la sécurité, qui sont des éléments indispensables pour garantir la pérennité d’une entreprise et de telles stratégies de transformation digitale.

Les progrès techniques 

La digitalisation du milieu viticole est en marche depuis quelques années et c’est un point essentiel pour les domaines que de proposer une expérience d’achat digitale.

Cela concerne l’achat de vin, mais aussi celui de prestations oenotouristiques qui connaissent un fort développement, ainsi que les apports techniques à la viticulture. La vente de vin en ligne poursuit, au fil des années, une croissance rythmée de plus de 30% par an.

En 2015, 29% des vignerons indépendants proposaient la vente en ligne sur leur site internet. Cette tendance se confirme en représentant environ 10% des ventes en valeur totales de vin en France. Le consommateur souhaite de plus en plus de qualité et de traçabilité.

Nous sommes aujourd’hui à l’ère de la viticulture de précision. Elle repose sur 3 grands axes : Technique (augmenter les performances agronomiques d’une exploitation), Economique (optimiser le gain), Environnemental (limiter les impacts des pratiques).

Les progrès qui ont déjà été mis en place sont par exemples :

– La télédétection : vues satellite ou aériennes. Elle permet notamment de donner au viticulteur des indications précises sur l’état du couvert végétatif ou encore des maladies.

– Des outils de proxy-détection : des capteurs placés dans la parcelle qui relèvent des données au plus proche de la vigne. Ils permettent notamment à l’image des capteurs de flux de sève, de mesurer la transpiration de la vigne et ainsi gérer l’état hydrique de la vigne.

Le matériel agricole aussi se digitalise. Désormais, les tracteurs sont guidés grâce à leur géolocalisation, leurs outils sont régulés de manière précise pour éviter toute perte. L’objectif de ces outils est d’obtenir les données les plus précises possibles pour mieux comprendre ce qui influence la qualité finale et de permettre au vigneron de prendre des décisions.

Au sein du chai également, les cuves sont connectées et disposent de capteurs de température, couleur, teneur en oxygène, etc. Il existe aujourd’hui des capteurs qui, à partir de mesures indirectes, permettent de suivre l’évolution de la qualité du produit, comme l’avancement des fermentations.

Cuves à vins

Rencontre avec l’expert 

A l’occasion de cet article, j’ai pris contact avec Marie Damoiseau, responsable digital et événementiel chez les Domaines Barons de Rothschild.

Marie Damoiseau

 Je lui ai posé quelques questions afin d’en savoir un peu plus sur les avancées technologiques qu’ils mettent en place au sein de leurs différentes propriétés.

Bonjour Marie, depuis combien de temps travailles-tu dans le milieu du digital ?

Je me suis spécialisée dans le digital depuis plus de 4 ans.

Que penses-tu de l’avancée et la transformation digitale qui a pu s’instaurer dans le milieu viticole ?

Il était déjà bien établi notamment pour l’univers des champagnes et spiritueux. Par contre pour les vins de Bordeaux il y a eu une vraie évolution en matière de digitale. Les plus grands noms s’y sont mis et on a pu constater une plus grande présence sur le digital pour les vins de Bordeaux. On constate toutefois qu’ils sont encore frileux en information et reste très cloisonnés dans les cases très spécifiques à Bordeaux.

Quelles sont les plus grandes avancées qui ont lieu au sein des Domaines Barons de Rothschild ?

En plus de 4 ans, j’ai eu la chance de voir le développement de la sphère digitale, avant ça rien existait. La création d’un compte Instagram pour la quasi totalité de nos propriétés a été une vraie révolution dans la manière de communiquer chez DBR, c’est la première fois qu’on s’adressait en BtoC.

As-tu remarqué un changement notamment depuis la crise du Covid-19 ?

Tout se fait de façon digitale. Les réunions, les dégustations tout est dans l’instantané. Ça a été révolutionnaire et nous a beaucoup aidé, mais je pense que dans le milieu du vin, on perd toute la magie à être trop connecté.

 

Comment vois-tu l’avenir de ce milieu : Le monde des vins et spiritueux ?

Une façon plus informelle “d’éduquer” et d’aborder les passionnés et les novices, donc ce secteur va être de plus en plus exploité dans l’univers du vin, les maisons auront toujours en tête d’être au plus près de ses consommateurs et de montrer accessible et non plus exclusive comme ça a pu être le cas. Même si je pense que ça va être amené à évoluer, on restera toujours dans le contact et le face à face.

Livre de Donald Miller "Building a Story Brand"