Digital dans la culture, un levier contre l’insularité à la Réunion

La Réunion, département Français de 2500km² et de 860 000 habitants, situé dans l’Océan Indien, est connue pour sa richesse culturelle. Cependant, par son éloignement géographique, l’île peine à faire rayonner cette culture…
Une solution existe pourtant : le digital dans la culture, un levier contre l’insularité.

vue de Hellbourg à la Réunion

La culture

Tout d’abord, qu’est-ce que la culture ? La culture regroupe l’ensemble des savoirs et savoirs-faire, des traditions, des coutumes et des croyances propres à un groupe ou une civilisation. Elle se transmet socialement, et par génération, en conditionnant les comportements individuels et collectifs, et ses manifestations sont les langues, les arts et les techniques.

 « Toute discussion sur la culture doit d’une manière ou d’une autre, prendre comme point de départ le phénomène de l’art» (Hannah Arendt).

il subsiste tout d’abord une culture collective aux hommes. Appuyons-nous sur le travail de Kwasi WIREDU, qui définit l’être humain comme rationnel. Cette aptitude à faire preuve de rationalité est donc une preuve d’un état partagé par tous. L’auteur définit également deux autres éléments d’universalité : le social et la morale.

La présence de ces éléments universels est donc ce qui permet à des personnes de cultures différentes d’interagir, mais crée également des conflits. En effet, les différentes cultures varient selon huit critères : la langue, la vision du monde, la religion, la philosophie, la science, la technologie, l’esthétique et enfin les coutumes.

Cette « accumulation culturelle » aide à la diversité, et permet également de mettre en contact différentes cultures, ce qui au long terme amène à un enrichissement mutuel. C’est le cas de la Réunion.

La culture a donc plusieurs aspects. L’un concerne un ensemble de domaines artistiques et moraux, qu’il convient à chaque individu de « cultiver ». L’autre est anthropologique, au sens d’un ensemble de piliers fondamentaux commun aux membres d’une même société.

La Réunion

Dans le cas de la Réunion, donc, quelle est cette culture que l’on voudrait mettre en avant ? Eh bien, elle est double et indivisible.

D’une part, l’histoire du peuplement de l’île se mêle d’esclavage, d’engagisme et d’arrivées massives des peuples venus de tout l’Océan Indien. Cela donne naissance à la multiplicité des ethnies actuellement présents, avec chacune leurs arts et leur culture. Le métissage des populations est très présent, ouvrant la voie à des interactions interculturelles permanentes. Elles sont d’autant plus encouragées par l’espace restreint qu’offre le territoire.

On a ainsi d’autre part les arts créoles que l’on souhaite promouvoir, afin d’offrir des tremplins aux artistes locaux. C’est donc à la fois cette mixité culturelle et les arts qu’elle engendre qu’il semble indispensable d’exporter. Un modèle de vivre ensemble et des formes d’art (notamment musical) inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco : il y a de quoi faire rêver !

Et pourtant…

Dois-je vous rappeler que la Réunion se situe à plus de 10 000km de la capitale ? L’île fait donc face à des soucis logistiques inévitables.

Prenons le parallèle de la métropole avec un exemple très simple. Un musée souhaitant organiser une exposition sur un artiste s’adresse à d’autres musées ou collectionneurs privés pour emprunter ses œuvres le temps de l’exposition. Cela se passe généralement sans trop d’encombres…
Nous comprendrons certainement que faire voyager des tableaux à l’autre bout du monde n’est pas aussi simple que de les acheminer de Paris à Nantes par exemple.

Un autre exemple. Une troupe résidente d’un petit théâtre de région peut sans trop de moyens avoir accès aux partenariats de la structure et aux évènements des villes environnantes. Mais dès qu’il faut faire 11h de vol, c’est tout de suite bien plus compliqué…

Au-delà de la logistique, la notoriété est un autre obstacle à surmonter. Les DOM-TOM en général peinent à faire reconnaître leurs artistes et leurs arts en hexagone, et les programmateurs métropolitains ne sont pas très demandeurs. (en 2019, un rapport du CDN de Paris considère les artistes des DOM-TOM comme des « étrangers » …)

représentaiton musicale à la Réunion

L’impact promis par le digital

Alors, en quoi le digital peut-il parvenir à être un levier contre cet isolement ? 

1/ La notoriété.

A l’ère du digital, où de plus en plus d’artistes se sont fait connaitre sur les réseaux sociaux, il est impératif pour toute entité, surtout une entreprise, de maîtriser sa présence en ligne. Les réseaux sociaux sont un très bon moyen de faire connaître les artistes réunionnais, quelque soit leur domaine d’exercice. De même pour les structures comme les lieux de concerts, les lieux d’exposition ou les festivals qui peuvent miser sur internet pour se mettre en avant.

2/ La création de réseau

Tisser un réseau professionnel est indispensable. D’autant plus dans le domaine culturel où les partenariats sont primordiaux. D’un côté par les liens entre structures, mais également par des liens avec d’autres entreprises mécènes.

Il est également temps que les entreprises culturelles Réunionnaises se placent au niveau de leurs concurrentes métropolitaines en termes de digital…

3/ L’attractivité du territoire et de ses structures culturelles

Nous comprenons tout à fait que s’il est compliqué de faire voyager les artistes réunionnais, il est tout aussi difficile de faire venir les métropolitains à la Réunion. Cependant, la mise en avant de l’offre culturelle de la Réunion permettrait d’accroitre encore l’engouement touristique pour l’île. Saviez-vous par exemple qu’il existe les Francofolies de la Réunion ? Petite sœur du festival de La Rochelle ? De telles manifestations peuvent devenir de véritables attraits culturels.

4/ La VR et les nouvelles technologies.

S’il est compliqué de venir à la Réunion, il est tout à fait facile d’organiser des évènements en ligne. A l’instar des concerts ayant eu lieu sur Fortnite par exemple. Des concerts diffusés en ligne, des expositions en réalité virtuelle… Autant de moyens de faire découvrir à moindre coût la culture Réunionnaise.

Cependant, la Réunion accuse encore d’un certain retard en matière de développement digital. D’autre part, les structures culturelles dans leur majorité en France considèrent encore le digital comme un ennemi à leur activité. C’est donc tout un modèle révolutionnaire à mettre en place et à inscrire dans les mœurs.