Le Deepfake une prouesse technologique au succès inquiétant

Le Deepfake une prouesse technologique inquiétante

Ces dernières années, le phénomène de Deepfakes est devenu de plus en plus répandu. Autrefois, leur utilisation nécessitait une certaine connaissance, que seuls les experts possédaient, mais récemment, divers outils ont été introduits et ont rendu leur création plus accessible. 

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Le deepfake, sa définition

Le Deepfake est une vidéo montée à partir d’une photo d’une personne, dont le résultat est la transposition sur un corps qui n’est pas le sien. Le mot vient de la combinaison de « deep-learning « (apprentissage profond) et « fake » (faux). Le procédé utilise la puissance informatique. Grâce à des logiciels et des algorithmes, le visage d’un individu peut être remplacé numériquement, mais aussi sa voix, la prononciation où la mise en scène d’un discours en truquant les mouvements corporels.

Quels sont les bénéfices du Deepfake ?

Le Deepfake peut se révéler être bénéfique dans certains contextes tels que la préservation et la protection de la vie privée/l’anonymat d’un individu, dans certaines situations où il peut être dangereux pour lui de s’exprimer en ligne (minorités, citoyens sous un régime oppressif ou dictature).

Il rend aussi les technologies de l’Intelligence Artificielle (IA) plus accessibles à tous avec la promotion d’une meilleure éducation et compréhension de l’IA elle-même, ou contribuant à un nouveau genre émergent dans l’art et l’innovation avec des logiciels spécifiques.

art et Intelligence Artificielle

Obvious (généré par GAN)

Par exemple, dans le milieu du cinéma, le Deepfake peut s’avérer avantageux, il permet de d’utiliser la réalité augmentée pour créer des avatars ultra réalistes, vêtir une personne d’un habit, ou encore mettre  le visage d’un acteur, comme dans Star Wars avec la mort de Carrie Fisher.

Des inconvénients qui posent problèmes

Le deepfake n’est qu’un outil, pouvant avoir des conséquences positives, citées dans le paragraphe précédent, mais aussi négatives selon son utilisation.

Récemment, cet outil a suscité beaucoup d’attention en raison de son potentiel de préjudice, pouvant aller à l’encontre de la démocratie, des libertés fondamentales et de l’information. Il peut réduire la confiance du public dans les médias à cause de vidéos truquées ou dans le but d’une manipulation politique.

L’exemple parfait concernant la désinformation est la vidéo Deepfake de Barack Obama insultant Donald Trump, devenue virale, qui contient des propos surprenants qui semblent irréels venant d’un président, mais rendus vraisemblable grâce au Deepfake. 

A l’heure de l’ère des données ou la confidentialité est devenue une préoccupation majeure, quelle est l’efficacité et la perception des deepfakes par la population ? Comment distinguer le vrai du faux ? Comment l’outil impact nos vies ? Quelles sont les mesures légales contre ce type de pratique ? Ce phénomène pousse alors à l’interrogation et les réponses aux questions ne sont pas toujours évidentes.

Qui est touché par les deepfakes ?

En plus de porter préjudices aux personnalités politiques, elle porte préjudices aux célébrités et notamment aux femmes. Selon Deeptrace, une entreprise proposant des technologies basées sur l’IA pour la cybersécurité capable de détecter le deepfake, « 96 % des deepfake en ligne sont des vidéos pornographiques et non-consenties ». On parle souvent de « revenge porn » (revanche pornographique) et de cyber-harcèlement. A cette heure, sur le web, des vidéos à vocations pornographiques, utilisées sur des célébrités, comptabilisent des millions de vues. 

Quelles sont les mesures prises ? 

Face à ce genre de contenus dangereux et au vu d’une audience grandissante, des mesures juridiques pour encadrer et limiter leur utilisation néfaste sont imaginées. Elles touchent des sujets tels que le détournement de la parole, le droit à l’image ou encore la dégradation morale.

En France, le secrétariat d’État au numérique explique que le droit français est déjà équipé avec la loi relative à la lutte contre la manipulation de l’information, en vigueur depuis le 22 décembre 2018. Ce texte s’applique dans l’ensemble de ses dispositions à la lutte contre toutes les fausses informations, y compris celles se fondant sur des hyper trucages.

Plusieurs entreprises américaines présentes sur le web (comme Twitter, Pornhub ou Reddit) appliquent depuis peu, en complément aux législations gouvernementales, une politique de suppression systématique des Deepfakes et de fermeture de tout compte et espace d’échange qui en proposent.

Facebook agit également contre ce phénomène, récemment la plateforme a mis en place un concours spécial avec récompenses : le Deepfake Detection Challenge , motivant les chercheurs en informatique à progresser dans la lutte contre les Deepfakes.

Cependant, distinguer le vrai du faux sur le web est devenu une affaire quotidienne. La frontière entre réalité et virtuel étant devenue moins nette, nous ne sommes plus confrontés à une simple vérification de l’information mais également à une remise en cause perpétuelle de ce que nous perçevons et entendons.

Pour l’instant, le Deepfake reste reconnaissable, car la technique n’est pas encore parfaite. Toutefois, de nos jours, les progrès technologiques sont tellement rapides qu’il pourrait très prochainement devenir impossible de détecter les Deepfake à l’œil nu tant leur qualité frise avec le réalisme. Une progression à la fois terrifiante, intrigante et impressionnante, qui continue à préoccuper. Certaines entreprises comme Microsoft commencent à proposer des logiciels capables d’identifier les caractéristiques propres aux deepfakes difficilement perceptible par l’œil humain, ou des outils qui  permettent aux créateurs de vidéo de certifier l’authenticité de leurs contenus.