La ville de demain vue par ses citoyens

Partout sur la planète, les villes comptent chaque année de plus en plus d’habitants, obligeant les politiques locales à repenser les services urbains pour améliorer la qualité de vie de leurs citadins. Alors qu’en 2014, nous étions 54% dans le monde à vivre en ville d’humains vivant en zone urbaine atteindra les 66% en 2050. La ville intelligente se devra donc d’être centrée sur ses citoyens car se sont eux qui seront les mieux placés pour la construire.

Place à la coopération citoyenne

Les initiatives de consultation citoyenne se multiplient partout en France avec par exemple : la plateforme « Madame la Maire j’ai une idée » pour la métropole du Grand Paris ; le programme « Rennes 2030 » pour imaginer la ville de demain ; la campagne « Mon Finistère Demain » ; des ateliers citoyens ; des forums ; la mise en place de budget participatif ; une application mobile permettant aux élus d’informer les habitants sur l’actualité de la ville…

Ces initiatives ont pour objectif de s’appuyer sur la participation des citoyens afin d’identifier les principaux points faibles du développement urbain. A terme, les remarques de la population devront, aider les municipalités à définir les stratégies les plus pertinentes pour amorcer les mutations des villes d’aujourd’hui vers celles de demain.

En donnant la parole aux populations urbaines sur des problématiques qui les concernent au quotidien, comme les transports ; le développement durable ; les inégalités ; la mobilité ; l’eau ; l’énergie ; la cyber-sécurité ou encore le respect de la vie privée, les acteurs urbains trouvent le soutien des citoyens dans la création des villes durables et intelligentes par un mode de fonctionnement ambitieux et participatif.

Interroger les habitants sur leurs attentes

Les données permettent d’analyser les situations et d’identifier les problèmes rencontrés par la ville. Les solutions proposées par la suite émanent bien souvent d’élus locaux et d’entreprises partenaires qui oublient de consulter les habitants. Les solutions proposées ont beau être pertinentes, elles risquent d’être rejetées par les usagers si elles ne cadrent pas avec leur conception du monde, leurs priorités à court terme ou leur niveau de sensibilité à l’innovation. La ville de Singapour a bien compris cette problématique essentielle. Son projet « Smart Nation » a pour objectif de répondre aux problématiques urbaines grâce au numérique en se concentrant sur les utilisateurs. Une enquête sur les attentes en matière de domotique a révélé que les Singapouriens sont plus sensibles à l’adaptation de l’habitat des personnes âgées qu’à la gestion de leur consommation d’énergie. Cette enquête qui a permis aux entreprises collaborant au projet « Smart Nation » de mieux cibler leurs propositions. Elles ont par exemple évité de développer une application d’économies d’énergie car cette consultation avait révélée que peu d’habitant étaient prêt à payer pour ce service.

Donner la parole aux citoyens plutôt que d’innover dans son coin

Aller aux devant des citoyens plutôt d’innover à l’ombre d’écrans sur lesquels défilent quantité de traitements de données s’avère encore une fois primordial. Interroger les personnes directement concernées par les problématiques urbaines afin d’identifier leurs difficultés et leurs aspirations permet d’imaginer des solutions innovantes qui sauront rencontrer leur public.

Les lobbies citoyens qui influent sur les engagements et pèsent sur le devenir du monde se développent. Les plateformes de démocratie citoyenne comme « Avaaz » ou « Change.org » se multiplient  et deviennent les porte-paroles des citoyens. Ils veulent faire entendre leur voix à une époque où les incertitudes quant aux modèles économique et sociétaux s’accroissent.

Chaque années et partout dans le monde, les initiatives comme World Smart City voient le jour. C’est une plateforme collaborative pour imaginer la ville de demain, lancée par l’ONU en 2016.

World Smart City : vise à préparer les standards de la ville intelligente de demain. Après s’être inscrit, chaque citoyen participe à la vie de cette plateforme : en suivant les articles publiés quotidiennement qui présentent des villes déjà en mutation vers un fonctionnement plus durable, ou qui traite des enjeux de demain comme les transports ; en publiant eux-mêmes sur les forums « énergie, mobilité, eau »… et en poursuivant le débat avec les membres en ligne.

Le développement du numérique, des réseaux sociaux et des applications modifie en profondeur le rapport entre élus et citoyens. Il demande aux premiers une plus grande transparence, aux seconds une implication dans la vie de leur ville et à tous une volonté de se former à ces nouveaux usages. C’est un changement de culture ! La « participation citoyenne » s’amorce et nous n’en sommes qu’à ses prémices. Cette culture doit être encouragée pour qu’elle fasse partie intégrante de la vie des habitants. Mais pour que la co-construction soit perçue comme efficace, les différentes concertations doivent être suivies d’effets concrets en donnant vie à des projets qui répondent vraiment aux besoins et aux attentes des usagers. C’est donc toute une nouvelle culture de la ville qu’il faut construire, une culture à partager entre les citoyens les élus et les entreprises, pour qu’ils soient ensemble le tremplin du développement des cités de demain.

L’intelligence collective permettra de construire  une ville juste et durable  avec la participation citoyenne comme l’un des piliers de la conception. L’humain est bien au cœur de la ville de demain !