La Smart City est-elle réservée aux pays riches ?

A la mode dans les pays occidentaux, le concept de Smart City pourrait également offrir une réponse aux défis urbains des pays en développement. La ville intelligente est en train de devenir l’eldorado des pays émergents et la source de compétitivité nationale, notamment en Afrique.

En 2050, la proportion de la population mondiale vivant en milieu urbain devrait atteindre 66%, contre 54% actuellement. Ce phénomène d’urbanisation sera d’autant plus significatif dans les pays les moins développés, pour lesquels la population urbaine représentera 50% en 2050, alors qu’elle n’est que de 31% aujourd’hui. Cette attractivité pour les zones urbaines s’explique par l’activité économique et les opportunités d’emploi qu’elles concentrent : 80% de l’activité économique à l’échelle mondiale se développe dans les villes.

L’approvisionnement et le traitement des déchets sont les deux principaux défis que les pays en développement doivent relever pour permettre à leurs villes de devenir des smart cities. La transition vers des villes plus communicantes et plus durables, s’appuyant sur de nouvelles méthodes d’aménagement et de gestion de l’espace urbain, peut constituer un levier clé pour relever ces défis.

Comment les villes doivent-elles répondre aux défis résultant de la croissance de leurs populations?

Si l’urbanisation est un moteur de développement économique et social, elle s’accompagne d’un fort impact sur l’environnement (pollution, extraction). Les villes sont à l’origine de 80% des émissions de gaz à effet de serre et représentent 75% de la consommation mondiale d’énergie.

Une urbanisation rapide et mal maîtrisée risque de s’accompagner d’un accroissement de l’extrême pauvreté urbaine, d’où l’importance de planifier pour assurer aux populations la fourniture de services essentiels, tels que les accès à l’énergie, à l’eau, au traitement des déchets, au logement, à la santé et aux transports, tout en maîtrisant les impacts sociaux et environnementaux associés.

Une réponse possible la Smart City

Au premier abord, la Smart City peut sembler moins évidente à concevoir pour les villes des pays en développement, à cause de leurs grands besoins d’investissements en capitaux. Et pourtant, les villes intelligentes peuvent s’implanter et grandir dans ces régions du monde plus facilement que ce que l’on peut croire. En effet, à contrario des pays développés, les pays en voie développement peuvent plus facilement déployer de nouvelles technologies au sein de leurs environnements urbains moins contraints par le poids de l’existant (infrastructure, gouvernance). Cette flexibilité confère un atout essentiel pour opérer le saut technologique vers la Smart City. Une dynamique similaire a été observée en Afrique dans le domaine de la téléphonie mobile. La prise en compte des contraintes financières et l’association des populations aux processus décisionnels seront des facteurs clés pour concrétiser cette évolution et en faire une réussite.

Les modèles intelligents retenus par les villes des pays en développement ne peuvent pas se calquer sur ceux expérimentés dans les villes des pays les plus riches. Mais bien qu’encore marginales, ils montrent que des solutions « smart » peuvent dès aujourd’hui contribuer à l’amélioration des conditions de vie dans les villes des pays en développement. Une approche pragmatique tenant compte des spécificités locales est possible, et nécessaire. Une smart city d’un pays en voie de développement ne ressemblera donc pas à une smart city d’un pays riche !

smart city

Ces pays qui bénéficient d’une inertie moindre dans leurs infrastructures et dans leurs organisations, représentent de ce fait un terrain propice à une mutation rapide. Malgré leur retard économique et la disparité de leur situation et de leurs besoins, la transition vers des villes plus intelligentes devrait constituer une solution de premier plan pour les pays en voie de développement.