De la Fintech à la Regtech, ces start-up spécialistes de la conformité.

Depuis la crise de 2007/2008, les régulateurs n’ont eu de cesse de renforcer les réglementations et les contrôles dans le secteur financier.

Les conséquences de cette crise ayant eu des répercutions considérables sur l’économie mondiale.

Pour les institutions financières se mettre en conformité devient une priorité absolue mais reste cependant difficile à mettre en oeuvre, La Regtech est-elle la solution?

Les banques et les sanctions.

Entre 2009 et 2016 le montant des sanctions infligées aux banques avoisinaient les 320 milliards de dollars.

Etude du Boston Consulting Group 2017

Les causes de ces sanctions sont de nature diverses et variées (cf : Graphique Top 10 des amendes) mais une chose est sûre nul est à l’abris.

Les banques américaines et européennes, ont dû engager une véritable refonte de leurs systèmes de contrôles entraînant de surcroît un coût supplémentaire important.

Selon le Boston Consulting Group,  dans son rapport « Global banking risk », les banques européennes ont dues s’acquitter de 118 milliards de dollars ce qui représente 37 % du montant total des amendes infligées par le régulateur américain.

Une inflation réglementaire.

MiFID2, AMLD4, CRD, EMIR, UCITS5, FRTB, FATCA, CRS, etc. ces acronymes sont un florilège des réglementations auxquelles les institutions financières font face depuis plusieurs années.

Qui dit nouvelle réglementation, dit souvent amélioration ou changement de processus, de procédures, de Système Informatique, et bien plus encore.

« En moyenne, les coûts liés à la conformité réglementaire représentent pour les grandes institutions financières environ 20% des coûts Run The Bank et jusqu’à 40% des coûts Change The Bank. »

Autrement dit, les coûts inhérents à la mise en conformité sont abyssales et s’additionnent parfois à une amende colossale déjà infligée par les régulateurs.

Dans cet environnement les Regtech deviennent de plus en plus visibles et attrayantes.

Qu’est ce que la Regtech?

La Regtech ou Regulatory Technology  allie la réglementation et les nouvelles technologies. La Regtech permet de répondre de manière plus rapide et plus efficace aux exigences liées à la conformité.

Surfant sur ces exigences de plus en plus complexes et contraignantes pour les banques, des start-up se développent en proposant à ces institutions des solutions innovantes leur permettant ainsi de retrouver une certaine agilité; les grandes institutions financières ayant du mal à concevoir des outils de conformité à partir de leur propre système informatique.

Les récentes avancées technologiques dans le traitement des données ouvrent désormais une multitude de possibilités. L’intelligence artificielle avec notamment le Machine Learning permet notamment de traiter et d’analyser plus rapidement le flux important de données que les banques ont à gérer.

Un des domaines applicables : le KYC

Un des domaines d’application de la Regtech est le KYC pour Know Your Customer ou encore l’obligation pour les institutions financières de connaître leurs clients.

La maîtrise de la connaissance client a pour but de lutter contre la corruption, le blanchiment d’argent, la fraude fiscale,  ou encore le financement du terrorisme.

Par conséquent, les banques ont comme obligations de documenter de manière détaillée et périodique leurs clients et leurs tiers liés, de surveiller leurs flux de transactions et d’avertir les autorités compétentes en cas de soupçon sur des conduites illicites de la part de certains clients.

A défaut de détenir des outils adaptés aux processus de contrôles notamment à l’entrée en relation et durant les revues périodiques, beaucoup d’opérations se font encore manuellement au travers de fichiers Excel, de recherches manuelles sur Google, de copies papier de documents, etc.

De plus, bien souvent les bases de données des informations collectées ne permettent pas une lecture rapide ce qui peut impacter l’analyse et la prise de décision sur un dossier, avec pour risque de passer à côté d’un dossier non conforme.

« Il existe encore des établissements où des analystes juniors commencent par faire des recherches sur un client potentiel sur Google, avant de retranscrire le résultat sur Excel et de l’archiver en PDF », explique Jed Grant, le fondateur de KYC3.

Les solutions Regtech au KYC.

Un des avantages majeurs de la Regtech dans le domaine du KYC réside dans la capacité à collecter, analyser et stocker rapidement une quantité importante de données.

Par ailleurs, les Regtech offrent la possibilité d’automatiser des tâches de vérifications qui étaient jusqu’ici chronophages et très coûteuses.

Par exemple lors d’une entrée en relation, un des enjeux est de détecter si un client potentiel a déjà eu affaire à la justice, l’intelligence artificielle au travers du Machine Learning, permet de lire plusieurs milliers d’articles de presse et définir si le prospect a par exemple été cité dans un jugement en tant qu’accusé ou simple témoin, ce qui rend l’analyse beaucoup plus pertinente.

D’autres services sont aussi mis à la disposition des institutions financières tels que :

La Cryptographie, qui assure un niveau élevé de sécurité dans les échanges entre les Regtech et les banques.

La Biométrie et la signature électronique permettent entre autres d’identifier formellement le client.

Le Data Mining, outil d’analyse de données comportementales intelligents, permet de détecter des signaux de fraudes ou de terrorisme.

Ainsi depuis quelques années, des start-up ont vu le jour, notamment FORTIA une entreprise Française créée par 4 ingénieurs et qui en juin 2015, a lancée INNOVA , un logiciel permettant de gérer de manière efficace et automatisé le processus de KYC .

Les Fonctionnalités Principales d’INNOVA sont les suivantes :

  • Collecte de toutes les données clients
  • Identification actualisée des clients
  • Gestion et analyse des documents clients et détection des documents frauduleux
  • Scoring automatique des clients
  • Mise en place de dispositifs de contrôles gradués
  • Détection automatique des clients exposés
  • Alerte à tous les niveaux opérationnels grâce à des workflows automatiques

Conclusion

La Regtech peut délester les banques du poids du réglementaire, pour autant, les banques ayant des systèmes informatiques très lourds et parfois très anciens, greffer ces nouvelles technologies pourra sans doute prendre du temps.

En revanche, les Fintech notamment les néo-banques pourront certainement  profiter des avancées des Regtech en matière de conformité réglementaire, compte tenu de la comptabilité des technologies utilisées.

 

Sources : La Tribune, Les Echos, Le Journal du Net, BankObserver, Boston Consulting Group, Fortia.fr, FintechMag