Isabelle Mashola, héroïne du numérique inclusif.

  

J’ai eu l’immense privilège de rencontrer Isabelle Mashola, CEO d’Isahit, au cours d’une entrevue intimiste, initiée par notre envie commune de faire bouger les choses. Rendre la tech et les milieux numériques plus inclusifs est un réel défi, voilà ce qu’il est ressorti de notre entretien :

Sarah – Vous êtes CEO de l’entreprise Isahit (https://isahit.com/), pouvez-vous SVP nous en dire plus sur ce que fait Isahit ?

Isabelle – Créée en janvier 2007, Isahit, dont Isabelle Mashola est la CEO et co-fondatrice, est un lien entre intelligence humaine et technologie. Ses valeurs fondamentales sont la bienveillance, la collaboration, la transparence, l’honnêteté & l’équité. Plateforme de crowd-sourcing qui ne s’adresse qu’aux femmes, Isahit est une Tech for People avec 5% de ses revenus reversés à Isahit Help (programme d’aide aux personnes défavorisées qui fonctionne avec 3 axes principaux : de l’aide au niveau local pour un soutien sur place, l’éducation et la formation à la transformation numérique).

Isahit est donc une plateforme de production digitale collaborative socialement responsable donnant accès aux femmes aux métiers digitaux (computer vision, NLP – Natural Language Processing et data content) et proposant une rémunération 5 à 7 fois plus importante qu’en local. Pour travailler avec Isahit il faut un projet professionnel et les tâches seront confiées sur une durée maximale de 2 ans et demi, car l’idée est de pouvoir monter son projet avec de bonnes bases et un tremplin financier.

Sarah – Qu’est-ce que c’est l’externalisation responsable ?

Isabelle – #TechForGood ! Isahit met un point d’honneur à proposer du travail décent pour tout le monde tout en respectant l’égalité des chances, on appelle cela l’impact sourcing. Donner des opportunités pour activer la diversité, voilà le fer de lance d’Isahit.

Sarah – Qu’est-ce que l’inclusivité pour vous ?

Isabelle – La diversité, l’inclusivité c’est donner sa chance à tout le monde peu importe le genre, les origines, l’obédience, etc. L’inclusivité c’est prendre conscience du fait qu’il y ait 52% de femmes sur terre et trouver cette représentation dans des secteurs dits « masculins » comme la tech.

Sarah – Pourquoi l’inclusivité est-elle un combat important dans la tech et le digital ?

Isabelle – N’est-il pas dangereux, dans des secteurs comme l’IA – par exemple, d’avoir un point de vue et un état d’esprit uniques (celui des hommes), pour développer de telles technologies ? C’est la diversité et la représentation qui feront évoluer les choses, c’est essentiel d’ouvrir ses chakras et son esprit pour faire fleurir ces outils.

Sarah – Pouvez-vous nous parler de « Quelques Femmes du Numérique » (http://www.qfdn.net/) ?

Isabelle – Il s’agit d’une association qui fait des portraits de femmes (photo et littéraire) dans le numérique pour attirer de jeunes talents dans la tech. L’idée est donc de casser les idées reçues, montrer – notamment aux jeunes filles – qu’il est possible de faire carrière dans ces milieux et attirer de nouveaux talents. Comment avoir envie de faire quelque chose, si on ne voit pas quelqu’un qui l’a déjà fait ?

Sarah – À quelle occasion avez-vous rejoint cette association ?

Isabelle – Déjà présente dans l’écosystème tech, j’ai été approchée par Marie-Anne Magnac, co-fondatrice (aux côtés d’Olivier Ezratty) de QFDN.

Sarah – Est-ce difficile d’accéder au monde de la tech et du digital quand on n’est pas un homme/blanc·he ?

Isabelle – Oui ! Ce qui est surtout difficile c’est d’appréhender les soft skills de tou·te·s en ne mettant pas de côté la charte « humaine ». Pour intégrer un univers, il faut en connaitre les codes ; il est vrai qu’aujourd’hui la tech est un milieu très masculin et il faut chambouler un peu tout ça pour permettre à de nouveaux profils d’y avoir une place. Il ne faut bien sûr pas oublier les compétences, qui sont essentielles, mais les codes doivent être connus et pourquoi pas changer ?

Sarah – Si vous aviez une baguette magique, quelle serait la première chose que vous changeriez (en termes d’inclusivité) dans le monde de la tech et du digital ?

Isabelle – Les quotas, la punition. Il est important d’avoir un suivi chiffré avec des KPIs pour faire changer les choses et veiller à l’expansion de la diversité ; en cas de non-respect des quotas, il doit y avoir punition. Mais il faut aussi changer notre manière personnelle d’appréhender les choses, révolutionner l’éducation, offrir les mêmes chances à tout le monde !