
J’ai eu la chance de faire une interview avec Corinne Bertrand, photographe à son compte à Bourg-en-Bresse dans l’Ain.
Elle nous raconte comment elle gère son activité grâce au digital qui a aujourd’hui une place importante. Cependant, on verra que pas tous les aspects du métier de photographe sont en cours de transformation digitale et que l’humain reste au cœur du métier.
Aujourd’hui vous êtes photographe à votre compte et cela depuis presque 7 ans. Depuis combien de temps faites-vous de la photo ?
J’ai commencé à être salariée à 22 ans en tant que photographe. Je suis passé à mon compte à 33 ans. Cela fait 19 ans que je suis dans la photo. Aujourd’hui j’ai une spécialisation dans la photo culinaire.
Que faisiez-vous avant d’être à votre compte ?
J’étais salariée d’une entreprise qui effectuait des photos aériennes. Ils m’ont donné la possibilité de créer ma propre activité de grand public que j’ai développée à travers la photographie de mariage. C’est un très bon exercice pour débuter et se faire la main. Avoir cette possibilité avec son entreprise est une très bonne manière de se faire un nom car on sait bien que le plus difficile est d’avoir ses premiers clients.
Qu’est-ce qui vous a motivé à changer de profession ?
J’aurais dû le faire beaucoup plus tôt mais c’est vrai qu’on a tous des peurs. L’être humain en est rempli. Il faut savoir se lancer et une fois fait on a l’impression d’avoir perdu du temps.
Avez-vous toujours exercé à Bourg-en-Bresse ?
J’ai commencé en région parisienne mais il vaut mieux être grand parmi les petits que petit parmi les grands. Bien que j’adorais cette ville, je suis revenue à Bourg-en-Bresse, ville où j’ai passé mon BTS.
La grande différence est la qualité de vie qui n’est pas la même. En revanche je ne peux pas faire tous les projets photos que je souhaiterais.
En étant spécialisé photographe culinaire, j’aurais eu plus de travail à Paris mais en termes de location de studio c’est inaccessible. Je ne voyais pas l’intérêt d’y rester si c’était pour m’endetter. Il m’a fallu faire un choix, et à ce moment-là ce choix a été financier.
Qu’est-ce qui vous plaît dans la photographie ?
Ce qui me plaît c’est la création en permanence et l’échange avec les clients qui est enrichissant. Chaque client a quelque chose à m’apporter en tant que personne. A travers la photo, je peux leur prouver qu’ils peuvent être chouette car beaucoup n’aiment pas être pris en photo. L’expérience d’un shooting va au-delà d’un cliché car cet exercice me permet de les valoriser et de les rendre fières de qui ils sont. C’est une vraie transmission de valeurs humaines qui a lieu.
Par exemple, je fais beaucoup de shooting avec des femmes enceintes. Celles-ci se dévalorisent, n’aimant pas se voir grossir. De se voir à travers un cliché, elles se rendent compte qu’elles sont belles, ce qui permet une reprise de confiance en soi.
Depuis que vous avez commencé la photographie, est-ce que vous voyez une évolution dans votre métier avec le développement du numérique et de la technologie ?
Depuis 3 ans je vois s’accélérer la montée en puissance du social media marketing, surtout depuis que le consommateur est à cheval entre l’utilisation de Facebook et Instagram. Pour mon activité je dois bien être présente sur les deux sachant que sur Facebook j’ai mes clients actuels et que sur Instagram j’ai mes futurs clients.
Avez-vous un site internet et des réseaux sociaux pour promouvoir votre activité ? Lesquels et à quoi vous servent-ils ?
J’ai deux sites internet : l’un plutôt professionnel photoco.fr et l’autre corinnebertrand.fr qui est plutôt axé grand public. Sur les réseaux sociaux je suis présente sur Facebook et Instagram pour promouvoir mon activité. On m’a dit d’aller sur Tiktok mais je ne gère pas du tout. Le jour où j’aurais un stagiaire pour développer ma stratégie marketing digital, je ne suis pas fermée à élargir ma présence sur Tiktok.
Je me sers bien sûr de mes réseaux et sites internet en tant que vitrine. Les clients ont besoin d’être rassurés par les prises de vues que je prends et de savoir si c’est un style qui leur plaît. Ils permettent d’attirer des leads et de convertir par l’achat en prenant rendez-vous pour un shooting.
J’ai une partie site e-commerce, que j’aimerais développer dans le futur car pour le moment il est possible d’y acheter uniquement des bons cadeaux. Je suis consciente que pour rassurer mes clients il me faut des témoignages de clients contents de leur expérience à publier sur mon site internet.
Voici quelques exemples de photos prises par Corinne Bertrand lors des séances avec ses clients.
Si oui, est-ce que c’est vous qui prenez le temps de publier et de les mettre à jour ? Combien de temps par jour (ou semaine) passez-vous sur les réseaux ?
Mon conjoint s’y est mis pour m’aider parce que le social media marketing prend du temps et on se rend compte que c’est un boulot à part entière. Je lui mets à disposition des images et c’est lui qui s’en occupe après ma validation car j’ai remarqué que l’émotion transmise n’est pas la même. Pendant quelques temps je ne validais pas les publications. Je les trouvais trop carrées, pas assez artistiques et pas assez originales. Comme mes clients me connaissent, ils ont dû ressentir la même chose que moi. Mon conjoint avait passé une formation en ligne sur ce sujet. Il a été à fond pendant quelques temps car c’était quelque chose de nouveau mais comme tout, on se lasse. Le rythme de publication a en conséquence un peu diminué mais on essaye de poster trois fois minimum par semaine.
J’aime bien poster des réels quand j’y pense, quand j’ai le temps ou quand un client est dans le coup et qu’il est motivé. Dans ce cas le client prend mon portable et fait le réel en direct. Ça permet un moment de partage et de convivialité entre nous durant la session.
Évidemment, tout ce que je publie c’est avec l’accord des clients, à cause du droit à l’image et de leur envie car je ne veux forcer personne. En règle générale ils disent oui quand même.
Comment prenez-vous des rendez-vous avec vos clients ?
Les clients viennent de partout donc il faut tout surveiller mais principalement par téléphone. Ceux qui envoient un mail et à qui je réponds dans la seconde peut me permettre de décrocher la vente mais si je n’attends rien qu’un jour c’est mort. C’est impressionnant comment il faut être connecté, voir ultra connecté. Heureusement que je n’ai pas deux téléphones !
Est-ce que vous utilisez l’intelligence artificielle durant vos journées de travail ?
La seule intelligence artificielle que j’utilise dans mon travail ce sont les logiciels de retouches comme Photoshop quand je veux enlever un bouton du visage.
Comment voyez-vous l’évolution du métier de photographe avec cette nouvelle technologie ? Pour vous c’est un changement lointain ou proche ?
Même s’il y a des téléphones toujours plus à la pointe de la technologie qui sortent, cela ne remplacera jamais l’humain. Il faut guider nos clients, les rassurer et discuter un peu avec eux avant la séance pour les mettre à l’aise. Il y a également toute la partie de préparation des clients qui ont besoin d’être habillés.
Pour le coup une machine ne dégage pas d’émotion et ce n’est pas encore elle qui dit aux clients comment ils peuvent s’habiller pour une séance.
Il y a encore de l’avenir en photo. Cependant, il faut proposer de nouvelles choses afin de faire rêver les clients pour qu’ils s’éclatent et reviennent. Il faut que l’expérience client aille plus loin que juste prendre une photo. Les photos réussies sont juste la cerise sur le gâteau.
Un dernier mot à rajouter ?
Je pense que le marketing digital est un sujet qui m’intéresse beaucoup. Il y a des besoins pour les personnes qui n’arrivent pas à faire leur métier et être visible car ce sont deux choses complètement différentes. Si on doit chercher comment faire pour être visible, ça prend du temps en dehors de ses heures de travail et nous prend du temps sur les moments consacrés à notre famille.
J’espère que cette interview de Corinne Bertrand vous aura plu !
N’hésitez pas à aller voir ces réseaux pour voir son travail.