L’internet industriel des objets, nouvelle révolution industrielle ?

L’internet industriel des objets, nouvelle révolution industrielle ?

Avec l’entrée dans l’ère de la société 4.0, dont Cyril OGEE a fait une présentation dans son article Société 4.0 : réalité ou fiction, notre vie quotidienne se voit bouleversée par les révolutions technologiques. L’industrie, elle aussi, est en train de vivre sa transformation. On parle d’ailleurs d’internet industriel, d’industrie 4.0 ou encore de « 4e révolution industrielle », thème du dernier Forum de Davos.

L’internet industriel des objets (en anglais Industrial Internet of things ou IIoT) est l’utilisation des technologies de l’Internet des Objets (IoT) dans le secteur manufacturier. Il intègre le machine learning (mise en place d’algorithmes pour obtenir des analyses prédictives) et le big data en exploitant les informations transmises par des capteurs de données et le machine to machine (communication entre machines sans intervention humaine) qui existent dans le milieu industriel depuis des années. Ce secteur pourrait contribuer à hauteur de 500 milliards de dollars à l’économie mondiale d’ici 2020, contre 20 milliards en 2012 selon une étude Accenture.

Les usines 4.0 : des usines plus efficaces

Au cœur des usines 4.0, des machines digitalisées et connectées entre elles permettent d’augmenter la flexibilité, la sécurité et la compétitivité des sites de production. Selon McKinsey, les coûts de production seraient réduits de 5 à 12.5% d’ici 2025 grâce à l’optimisation de tels processus.

La surveillance générale et systématique des machines représente également un avantage considérable permettant la maintenance prédictive (maintenance conditionnée au franchissement d’un ou plusieurs seuils prédéfinis qui permettent de connaître l’état de dégradation du bien avant sa détérioration complète).

Concrètement sur un site de production, l’IIoT permet de :

  • Contrôler la production en temps-réel pour diminuer les stocks et optimiser l’inventaire
  • Reconfigurer les lignes de production à la simple demande du client
  • Economiser l’énergie grâce à la gestion des équipements à distance (en fixant par exemple des seuils de température)
  • Associer les informations « produit » aux avis des clients pour identifier et améliorer leur qualité
  • Programmer des alertes de maintenance pour éliminer les temps d’arrêts et augmenter la production
  • Optimiser la logistique et réduire les dépenses en ayant une vision de bout en bout des inventaires

Quelques grands industriels (GE, Siemens, Dassault Systèmes, PSA…) ont fait des usines du futur leur priorité et ont vite compris qu’ils devaient évoluer. A découvrir : l’usine du futur par PSA Peugeot Citroën

Quel impact pour les hommes ?

L’internet industriel ne se réduit pas à une révolution technologique, l’impact sur l’organisation du travail, les compétences et les métiers est considérable. Un certain nombre d’emplois sont mis en danger. D’après une étude « The futur of jobs » publiée par le Word Economic Forum en 2016 à l’occasion du dernier Forum de Davos, 5 millions d’emplois seront détruits d’ici 2020 dans les pays développés. Le numérique et la robotique créeraient 2 millions d’emplois, mais en détruiraient 7 millions dans les cinq ans à venir. Comment s’assurer que la transformation de l’industrie fasse plus de bienfaits que de méfaits ? Il faut mettre l’accent sur les formations mais pour ce faire le rôle des Etats est primordial. De nouvelles orientations en matière d’éducation et de formation professionnelle doivent être prise sous l’impulsion des gouvernements. D’ailleurs l’Union Européenne a constitué le cadre de coopération dans le domaine de l’éducation et de la formation avec «Éducation et formation 2020» afin d’aider les Etats membres à relever les défis en matière d’éducation dont celui de la transformation digitale.

Le principe de la destruction créatrice de Schumpeter nous encourage malgré tout à rester optimiste. Il est fort probable que cette destruction soit in fine créatrice d’emplois. L’histoire l’a d’ailleurs démontré lors des précédentes révolutions industrielles qui ont conduit à une augmentation de la richesse globale créant ainsi de nouvelles demandes.

C’est aussi l’avis de Marco Annunziata, Chief Economist chez General Electric, qui dans sa présentation de l’internet industriel reste optimiste quant aux conséquences de l’IIoT sur les emplois. Il explique notamment que l’internet industriel pourrait stimuler la croissance en ajoutant 10 à 15 mille milliards de dollars au PIB mondial et, « rien qu’aux Etats-Unis, il pourrait augmenter les salaires moyens de 25 à 40% sur les 15 prochaines années ».

La « destruction créatrice » désigne le processus continuellement à l’œuvre dans les économies et qui voit se produire de façon simultanée la disparition de secteurs d’activité économique conjointement à la création de nouvelles activités économiques.