L’intelligence artificielle au service des maladies mentales

Psychiatrie
Peut-on dépister les maladies mentales grâce à l’intelligence artificielle ? Découvrez-en un peu plus sur la question avec l’exemple de la schizophrénie.

L’intelligence artificielle, ou IA, a pour objectif de se rapprocher le plus possible des comportements humains. Cela peut être défini comme « l’ensemble des théories et des techniques mises en œuvre en vue de réaliser des machines capables de simuler l’intelligence humaine».
De nos jours, la recherche médicale vit une révolution numérique et l’IA, déployée dans la médecine représenterait un nouvel espoir. Son objectif n’est pas de remplacer l’humain, elle va s’associer à lui afin de proposer des pistes, simplifier son intervention ou encore minimiser les risques d’erreur. 
L’IA pourrait-elle être un outil pour mieux diagnostiquer et dépister les maladies mentales notamment la schizophrénie ? 

Mieux comprendre les maladies mentales

La psychiatrie est la branche médicale consacrée au diagnostic, à la prévention et au traitement de ces maladies dites « mentales » ou « psychiatriques ». Bien que les prises de conscience concernant l’urgence et l’enjeu de ces maladies évoluent progressivement, il existe de nombreux tabous et d’idées reçues les concernant. 
En France, une personne sur cinq souffre de maladie mentale mais il reste très difficile d’apercevoir ou d’anticiper les signes cliniques permettant de les diagnostiquer. Les maladies mentales ne concernent pas uniquement le fonctionnement du cerveau mais également les zones périphériques et le système nerveux. Cela a des conséquences directes sur les capacités d’adaptation des patients en société et affecte considérablement leur qualité de vie.

La schizophrénie, par exemple, est une maladie qui se caractérise par des symptômes très variables d’un individu à un autre. Il existe :

  • des symptômes dits « positifs » : les hallucinations auditives, olfactives ou visuelles, les idées délirantes, les troubles de la pensée et l’agitation,
  • des symptômes dits « négatifs » : la démotivation, l’isolement social et la dépersonnalisation.  

Elle débute généralement à la suite d’un épisode psychotique et est, souvent, diagnostiquée plus tard, lorsque la maladie s’est progressivement développée. 

Les traitements et enjeux de la recherche en santé mentale 

La schizophrénie est l’une des maladies mentales les plus répandues dans le monde mais reste très méconnue en termes de symptômes. Les recherches sur cette pathologie représentent un réel enjeu de la santé publique. 

Son traitement correspond actuellement à une prise en charge médicamenteuse et une réhabilitation psychosociale pour les patients. 
Le traitement médicamenteux, généralement dans le cadre d’une hospitalisation, correspond en la prise d’antipsychotiques afin d’atténuer l’apparition des symptômes et d’assurer une meilleure qualité de vie aux patients. Certains d’entre eux résistent néanmoins à ces traitements et d’autres médicaments seront utilisés en seconde intention.
Finalement, l’engagement de l’entourage fait partie intégrante de la prise en charge. Cela peut favoriser une meilleure adhésion aux traitements.

D’après l’INSERM, si un tiers des patients peut reprendre une vie sociale, les autres vivent néanmoins avec des symptômes persistants et des risques de rechute. Aussi, 20 à 30% de ces derniers ne répondent que très peu aux traitements. C’est une maladie qui peut être traitée mais dont les patients ne guérissent pas totalement.

Les principaux objectifs de la recherche consistent, alors, en la détection précoce de la pathologie. Il faut également mieux la comprendre et mieux cerner l’action des facteurs de risque pour une prise en charge spécifique d’une personne à une autre. Pour un traitement adéquat, il faudrait pouvoir décrire les anomalies cérébrales liées à cette dernière. 

Identification précoce de la schizophrénie grâce à l’intelligence artificielle

L’intervention de l’IA en santé mentale va principalement viser la prévention. Jusqu’à lors, le diagnostic des maladies mentales repose principalement sur le recueil d’informations cliniques. Dans le cas de la schizophrénie, l’identification précoce permettrait une meilleure prise en charge et pourrait limiter la sévérité des troubles. Il existe, cependant, une grande forme d’hétérogénéité des symptômes et les critères cliniques sont encore trop faibles et peu spécifiques. 
Est-ce que les avancées technologiques pourraient permettre d’évaluer et de diagnostiquer la schizophrénie ?

Aux États-Unis, des chercheurs se sont penchés sur cette question pour permettre une intervention rapide. En effet, l’intelligence artificielle pourrait détecter dans le langage les individus à risque de développer une maladie mentale. À travers l’apprentissage automatique, utilisé pour identifier et percevoir les spécificités dans le langage, ils sont parvenus à identifier 93% de patients qui développeront une psychose. 

En effet, dans le cadre de ces recherches, ils ont programmé des machines pour apprendre « par expérience ». Elles devaient identifier les normes linguistiques d’une conversation dite « quotidienne » pour constituer une base de données de mots « ordinaires ». Par la suite, ils ont alimenté cette base par des conversations extraites de questionnaires remplis par des volontaires dans le cadre d’une étude sur le diagnostic des personnes exposées au risque de psychose. Les chercheurs ont pu alors comparer les conversations avec la base de données afin d’en dégager des signes annonciateurs. 

Aussi, des chercheurs canadiens ont développé un nouvel outil, EMPaSchiz, basé également sur l’algorithme d’apprentissage automatique avec les objectifs suivants :

  • identification des risques d’apparition des symptômes,
  • poser un diagnostic précoce,
  • trouver le traitement adéquat le plus rapidement possible.

Ils ont utilisé cet outil pour analyser les scanners cérébraux de patients. Il doit également permettre d’identifier les différents groupes de symptômes.
EMPaSchiz a permis d’identifier précisément des personnes (apparentées au 1er degré à des patients souffrant de schizophrénie) aux scores élevés sur une échelle de traits schizotypiques. 

L’intelligence artificielle est donc en pleine expansion et remplie de promesses. Les chercheurs ont désormais pour visée de proposer des soins de meilleure qualité pour les patients schizophrènes. La prochaine étape concerne une vision plus élargie de l’outil et d’identifier les personnes susceptibles de développer cette maladie sans antécédent familial. 

Et vous, pensez-vous que l’intelligence artificielle représente un nouvel espoir pour le traitement des maladies mentales ? 

Vous souhaitez en savoir plus ?
N’hésitez plus, consultez ces sources :


Larousse, Intelligence artificielle, https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/intelligence_artificielle/187257

Le Parisien, « En France, une personne sur cinq souffre de maladie mentale« , 8 juin 2019
L’apprentissage automatique, ou machine learning, est basée sur des approches mathématiques et statistiques afin de créer un système informatique capable de reconnaître des choses et d’apprendre à partir de données et de se débrouiller en toute autonomie.

npj Schizophrenia, A machine learning approach to predicting psychosis using semantic density and latent content analysis, 13 juin 2019

Ma Schizophrénie, L’intelligence artificielle pour un dépistage précoce de la schizophrénie, 9 février 2021