Aujourd’hui, pour cet entretien, nous partons à la rencontre d’Arnault Châtel, expert en Intelligence Artificielle. En effet, ce dernier a accepté de répondre à quelques questions sur l’lA et nous a même délivré quelques unes de ses prédictions…
Nous avons découpé cette interview en 3 phases :
- Présentation d’Arnault
- Intelligence Artificielle : l’avis de l’expert
- Intelligence Artificielle : quel avenir ?
Présentation d’Arnault
Bonjour Arnault, merci de nous accorder de ton temps ! Nous allons aborder ton sujet de prédilection qu’est l’IA mais avant cela, peux-tu te présenter pour nos lecteurs ?
Je m’appelle Arnault Châtel, je suis l’un des responsables pédagogiques du MBA DMB. Une formation dont je suis moi-même issu car j’ai été l’un des étudiants de la toute première promotion en 2015. Avant cela, j’ai un passé entrepreneurial puisque j’ai été chef d’entreprise d’une agence durant un peu moins de 10 ans.
Arnault Châtel
Tu es spécialiste IA, à quel moment t’est-il venu l’idée de développer une telle expertise ?
« Cela remonte au début des années 90 et l’avènement de Deep Blue. À l’époque déjà, je me disais que l’Intelligence Artificielle était l’une si ce n’est LA transformation digitale des années à venir. »
Arnault Châtel
Intelligence Artificielle : l’avis de l’expert
Quel est ton avis aujourd’hui à propos de l’IA et peux-tu nous parler de son évolution ?
« L’IA c’est une sorte de « pot pourri » à l’intérieur duquel se retrouvent plein de technologies dont la base est formée par des algorithmes. Par rapport à un programme informatique, un algorithme intègre cette notion d’apprentissage continu. Contrairement à un programme auquel on donne un début et une fin, celui-ci va s’enrichir pour évoluer sans arrêt. Il s’agit d’une vieille technologie qui existe depuis les années 1950 ! Aujourd’hui, elle est omniprésente, nous ne pouvons pas nous en passer car nous générons trop de données pour nos cerveaux. »
« Alors bien sûr, l’IA a encore des faiblesses et elle n’est pas prête de faire mieux que l’Homme, notamment sur toutes les tâches transversales. En l’état actuel des choses, elle est douée sur toutes les tâches verticales comme par exemple lorsqu’il s’agit d’effectuer un calcul mathématique. En revanche, piloter un avion ou même conduire une voiture, cela ne fait pas encore partie de ses compétences. Cependant, au fur et à mesure que le temps avance, nous inventons de nouvelles solutions, de nouveaux algorithmes. »
Arnault Châtel
De quelle façon perçois-tu la place qu’est en train de prendre l’IA de manière générale ?
« C’est une excellente question. Je dirais que c’est comme toutes les technologies quand elles sont inventées. À l’origine, une technologie c’est plutôt quelque chose de positif, après cela dépend d’entre quelles mains elle se retrouve. Sous-entendu, cela dépend de ce que décide d’en faire l’Homme. Une slide que je montre toujours aux étudiants quand je donne un cours sur l’IA, c’est celle des 17 chantiers des Nations Unies. Ils pourraient être résolus via ce que l’on nomme l’Intelligence Collective Augmentée (ndlr : nous, êtres humains + l’IA). Pour moi l’IA sert à ça. C’est comme un auxiliaire de vie mais au service de toute la population, du moins de tous ceux qui font appel à elle. »
« En revanche, il suffit de regarder ce qu’il se passe ailleurs pour se rendre compte des dégâts que cela peut faire. En Chine par exemple, là-bas l’Intelligence Artificielle est utilisée massivement et de façon parfois très intrusive ! Par conséquent, une fois de plus tout dépend de l’usage qui en est fait. Néanmoins, en tant qu’optimiste de nature, je crois en le fait qu’elle va être bien utilisée et que l’on va pouvoir faire des choses extraordinaires avec. »
« Ce qui est sûr, c’est que la technologie est là et qu’on le veuille ou non on ne peut plus fermer les yeux dessus.«
Arnault Châtel
Comment les systèmes d’IA prennent-ils des décisions et comment garantir que ces dernières sont éthiques ?
« Elles vont apprendre et évoluer en fonction des données qu’elles vont recevoir et accumuler. D’où l’intérêt d’avoir une quantité de données la plus large possible ! Finalement, l’IA c’est un peu comme un enfant. Il est nécessaire de bien l’éduquer pour ne pas qu’il dévie sa trajectoire et sombre du côté obscur.«
Arnault Châtel
La question n’est pas forcément la plus simple mais quelle est selon toi, l’IA la plus impressionnante ?
« C’est super compliqué, j’en ai deux qui me viennent à l’esprit. La première est celle qui décèle mieux les risques de suicide qu’un psychiatre. Je ne me souviens plus son nom exact, mais là on est sur l’émotion, l’empathie, des singularités humaines en fin de compte. Sinon, ces derniers temps ce qui a fait beaucoup de bruit c’est ChatGPT, l’IA qui génère du contenu écrit ou encore Dall-E pour ce qui est du contenu visuel. » « Plus personnellement, je suis tout de même bluffé par les IA du domaine de la santé car certaines sont réellement capables de sauver des vies et ça c’est vraiment impressionnant ! »
Arnault Châtel
Intelligence Artificielle : quel avenir ?
Dans un futur proche, quels sont les défis à relever afin de rendre l’IA encore plus efficace, plus rapide et plus fiable ?
« Dans quelques temps, on va voir mûrir ce qui s’appelle le Quantum Computing. Ce qui signifie Informatique Quantique, est la meilleure solution en termes de puissance pour effectuer les calculs les plus complexes possibles, mais aussi sur le plan énergétique et environnemental. D’autre part, il y a aussi tout l’aspect Cloud Computing car il faut bien stocker quelque part toute cette donnée et de manière la plus sécurisée possible. »
« Finalement, ma réponse est très simple et se résume en deux mots : puissance de calcul et données. »
Arnault Châtel
Comment est-ce que les avancées en termes d’IA pourraient impacter les emplois et les opportunités sur le long terme ?
« Ça va être une boucherie ! Je pense qu’aucun métier ne pourra résister au couple IA + Robotique. Il existe déjà aujourd’hui des barmen qui sont en réalité des bras robotisés ! Aux USA, il y a plus de 3 millions de chauffeurs de poids lourds, que vont-ils devenir ? Ce sont de vrais sujets des décennies à venir. On nous propose des formations, pour des métiers qui on le sait déjà vont finir par se faire disrupter mais pourtant on continue de nous les proposer. Ainsi, les services clients décentralisés par exemple, quand les technologies vocales seront parfaitement au point, il n’y en aura plus besoin ! »
« Je pars du principe que selon Gartner, 85% des métiers de 2030 n’existent pas encore. »
Arnault Châtel
Quels sont désormais les véritables enjeux de la recherche en matière d’IA pour garantir à la fois la sécurité et la confidentialité des données ?
« Tout d’abord, en Europe on a le RGPD. On peut avoir matière à débattre là-dessus mais c’est clair que les Européens sont plus protégés que les Chinois par exemple ou encore que les Américains. Le défi c’est de réussir à produire des IA qui sont moins consommatrices de données pour obtenir les mêmes, voire de meilleurs résultats. »
Arnault Châtel
Enfin, si tu devais créer/inventer une IA, quelle serait-elle ?
C’est une super bonne question aussi celle-ci… (moment de réflexion) Celle-ci existe déjà en partie mais je développerais une IA qui prévient des AVC.
Arnault Châtel
Merci beaucoup Arnault de nous avoir offert ton point de vue à propos de cette technologie qui n’a pas fini de faire parler d’elle ! Cet article-enquête sur les biais sexistes et racistes des algorithmes en est l’illustration parfaite. Quant à nous, nous nous retrouvons prochainement pour un nouvel article sur l’IA (ou pas).
