InnoGeneration Circuit court #1

Lors de l’événement InnoGeneration organisé par la BPI le 12 octobre 2017, une conférence passionnante s’est tenue sur le circuit court et les nouveaux modes de consommation.
Zoom sur la première partie de cette table-ronde animée par Kevin Camphuis de la ShakeUpFactory et rassemblant Hélène Binet de La Ruche Qui Dit Oui !, Pascal Hardy d’Agripolis, Perrine Ferras-Sendra d’InVivoRetail pour Frais d’Ici, Aude Jeulin-Dhondt de Guy Demarle, Grégoire Bleu de La Boîte à Champignons, Cyril Francin des Commis.

Le fil rouge à retenir est bien l’envie de manger plus frais, plus local et avec une cuisine plus fréquemment réalisée soi-même.

Découvrez le circuit court Agripolis !

Agripolis installe des fermes urbaines, les exploite et remet à disposition sa production au lieu où la ferme est installée.

Aujourd’hui quatre fermes en agriculture urbaine distribuent leur production en circuit court. Demain, il est probable que le modèle sera différent afin d’assurer le développement de l’entreprise.

Ces fermes sont situées sur le toit d’un supermarché, d’un hôtel Accor, d’un immeuble d’habitation et sur le siège d’une entreprise. Agripolis distribue sa production aux clients, salariés et clients sur ces adresses.

« Nous sommes sur du circuit hyper court. On court circuite les circuits courts ! » fait remarquer Pascal Hardy Fondateur d’Agripolis qui travaille également avec des magasins comme Frais d’Ici pour distribuer ses surplus. « Quand on est sur un hôtel il n’y a pas toute la capacité pour absorber la production donc on trouve d’autres circuits. »

Des fermes sur les toits ?

« 1 200 kilomètres, c’est la distance moyenne que parcourt les fruits et légumes pour parvenir dans votre assiette. » Face à ce constat et à celui que l’essentiel de la valeur ajoutée ne va pas au producteur, Pascal Hardy –  lui même producteur –  a souhaité rapprocher les lieux de production.
Pour produire sain, en ville et de manière très productive, le schéma de la ferme urbaine s’est imposé. L’idée lui est d’abord venu des Etats-Unis. La ferme urbaine fait appel à de l’innovation avec monitoring, à de la fertilisation et de la commercialisation.

Chez Agripolis, le lien avec le consommateur est évident. Dans le supermarché un îlot avec les produits est installé dans le magasin. Il y a peu de choses à faire pour expliquer l’intérêt de choisir ces légumes qui ont parcouru… moins de cinquante mètres ! Dans ce supermarché Agripolis représente un tiers des ventes globales ! A l’hôtel, le restaurant est quant à lui littéralement submergé par les productions.

L’idée n’est pas de faire de l’anecdotique mais de se substituer à des productions qui viennent de loin.

Agripolis concurrent des plateformes d’intermédiation en circuit court ?

Agripolis est complémentaire de La Ruche Qui Dit Oui ! car sa vocation n’est pas de faire de la logistique, de la concentration de flux ou de la communication vers les consommateurs. De son côté, Hélène Binet confirme cette complémentarité car le rôle de La Ruche Qui Dit Oui ! n’est pas non plus de se mettre à produire.

« Notre rôle s’arrête là où le vôtre commence » atteste Pascal Hardy.

A la question du mode de production, Agripolis répond que « local » ne veut pas dire sain et vertueux mais c’est cette voie là (sans pesticide…)  qu’ils ont choisi.

La question de la saisonnalité des produits est un sujet compliqué pour Agripolis qui essaie de désaisonaliser notamment avec l’installation de serres. Pour répondre à une demande toute l’année, Agripolis joue sur la transformation de ses produits.

A la question de la pollution de l’air – principale objection des consommateurs – Pascal Hardy répond que la pollution rentre dans la plante essentiellement par les racines. Hors sol, ses tomates et ses salades sont en pleine forme ! Eux-même ont été surpris de ne pas détecter de métaux lourds dans la production analysée sur le site Accor situé à 500 mètres de TF1 près du périphérique parisien. « Les produits sont hyper sains ! »

 

Qui Dit Circuit court ? La Ruche !

La Ruche Qui Dit Oui ! a été créée en 2011 après être parti d’un constat, simple et La_Ruche_qui_dit_Ouitriste : les consommateurs mangent de plus en plus mal et sont de plus en plus défiants face à leur nourriture. De l’autre coté, les agriculteurs sont mal payés. La Ruche a voulu répondre à la question suivante : Que peut-on faire  pour créer de nouveaux systèmes alimentaires ?

La réponse à été de créer des marchés éphémères grâce au numérique.

Un succès ! Aujourd’hui on compte 850 ruches en France et 1 200 en Europe. Le modèle s’étend à l’international  avec neuf pays. La Ruche a commencé avec les pays limitrophes, par exemple en Alsace, peu à peu des producteurs allemands frontaliers ont commencé à développer leurs produits, de même avec la Belgique. La Ruche s’étend de manière organique.

Des liens forts avec les producteurs

Les produits proposés sont des produits locaux, pas forcément bio mais qui doivent répondre à une « charte Producteur » mise en place. Les responsables des ruches sont eux-même impliquées dans le choix des producteurs. Lorsqu’ils visitent une exploitation ils rédigent une fiche sur ce qu’ils ont vu. Ainsi, d’autres responsables de ruche de leur secteur peuvent aussi choisir d’intégrer le produit s’ils le jugent opportun.
Les consommateurs aussi sont impliqués. On a vu des exemples de retour consommateur sur des plats cuisinés pour lesquels le producteur a parfois changé des ingrédients !

A savoir, à La Ruche, c’est le producteur qui fixe son prix de vente finale et qui intègre 8%  pour le développement de la plateforme et pour la partie comptable. Il faut savoir que les producteurs reçoivent un virement dans les 5 jours, la comptabilité est très carré et rapide. 8 % reviennent également au responsable de la ruche qui consacre en moyenne un jour à un jour et demi par semaine à gérer son lieu et les commandes.

 

La plateforme & l’humain : la réussite de ce circuit court


Aujourd’hui un million de personnes sont inscrites sur la plateforme.
La plateforme doit être simple pour tous… et c’est donc très compliqué car il y a trois types d’utilisateurs ! Les producteurs, les responsables de ruche et les consommateurs. Pas simple d’animer trois communautés avec des intérêts différents ! Chaque année cependant une rencontre est organisée avec les producteurs pour créer du lien.

Aujourd’hui La Ruche regroupe également une centaine de salariés avec un porte parole des responsables de ruche par région.

« Des vocations ont vu le jour grâce à la plateforme avec des producteurs qui ont ouvert leur boutique à la ferme, des site web en vente direct…  Ces outils mis à disposition ouvrent à la créativité  d’entreprise individuelles dans un projet commun. On commence responsable de ruche et on finit parfois par ouvrir un restaurant dans son jardin par exemple ! »

La Ruche est également une innovation sociale : créer des ruches dans des villages, des quartiers crée du lien social.  De très belles initiatives émergent.

« On innove, on teste, les circuits courts ça existaient depuis très longtemps mais mettre du numérique là dedans ça n’existait pas. » nous dit Hélène Binet.

Plus de personnes consommeront via les ruches plus une demande se crééra et encouragera les agriculteurs à y répondre pour recréer des systèmes locaux ! 

Echanger…

Une ligne éditoriale – notamment sur les réseaux sociaux a été dessinée. La Ruche estime qu’il faut redonner de l’information nutritionnelle aux consommateurs car on les a coupé de cela depuis une soixantaine d’années. C’est dans cette logique qu’un magazine est édité toutes les semaines. Il existe un lien fort dans la communauté. Les membres sont des personnes qui ont envie de manger autrement mais qui ont aussi envie de faire bouger la société. L’alimentation en est la porte d’entrée.

Des axes d’amélioration pour ce circuit court ?

Les consommateurs de La Ruche recherche du goût, des produits fermiers. Il recherche des produits comme du pain paysan, des légumes cueillis 2 heures avant…
Les clients viennent aussi pour le côté social car les ruches sont souvent installée dans des écoles, des librairies, des cafés… L’expérience client est plus sympathique que de se rendre chez Franprix … En plus, il existe une forme d’engagement, on sait à qui on donne notre argent.

Un travail de mutualisation de la logistique a été engagé pour que ce projet soit durable et pas « folklorique ».  Un blablacar des producteurs pour mutualiser les allers-retours est en place.

Les freins et les axes de travail de l’entreprise sont également axés sur la praticité. Aller chercher sa commande, dans un lieu précis sur une tranche de 2 heures n’est pas toujours aisé. Le modèle doit être plus pratique.

 

Frais d’Ici, le magasin circuit court

Cette nouvelle enseigne alimentaire est portée par InVivo et à pour but de rapprocher le producteur et le consommateur dans un magasin physique. Actuellement trois magasins pilotes ont été installés avec des engagements de goût, de proximité, de partage et de juste prix.

Toutes les catégories de produits frais sont représentées. L’objectif est de créer une enseigne duplicable  et durable.

« 75% de l’offre provient de producteur régionaux et locaux » nous confirme Perrine Ferra-Sendra

Le cahier des charges impose des achats responsables mais pas forcément bio.
Les producteurs sont sollicités mais il reste de la place. Frais d’Ici travaille notamment avec des producteurs de coopératives.

Pour accélérer son développement Frais d’Ici envisage de développer son enseigne en franchise.

La marque réfléchit à de nouveaux modèles. Ses agriculteurs sont actionnaires des magasins, elle travaille également avec la plateforme de crowdfunding Miimosa pour soutenir des agriculteurs dans les périmètres de ses magasins.