Quel humanisme à l’ère du numérique ?

Nous vivons actuellement un véritable déluge d’innovations. Le développement des technologies numériques, l’engouement pour les start-up, l’accroissement des incubateurs ou des Fab Lab, … font apparaître chaque jour des dizaines de nouveaux objets, concepts, logiciels ou services. Sans parler des centres de recherche, publics ou privés, qui se chargent également d’inventer le monde de demain. Nos usages sur internet d’e-commerce, d’e-administration,  de télémédecine ne cessent d’augmenter chaque année. Envoyer un email, faire une recherche en ligne, prendre un billet de train en un clic, faire sa déclaration d’impôt en ligne … autant de gestes du quotidien qui nous paraissent banals, naturels voire instinctifs. Nos vies sont connectées pour tout, partout, tout le temps, à tout instant. A tel point qu’on en oublie trop souvent ceux qui ne maîtrisent pas le numérique. Alors comment simplifier sans exclure les plus fragiles ? Comment rendre accessible le digital à tous les citoyens ?

Le numérique est-il un  facteur d’inclusion ou d’exclusion sociale ?

La question de l’appropriation par chacun des technologies numériques s’impose, car elle conditionne l’inclusion numérique (ou e-inclusion). e-inclusion, vise à rendre le réseau numérique accessible à chaque individu, principalement la téléphonie et internet, et à leur transmettre les compétences numériques qui leur permettront de faire de ces outils un levier de leur insertion sociale et économique. E-inclusion doit être développé à travers l’accès aux outils informatiques, l’éducation, la formation et les apprentissages. L’objectif est de rendre chacun autonome.

En France, 80% des habitants sont connectés à Internet*. Qu’en est-il des 20% restants ?

Car oui la transformation numérique offre un potentiel extrêmement favorable à tous les citoyens. En effet, un service numérique bien imaginé permet un accès rapide et facile à de multiples services qui offre un meilleur quotidien. Mais une médiation numérique est nécessaire face à ces nouveaux outils, de même qu’un accompagnement plus poussé pour les publics les plus fragiles.

Les français sont inégaux face au numérique. Deux facteurs sont à l’origine  de cette exclusion :

Le réseau, la couverture numérique du territoire français n’est pas uniforme. 6 millions de français souffrent d’une mauvaise connexion. Ils n’ont pas un bon débit. Et, s’il n’y pas ou peu de réseau  les innovations numériques ne servent à rien !

Les usages : 20 % des français ne savent pas utiliser internet. Les plus vieux, les personnes en situation de handicap, les personnes qui ne sont pas équipés, sont les plus touchés.

Main levé de toutes les couleurs

Focus sur l’une des ces initiatives, qui permet d’accompagner les citoyens dans l’usage d’internet et  de devenir un aidant numérique.

 WeTechCare association qui a pour vocation l’e-inclusion. L’association a donc développé des outils en ligne, à destination des acteurs des territoires : les bibliothèques ;  les centres communaux d’action sociale ; les maisons de retraite… Le but,  que ces derniers s’en emparent pour former le grand public aux compétences de base  comme s’entraîner à remplir un formulaire administratif jusqu’au dernier clic. Avec ces relais territoriaux, WeTechCare crée des réseaux d’inclusion. Et les territoires qui participent à la démarche deviennent des aidants numériques qui permettent  aux citoyens d’accéder  aux opportunités offertes par les nouvelles technologies. Pour en savoir plus sur ce sujet, je vous conseille de lire ou relire l’article de Virginie Counioux de Conigliano de ce début d’année sur ce sujet : http://www.mbadmb.com/actu/2017/01/31/lexclusion-numerique-france-solutions/

Au-delà de l’évangélisation numérique, il est nécessaire d’accompagner à la transformation numérique de tous les acteurs de l’économie sociale et solidaire. Le chantier de la médiation numérique entrepris avec les collectivités locales est un sujet qui fait débat depuis de nombreuses années. Il est l’un des enjeux des années à venir : de réussir à structurer et dynamiser la médiation sociale par le digital.

Face au foisonnement d’actions locales qui manquent parfois de cohésion à l’échelle nationale, il faut penser le numérique de façon global. A l’heure où Internet explose, je crois fondamentalement au pouvoir  de la formation comme étant l’une des clés de l’e-inclusion sociale par le numérique. Car cela ne sert à rien de numériser les services publics et de créer plus de services privés en ligne, si les citoyens ne sont pas accompagnés.

 

*source : Etude we are social