Cette semaine, nous continuons notre découverte de l’univers de la transformation numérique du Design en abordant son historique et son évolution à travers les âges.
Vous vous en doutez, nous n’allons pas tout de suite parler design de site internet, en revanche, la question d’UX, d’expérience utilisateur va apparaitre bien plus tôt qu’on ne l’imagine dans l’histoire du design.
L’antiquité
Le design en tant que projet existe en réalité depuis l’Antiquité où déjà, des artisans structurent leur production pour répondre à la demande d’objets qui connaissent un grand succès. Les amphores antiques qui s’exportent dans l’ensemble de l’Empire romain. Elles sont produites en masse et en série et sont un peu la bouteille de Coca-Cola de l’Antiquité.
La Révolution Industrielle
C’est à partir de la Révolution Industrielle que l’on voit apparaître toutes les caractéristiques propres au design que l’on connaît aujourd’hui :
- reproduction à grande échelle et à bas coût,
- motorisation,
- emballage,
- démontage, etc
C’est aussi à cette époque qu’apparaissent les nouvelles technologies et de domaines générateurs de nouveaux usages et de nouvelles application du design :
- communication,
- bureautique,
- transports divers,
- tourisme,
- industrie du luxe, etc

19ème siècle, les arts déco et le fonctionnalisme
Le 19ème marque est le début des différents courants et doctrines du design, à l’image des courants artistiques ou musicaux.
On commence à trouver des objets “design” dans le sens que l’on entend aujourd’hui avec le courant des “arts déco”.
Le principal courant de pensée du design 19ème est le fonctionnalisme. C’est une doctrine esthétique puisant ses inspirations dans l’observation du fait que dans la nature, “la forme suit la fonction”, c’est à dire, chaque forme a une nécessité. De là, naît une première ambivalence qui met en lumière la complexité du concept du design : comment qualifier ce qui est nécessaire?
Jusqu’ici, le design ne s’intéresse pas à l’utilisateur mais principalement à l’objet.

Début du 20ème : designer devient un métier
Au 20ème siècle en Allemagne, c’est l’apparition du design industriel.
La fonction de designer devient une profession libérale avec Peter Behrens qui est à l’origine premier design industriel global. Il a créé une agence de design intégrée au sein de la firme d’électricité AEG où il a tout imaginé :
- l’usine de turbines,
- le catalogue des produits,
- le mobilier et les objets électriques qui équipent l’usine,
- le logo, etc
Considéré comme le “père du design” des temps modernes, il a formé de nombreux designers.

Années 20, design de masse et Modulor
Les années 20 marquent l’apparition de l’idée du design de masse qui travaille à mettre à contribution artiste, ingénieur et designer sur le même pied d’égalité.
C’est l’époque Le Corbusier ou Paul Klee qui font partie de ce courant qui met en avant l’aspect “social” du design c’est à dire offrir des beaux objets au plus grand nombre de consommateurs possibles.
Le Corbusier concentre son travail sur sa préoccupation principale : l’homme doit être le centre de la réflexion du designer. Selon lui la « construction est faite pour tenir, l’architecture, pour émouvoir » et ce sont ces deux idées qui dessinent les prémices de l’UX design. Déjà !
Il a poussé sa réflexion assez loin pour créer un système de mesures à partir des proportions humaines. Le Modulor est inspiré des travaux de De Vinci et permet aux architectes de construire des bâtiments le mieux adaptés possible aux êtres humains. La cité radieuse de Marseille a été conçue par Le Corbusier selon ce système.
L’après-guerre, Raymond Loewy et le design scandinave
A partir des années 30, le design fait plus que dessiner des objets. Il redéfini toute la société et les usages, en plaçant l’utilisateur au centre de ses préoccupations.
Pour Raymond Loewy, designer industriel français, « la laideur se vend mal ». Il propose de donner une valeur esthétique forte aux objets manufacturés pour relancer l’économie.
C’est lui qui dessine la Cadillac, la bouteille pour Coca-Cola, le logo de Schell ou de L’Oreal mais aussi le paquet de cigarettes Lucky Strike. Pour la première fois, il fait apparaître la marque et le logo publicitaire sur les deux faces du paquet. La marque est désormais identifiable sur tous les paquets jetés dans la rue ou posés sur les tables. Cela a pour effet d’augmenter considérablement les ventes.
Raymond Loewy est finalement à l’origine de la popularité de l’American Way of Life et est en quelques sortes le père du Marketing et de l’UX Design et du Design Thinking.

Années 70 et 80, design industriel, futurisme et nouvelles technologies
En moment de Mai 68 et les divers mouvements sociaux, le design devient plus fou et moins stricte.
C’est l’apparition des nouvelles techniques de moulage mais aussi de nouveaux matériaux comme l’inox, le plexiglas, la résine et le formicas. Toutes ces innovations permettent aux designers de créer des objets inattendus, mêlant esthétisme, fonctionnalité et techniques dans un univers plus futuriste. Tout respire l’idée que tout va plus vite, plus loin à travers le monde et au delà.
Ce « nouveau design » s’intéresse à tous les designs : produit, graphisme, ameublement, architecture, communication, etc.
C’est la naissance des gros industriels comme Habitat, Alessi, Roche Bobois, etc. Ils se retrouvent sur le même créneau que les designers comme Pierre Paulin et Florence Knoll, et les artistes comme César qui éditent eux aussi meubles et objets design.
Côté innovations, la mondialisation et la forte augmentation de densité de population donnent naissance à de nouveaux besoins auxquels répondent des nouvelles technologies : c’est l’arrivée du premier portable en 73.

Années 90, le design est partout
Dans les années 90, on peut difficilement dire qu’il y a un style design car il est désormais complètement omniprésent.
C’est l’époque des nouvelles technologies qui envahissent le quotidien. Les échanges deviennent planétaires et temps réel pendant qu’Internet fait son apparition. Les médias se multiplient et se diversifient alors que l’économie européenne ralentit et que l’on cherche à simplifier les production pour diminuer les coûts des produits.
A partir de là, tout le monde inclut le design dans sa conception. Objectif : séduire toujours plus de consommateurs, améliorer l’ergonomie des produits et relancer les ventes. Bref, le design devient indispensable.
C’est à cette époque que Philippe Starck explose littéralement. Il dessine de tout pour tout le monde, et devient l’exemple type DU designer.
Il propose un design démocratique dans l’idée baisser les coûts et augmenter qualité et esthétisme pour une diffusion au plus grand nombre.
Philippe Starck a d’ailleurs progressivement touché tous les domaines où peut s’appliquer le design :
- mobilier,
- architecture (le club les Bain Douches à Paris),
- industrie,
- équipement de la maison (brosse à dents, presse agrume, etc.)
- alimentation (des pâtes pour Panzani),
- tout types de véhicules (entre autres un yacht pour Steve Jobs), etc.

A partir du 20ème siècle, on vit la Révolution Numérique avec l’essor du numériques, de l’informatique et Internet. Tous les usages et les fonctions sont désormais repensés en fonction des nouvelles attentes des consommateurs et des nouveaux outils de production et de commercialisation. Les designers ont eux aussi adapté leurs création en y intégrant le son, la lumière voire même les odeurs pour proposer un design toujours plus intégré dans la vie quotidienne.
Dans cet optique, Philippe Starck, a régulièrement échangé avec le créateur d’Apple. Selon lui, Steve Jobs était un « bâtisseur d’espace mental ».
L’iMac nait en 1998 de la collaboration Steve Jobs / Philippe Stark. Un ordinateur en forme de berlingot coloré décliné sur de nombreuses couleurs qui devait s’adapter complètement au mobilier.
D’ailleurs ça n’était pas l’objet qui intéressait Steve Jobs, mais tout l’usage et l’expérience qu’il y a autour, en vrai professionnel de l’UX à tous les niveaux. A juste titre, il s’est attribué dès le lancement d’Apple le statut de “designer en chef”. Il a su au fur et à mesure des années, faire de ses créations des références en matière de design et d’UX.

En grand visionnaire, Steve Jobs n’éprouvait aucun besoin de sonder les consommateurs, selon lui incapables de juger l’intérêt d’un produit encore inconnu dont l’usage leur échappait totalement. En plus de travailler sur la forme des objets, Apple imagine depuis le début des besoins qui n’existent pas encore.
Leur manière de travailler à néanmoins beaucoup évolué, à l’ère du Design Thinking et du Design global, la tendance actuelle. Rendez-vous la semaine prochaine pour continuer notre découvert de l’historique de la transformation numérique du design.
