Nouveaux modes de paiement : la bataille des distributeurs
Les distributeurs ont été les premiers à marcher sur les plate-bandes des banques en proposant des cartes bancaires à moindre coût, assorties d’une option crédit. Mais la concurrence se durcit et s’étend sur les solutions FINTECH dont les GAFA s’emparent. Innovantes, pratiques et faciles, elles répondent à des évolutions du marché et de nouvelles attentes des consommateurs. Et c’est une lutte sans partage entre les GAFA et entre les distributeurs pour capter les flux de paiement des clients, et surtout les fidéliser.
De nouvelles cartes bancaires et une gestion de compte simplifiée
1/ C-Zam, un compte-courant avec une gestion 100% en ligne, par Carrefour
Accessible à tous (sauf les mineurs) y compris les interdits bancaires, ce compte évite d’être à découvert. La carte est activable après alimentation du compte, puis pilotable depuis une application mobile.
Le compte C-Zam contient une carte MasterCard vendu en libre-service au prix de 5 euros, et sera facturé 1 € par mois, sans condition de revenus, pour se différencier des banques en ligne. Il faut savoir que les frais bancaires élevés constituent le premier motif d’insatisfaction et de mobilité bancaire pour 90 % des Français.
Le compte fonctionne via l’application C-zam et permettra de gérer son compte en ligne, comme dans n’importe quelle banque. Le compte peut être approvisionné à tout moment, avec une mise à jour en temps réel.
« Le site a été pensé mobile first avec un fonctionnement voulu le plus simple et intuitif possible, précise Nadia Nikolic, directrice marketing et commerciale. Nous avons mis en place une démarche de co-construction avec des clients.
Cette offre vient concurrencer le compte-Nickel avec des services moins chers, notamment sur les frais de retrait en DAB à l’étranger.
2/ Le compte Nickel, qui s’appuie sur un réseaux de buralistes
Avec plus de 540.000 comptes ouverts en trois ans, et 1 compte ouvert toutes les 30 secondes, le compte Nickel, aujourd’hui racheté par BNP, est présent chez 2500 buralistes avec un partenariat prolongé jusqu’en 2035.
Ce compte hors banque distribué uniquement dans les bureaux de tabac est accessible sans conditions de revenus, de dépôts ou de patrimoine. La formule de base coûte 20€ par mois et comprend sa gestion par internet, des notifications par sms, les virements et les prélèvements.
3/La Fnac lance à son tour une carte bancaire
C’est une simple carte de paiement, gratuite et débitée sur son propre compte bancaire. Elle est utilisable dans tout le réseau Mastercard. Son avantage porte surtout sur le cashback : un avantage fidélité non négligeable pour les 5 millions de porteurs de la carte FNAC.
Ces derniers pourront « cagnotter » une partie des sommes qu’ils auront dépensées par le biais de la carte, y compris dans les enseignes concurrentes. 1% de tous leurs achats – en magasin et sur Internet – et de leurs retraits d’argent leur sera restitué sur leur compte fidélité sous forme de bon d’achat valable sur le réseau FNAC.
« Notre idée est que cette carte devienne le moyen de paiement principal de nos clients », indique au Monde Enrique Martinez, directeur général de la Fnac en France.
L’objectif étant de recruter des clients fidèles… Et de contrer le géant américain Amazon
Le système de cagnottage, permet notamment aux enseignes de commerce d’« augmenter le trafic sur le site et les ventes, en maîtrisant la rentabilité de leur investissement » et « génère rapidement du chiffre d’affaires », selon une étude Xerfi de 2016 sur le cashback en France.
Les achats réalisés grâce au cagnottage s’élèveront à près de 800 millions d’euros en 2017 (contre près de 600 millions d’euros en 2015) .
Amazon Pay arrive en France
Avec 33 millions de clients dans le monde depuis 3 ans, Amazon Pay lance son propre système de paiement en France. Les clients français du site pourront régler des achats en ligne sur des sites marchands tiers, en utilisant uniquement leur compte Amazon. Très peu de partenaires en France pour le moment…
Les informations de paiement et de livraison stockées dans le compte client sont alors utilisées pour finaliser l’achat : ce qui facilite les transactions et évite la multiplication des identifiants et mots de passe sur les plate-formes.
L’objectif, grâce à cette simplification du parcours de paiement, est de réduire les abandons de panier des clients.
Amazon vient lui-même concurrencer le système Apple Pay qui permet de payer avec son mobile en ligne et en boutique. Cependant, l’acteur incontournable reste PayPal: le géant américain des paiements. 20 % des personnes qui réalisent des achats en ligne en France disposent d’un compte PayPal.
Alibaba vient quant à lui, d’annoncer le déploiement de Alipay sur le marché américain
En partenariat avec First Data Corp, le service mobile de paiement électronique Alipay sera accepté auprès de 4 millions de commerçants aux Etats-Unis. Apple Pay est déjà déployée auprès de 4,5 millions de commerçants.
Alipay, s’adresse principalement aux touristes Chinois aux USA, qui n’auront ainsi plus besoin de changer leur monnaie locale sur place ou de payer des frais de commissions élevés sur les paiements par Carte Bancaire.
Si la bataille des GAFA sur les solutions de paiement fait rage aux USA, en France, différents acteurs s’allient pour proposer Lyf Pay
Disponible dès le 18 mai, Lyf Pay est une solution de paiement mobile via l’application Lyf Pay et qui permettra de payer en magasin avec son smartphone, grâce à un QR code.
Elle réunit des acteurs du monde de la banque et des paiements (BNP Paribas, Crédit Mutuel, Oney, Mastercard), mais aussi de la distribution (Auchan, Carrefour et Total).
« Dans notre plan stratégique, nous avons une dimension qui consiste à inventer de nouveaux business models en inventant les nouveaux usages », précise Thierry Laborde, directeur général adjoint de BNP Paribas.
« Un seul geste permet de payer, de ‘cagnotter’ des points de fidélité, de bénéficier des offres promotionnelles et de récupérer son ticket de caisse de manière numérique », avance Bernard Avril, directeur client et Innovation chez Auchan Retail France
« La fonctionnalité de paiement est un lieu important pour introduire de l’innovation dans le cadre de la relation entre le distributeur et le client ». assure Pierre-Jean Sivignon, directeur financier de Carrefour. «
Les opérateurs s’y mettent aussi : Orange lance en France Orange Bank
Un nouveau service de banque en ligne : carte bancaire offerte, absence de frais de tenue de compte retrait sans frais dans tous les distributeurs automatiques de billets, partout en zone euro…), sans condition d’éligibilité imposée au client.
Arrivé à maturité, le secteur des opérateurs téléphoniques doit se réinventer et proposer d’autres services pour garder ses clients.
Ce compte fonctionne avec Visa : paiement sans contact et sans code avec NFC ou compte wallet Apple Pay. Donne la possibilité de recevoir et d’envoyer de l’argent.
L’opérateur espère convaincre 2 millions de clients d’ici à 2025, et générer 400 millions d’euros de chiffre d’affaires dans les services financiers dès 2018.
Une solution qui a rencontré un franc succès en Afrique, car le taux de bancarisation y est faible. Orange Money y comptait, fin décembre, quelque 29 millions de clients.
En conclusion…
Les GAFA se partagent le gros des solutions, et ce dans le monde entier…. les distributeurs tentent de les contrer en proposant à leurs clients des solutions bancaires et un service simplifié au moment de la transaction. Quant aux banques, elle cherchent à innover en rachetant des start-ups de la finances et en améliorant leur relation client… et ferment des agences sur toute la France. La Société générale annonce une réduction de 20% de son réseau à horizon 2020.
La révolution digitale a tout bousculé… Du lancement par Apple du service de paiement mobile Apple Pay, à Facebook qui a obtenu fin 2016 un agrément de prestataire de paiement et d’émetteur de monnaie électronique qui lui permet d’opérer en Europe… A suivre…