“Soyez vous-mêmes, les autres sont déjà pris” disait Oscar Wilde.
Alexandre Pachulski : titulaire d’un doctorat en Intelligence Artificielle, il co-fonde en 2007 la start-up Talentsoft. Celle-ci propose un logiciel dédié au management des talents au sein des entreprises afin d’aider chaque collaborateur à déceler et révéler son potentiel. Auteur de plusieurs ouvrages, il utilise sa passion pour la pop-culture et son expertise pour encourager ses lecteurs à découvrir leurs singularités et exercer pleinement leurs talents. Il s’est également attaché à aider les plus jeunes à découvrir ce qui les rend uniques très tôt : il a ainsi contribué à la création de l’Autre École, qui accueille à Boulogne-Billancourt des enfants de 3 à 12 ans de classes sociales variées. L’enseignement y combine bienveillance, pédagogie active, fort encadrement, co-éducation, classes multi-niveaux destinées à révéler le meilleur de chacun.
Dans cet article, je vous parle de son ouvrage “Unique(s)” paru en 2018. Dans la société d’aujourd’hui, rien n’est conçu pour nous aider à exprimer notre singularité. Nous ne cessons de nous comparer aux autres et essayons de nous conformer aux normes sociales. Il est donc complexe d’aligner nos actions avec qui nous sommes réellement. Cet ouvrage replace l’humain au centre du monde technologique de demain.
L’auteur structure son ouvrage en 4 grandes parties : l’éducation, le travail, l’entreprise et la technologie.
L’éducation, de la norme à la singularité
“Connaître autrui n’est que science. Se connaître soi-même, c’est intelligence” Lao Tseu, sage chinois.
Aujourd’hui, l’enseignement comprend plein de matières. Cependant, l’école ne nous apprend pas à découvrir qui nous sommes et ce qui nous rend unique(s). L’auteur remet en question le système éducatif actuel qui, selon lui, devrait avant tout nous enseigner à mieux nous connaître, à ne pas nous soucier des autres et à nous aider ainsi à trouver notre singularité plutôt que de chercher à se conformer à la norme. Il met alors en avant plusieurs types d’écoles mettant l’accent sur la singularité humaine en s’appuyant sur des films. Ainsi, à travers l’école Multiplicity, il redéfinit ce que signifie cette singularité humaine : « En fait, on pourrait définir la singularité comme le plus petit dénominateur commun de tous nos comportements. Ce noyau qui supporte toutes nos interactions et qui fait que l’on nous reconnaît entre mille. D’aucuns appellent cela la personnalité. ». On comprend par exemple comment découvrir sa singularité avec l’école Billy Elliott et comment l’assumer grâce à l’école X-men. L’auteur souligne également l’importance de apprendre à apprendre avec l’école Yoda qui, selon lui, est “le passeport de notre liberté”. Ses nombreux exemples tracent la voie vers un nouveau modèle d’enseignement.
Le travail, de souffrir à s’accomplir
“Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie” Confucius, philosophe.
Dans cette deuxième partie, Alexandre Pachulski commence par redéfinir ce qu’est le travail. Selon des études françaises actuelles, le travail est avant tout vu comme un gagne-pain. Puis, il est perçu soit comme une forme d’esclavage, de torture ou à l’inverse comme une passion, un épanouissement. Il pose alors la question :
“Comment transformer cette obligation en opportunité ? Pourrions-nous donner un autre sens au mot travail et faire que celui-ci constitue finalement le meilleur vecteur de notre singularité ?”
Pour y répondre, il s’appuie sur le concept de l’Ikigai. Cette démarche d’introspection d’origine japonaise permet à chacun de trouver un sens (gaï) à sa vie (iki). Il se situe à l’intersection de quatre dimensions : ce que l’on aime faire, ce pour quoi l’on est doué, ce dont le monde a besoin et ce pour quoi l’on peut être payé.

Il poursuit en nous donnant des pistes pour nous aider à découvrir le travail idéal, le chemin à emprunter et les questions à se poser pour y arriver. Il faut oser se poser la question des activités qui peuvent représenter une source de réalisation pour nous. Nous devons expérimenter et tenter plein de choses. En effet, nous ne pouvons pas savoir quel effet un certain travail aura sur nous sans l’avoir essayé. Il ne faut donc pas avoir peur de vivre de nouvelles expériences pour trouver sa source de réalisation et ce tout au long de notre vie, car le travail idéal d’un jour n’est pas le bon travail de toujours. Bien sûr, ce chemin sera accompagné d’obstacles, qu’il faut savoir décoder : s’agit-il d’obstacles “tests”, ou bien d’obstacles “panneaux indicateurs” ? Nos peurs sont faites pour être dépassées, il faut en faire des alliées pour éviter qu’elles nous bloquent dans le chemin vers ce travail idéal. Enfin, il faut prendre confiance en soi et assumer ses rêves.
L’entreprise, de subir à s’épanouir
“Là où se trouve la volonté, il existe un chemin” Winston Churchill, politicien.
L’auteur introduit ce troisième volet en évoquant la mutation actuelle des entreprises à travers les notions de bonheur au travail, de satisfaction et de motivation, de plus en plus plébiscitées. Cette mutation s’incarne également dans la transformation digitale auxquelles les entreprises font face. On notera qu’avec la crise sanitaire, cette mutation s’accélère grandement. Pour l’auteur, il faut savoir tirer profit de ces technologies pour apprendre à travailler autrement, dans l’intérêt des collaborateurs et de l’entreprise. Selon lui, “ce sont les notions ancestrales de pouvoir, de hiérarchie, d’autorité et de management” qui sont mises à mal”. Il démontre ensuite qu’il est possible d’évoluer dans l’entreprise sans pour autant renoncer à notre singularité et que celle-ci constitue justement une richesse importante.
La singularité technologique, de la peur à la promesse
“Quand tu auras appris à désespérer, je t’apprendrai à vouloir” Sénèque, philosophe.
Alexandre Pachulski nous explique que la transformation digitale actuelle et à venir sera encore plus brutale que celle que nous avons connu au cours de ces 20 dernières années. En abordant le sujet de l’intelligence artificielle, il apporte une réflexion sur la crainte répandue du créateur dominé par sa machine en l’illustrant par des films et séries tels que Terminator et Westworld…
“Pourquoi personne ne suggère-t-il des scénarios plus optimistes, mettant en scène des intelligences artificielles désireuses de nous protéger plutôt que de nous exterminer, qui viendraient réparer toutes nos erreurs menaçant aujourd’hui la planète ? Des IA bienveillantes, en quelque sorte”.
Il évoque alors Lil Miquela, 19 ans, suivie par plus de 3 millions de personnes sur Instagram, égérie de marques comme Prada ou Pat McGrath. Le détail troublant ? Elle n’existe pas ! Il s’agit d’un avatar créé et piloté par une IA qui s’identifie elle-même comme un robot. Selon Trevor McFredries son co-créateur, elle incarne les personnages des histoires que les jeunes aimeraient voir dans la vraie vie. En suivant l’histoire de Lil Miquela sur les réseaux sociaux, ils sont bien conscients qu’il s’agit d’une fiction. Il la définit comme plus proche de Mickey Mouse que de l’influenceuse Léna Situations. Pour en savoir plus sur cet avatar, lisez cet article !

L’auteur tente ensuite de prévoir la manière dont l’intelligence artificielle va s’incarner dans nos sociétés et comment anticiper son impact sur nos emplois futurs. Il se montre rassurant et optimiste dans ses propos : selon lui, nous devons considérer l’intelligence artificielle comme partenaire de réalisation professionnelle. Nous devons réaménager nos emplois et apprendre à collaborer avec elle (la cobotique). Il rappelle que l’Homme continuera à effectuer les tâches nécessitant :
- les capacités cognitives transversales
- les capacités créatives
- les compétences sociales et situationnelles
- les capacités de précision relatives à la perception
Il termine sa réflexion en nous invitant à envisager notre avenir collectif avec l’intelligence artificielle. Comment affirmer notre singularité humaine face à la singularité technologique ? Selon lui, l’enjeu de la société de demain est de permettre :
- d’être nous-mêmes et de nous réaliser à travers le travail,
- d’apprendre tout au long de notre vie, y compris en collaborant avec les technologies exponentielles,
- de savoir, en tant qu’humains, quelle place nous est réservée dans la société.

J’ai trouvé ce livre très agréable et simple à lire. Les nombreux exemples tirés de la pop-culture (films, séries, livres, émissions, entreprises…) permettent de rendre accessibles ses propos. Très inspirant, ce livre nous offre les pistes et outils nécessaires pour pousser notre réflexion personnelle sur qui nous sommes, la réalisation de soi et de nos rêves. Les différents sujets abordés nous poussent à nous questionner sur l’avenir et notre place dans la société, y compris avec les nouvelles technologies et en particulier l’intelligence artificielle. Et si la clé du monde de demain, c’était nous ?
Alexandre Pachulski a par la suite sorti “Génération I.A” en 2020, ouvrage dans lequel 80 films et séries sont rassemblées pour décrypter l’intelligence artificielle. Son objectif est de nous permettre de comprendre les enjeux et les questionnements autour de l’intelligence artificielle.
Pour moi, l’utilisation de ces exemples connus de tous rendent son livre et ses propos particulièrement accessibles. Après 2 ans de crise sanitaire, j’ai trouvé que cet ouvrage avait une résonance particulière sur la place de l’Homme dans le monde du travail et l’accélération de la transformation digitale.