« Le monde sans fin » de Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain : une lecture inspirante pour repenser notre société

livre le monde sans fin jean marc jancovici et christophe blain
Dans la sélection des livres proposée par l’équipe pédagogique, je me suis naturellement tournée vers “Le monde sans fin” de Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain pour mieux comprendre les enjeux climatiques dans leur globalité. Et je dois dire que ce livre a largement répondu à mes attentes ! A travers cette fiche de lecture, à mi-chemin entre résumé et apports personnels, je vais vous expliquer mon cheminement tout au long de l‘ouvrage.

Une prise de conscience individuelle facilitée par une meilleure compréhension

le réchauffement climatique c'est maintenant

Je me suis beaucoup retrouvée dans le profil du dessinateur Christophe Blain : en début de lecture consciente des enjeux et de leurs échéances proches ; mais j’ai refermé ce livre avec une compréhension beaucoup plus fine de ce qui entoure ces enjeux, les alternatives, les causes réelles de notre situation actuelle …

Une chose est sûre, nous devons revoir nos copies pour faire mieux et surtout de manière plus efficace !

Un dessinateur reconnu et un polytechnicien pour un combo gagnant !

Le succès de ce livre, vendu à plus de 500 000 exemplaires, repose sur l’association des deux auteurs et de leurs expertises respectives : Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain.

Biographie de Christophe Blain
biographie de Jean Marc Jancovici

Christophe Blain illustre comme il sait bien le faire, des propos très clairs de Jean-Marc Jancovici : l’association des deux auteurs permet un ouvrage dont l’appropriation est facile pour tous autant sur la compréhension de la situation que sur les solutions envisageables.

Une prise de conscience nécessaire sur notre dépendance croissante à l’énergie

Avec le livre nous retraçons l’évolution de notre histoire, la modernisation de notre société et notamment sa tertiarisation.
Le point de départ à cette compréhension est l’explication des différentes énergie présentes aujourd’hui. Assez rapidement, nous sommes amenés à une prise de conscience : il n’y a pas d’énergie verte !

il n'y a pas d'énergie verte !

Une interdépendance des énergies et aucune énergie verte

Car toutes énergies renouvelables dès lors qu’elle est consommée à grande échelle à un revers de la médaille.
D’ailleurs, le graphique repris un peu plus tard dans le livre nous fait prendre conscience de nos besoins et consommations croissants en énergie

 

 Notre dépendance actuelle : une accélération vertigineuse !

Plus globalement, je me suis rendue compte qu’aujourd’hui on traite davantage la conséquence que la source du problème. Notamment avec ces énergies renouvelables qui déculpabilisent les personnes de prendre la voiture ; mais cela ne résout rien : pourquoi les personnes prennent la voiture au lieu des transports, du vélo…?
C’est à travers l’ensemble de l’ouvrage que l’on comprend mieux l’interdépendance entre les différentes énergies, et qu’au-delà l’énergie consommée c’est principalement la quantité consommée le problème …cela fait un écho direct avec notre mode de consommation actuel sur lequel nous reviendrons un peu plus tard.

Consommation de l'energie au fil des années

Une évolution des secteurs : Du primaire à une forte tertiatisation des emplois !

Le gain qu’a permis l’énergie dans nos actes au quotidien (machine plus rentable, temps de production raccourci, travail moins physique et épuisant…) a aussi profondément transformé la répartition des emplois de notre société !
Ainsi le travail s’est déplacé du secteur primaire avec une agriculture et une production de matières au secondaire “industriel” pour transformer les matières, entretenir les machines, … Pour aujourd’hui arriver à une tertiarisation assez conséquente de notre société avec une vente de services autour des produits et globalement de notre mode de consommation.

Le poids du secteur agricole en terme d'emplois
Du secteur primaire au secondaire industriel
La tertiarisation de nos emplois

A la recherche d’une croissance perpétuelle… du déni ou de l’ignorance ?

La recherche de croissance au détriment du climat

Très bien imagée à plusieurs reprises dans le livre, il est vrai que la croissance est souvent la réponse à tous les maux : le problème de l’emploi, le pouvoir d’achat, les retraites, …
Sauf que déni ou ignorance, cette recherche de la croissance s’est clairement faite au détriment de notre climat.

Energie, mondialisation et climat : comment en est-on arrivé là ?

Après une phase d’explication pédagogique sur les conséquences que tout cela a sur le climat de manière générale, on comprend mieux également comment l’Union Européenne, et la mondialisation a un impact sur nos enjeux climatiques à travers des décisions contradictoires et/ou parfois court-termiste : l’influence allemande sur la décision de se retirer du nucléaire, l’ouverture à la concurrence de monopoles naturels tels que EDF ou la SNCF, …

Et si il fallait retenir une chose de ce livre : notre mode de consommation est le cœur du problème !

le petrole est partout, le problème est notre mode de consommation

Notre mode de consommation : un quotidien entier à repenser

Forcément, plus on avance dans la lecture du livre et plus on se dit “mais pourquoi? “ “il faut changer les choses, mais comment?”
La prise de conscience est un premier pas essentiel ; mais la plupart des citoyens ont besoin d’être accompagnés : il faut élargir la compréhension de ces enjeux climatiques avec un ouvrage tel que celui-ci et des sensibilisations dès le plus jeune âge en maternelle et primaire (nous tomberons tous d’accord qu’il est plus facile de corriger des comportements à 5/10ans, qu’à 60… bien qu’il ne soit jamais trop tard!)
La dernière partie du livre se consacre d’ailleurs à différentes pistes de changements qui ont un impact direct : l’alimentation, le transport, le logement et enfin les achats.

 

L’alimentation : une marge de manœuvre à la portée de tous pour concilier enjeux climatiques et une meilleure santé?

Personnellement, j’ai pris une claque avec ce dessin reprenant les quantités d’émission de gaz à effet de serre par type d’aliment, en voyant noir sur blanc que la viande bovine était pire que la voiture ! Je n’avais jamais pris le temps de comprendre à quel point notre alimentation pouvait avoir un impact. La médiatisation est davantage autour de la voiture, le diesel, l’avion, …. mais le sujet de l’alimentation est également à remettre au centre du débat ! La marge de manœuvre individuelle y est forte et facilement accessible. En revanche, les impacts d’un changement massif de notre alimentation aurait des conséquences importantes pour la filière agricole.

L’évolution du contenu et de la quantité de nos assiettes pourrait avoir des effets bénéfiques pour le climat mais également pour notre santé.

Il est assez dramatique de lire que l’on meurt davantage de l’obésité que de la faim dans le monde ! (Sébastien Boehler p.188)

La consommation d'énergie par aliments
l'économie mondiale repose sur le transport

Le transport…des habitudes à changer pour un gain considérable

Après l’alimentation, le lien se fait tout naturellement vers ce sujet avec notamment l’alimentaire qui représentent 1/3 des transports, mais aussi les trajets courts tels que domicile-travail…
Il s’agit du poste le plus médiatisé, mais qui semble aussi le plus difficile à faire évoluer. Pourtant de nombreuses solutions sont possibles : télétravail, covoiturage, vélo, train,..

La consommation : le nerf de cette guerre !

On tourne les pages du livre, et on se dit vraiment qu’il faut consommer autrement, moins mais mieux, plus local, ….”plus responsable” …

  • Un vêtement qui a traversé le monde pour arriver dans notre placard,
  • La consommation d’énergie pour une nourriture extraite, transformée, packagée, transportée, vendue et amenée dans notre cuisine,…
  • Un mode de vie assez sédentaire qui demande une énergie croissante (technologie qui nous entoure, télévision à la demande, livraison à domicile…),
  • Des achats d’impulsion déjà inutiles au bout de quelques jours ou semaines…

Le constat est clair : il faut repenser notre mode de consommation pour un système plus vertueux, local, responsable.

Une consommation trop importante dans le quotidien
Croissance et emploi ? comment les concilier

Et les emplois dans tout ça ?

Avant même de lire ce livre, j’avais à l’esprit, l’impact qu’une baisse de consommation pouvait avoir comme répercussion sur l’emploi. C’est mathématique ! Moins d’achat = moins de rentabilité/croissance pour les entreprises de distribution ce qui induit des licenciements. Moins de transports et donc là aussi des licenciements..
Pour autant ce livre et la vision des choses amenée par Janvovici met en avant des solutions saines dont les impacts sur l’emploi sont positifs. Peut-être illusoires parfois, mais le champs des possibles est là.

Un livre à la hauteur des enjeux

Formidable support pédagogique pour comprendre l’ensemble de ce sujet : le lien entre énergie et climat, réchauffement climatique, gaz à effets de serre …
Nous prenons conscience au fur à mesure des pages que nous sommes faces à des choix contradictoires et des croyances populaires. On peut ici reprendre un exemple : les voitures font plus de 3000 morts par an en France, le nucléaire aucun, … et pourtant les gens craignent le nucléaire à tort mais continuent de prendre la voiture…pourtant très consommatrice d’énergie !. On peut aussi parler des ouvertures à la concurrence alors que l’on parle de monopole naturel (électricité, eau….)
On parle d’actions, certes vertueuses tels que baisser le chauffage ou éteindre la lumière mais les gens ont-ils vraiment conscience qu’éviter d’acheter un vêtement produit à l’autre bout du monde serait nettement plus efficace ! Même constat en réalisant les trajets en courts en en vélo au lieu de prendre la voiture. L’idée assez réductrice que l’on peut avoir de notre consommation énergétique repose sur ce qui nous semble consommer “le plus” : chauffer une pièce, se déplacer en voiture/avion, utiliser des appareils gourmands en énergie.
Au lieu de ça, j’ai plutôt le sentiment que la société se déculpabilise avec des voitures électriques et des énergies renouvelables au lieu d’agir sur notre quantité d’énergie consommée. 

Des incohérence dans notre système à résoudre 


Une sédentarité de plus en plus accentuée (livraison à domicile, consommation de médias sans attendre et de manière infinie, interactions sociales virtuelles au détriment d’interactions physiques….). On meurt plus d’obésité que de la faim dans le monde. Des SUV sont vendus chaque minute, … Est-ce que le monde ne tourne pas à l’envers ? 
L’intervention de Sébastien Boehler en fin de livre au sujet du striatum nous donne de l’espoir en remettant le citoyen au cœur de l’action en recherchant du sens.  

Une lecture individuelle pour une prise de conscience collective ? 

J’ai refermé cet ouvrage avec plusieurs certitudes. Les actions de chacun contribueront à une évolution positive du problème actuel. Je pense que les citoyens ont pris conscience des enjeux, mais n’ont pas toujours le sentiment de savoir comment contribuer efficacement. La médiatisation de certains sujets impacte les croyances populaires : les médias ont un rôle essentiel à jouer pour sensibiliser plus et mieux sur ces enjeux et le rôle de chacun.  
Pour la génération actuelle et celle à venir, il est primordial d’éveiller la conscience de chacun sur ces sujets pour permettre à tous de vivre dans une société meilleure. 

Pour aller plus loin

Vous pouvez découvrir 2 autres critiques du livre :

Une interview disponible sur Youtube, de Christophe Blain invité sur l’émission « 7 jours sur la planète »

Pour suivre Jean Marc Jancovici :

Rachel Vasseur

Rachel Vasseur

Alternante traffic manager Norauto International

Rachel Vasseur a travaillé 12 ans à la Chambre de Commerce et d’Industrie Grand Lille en accompagnement de TPE PME sur la stratégie digitale, dans la gestion de projets collectifs avec des acteurs reconnus (Google, Facebook, Pinterest, OVH, Sarbacane..).
En 2022, elle reprend le MBA DMB à Lille en part-time pour se spécialiser en traffic acquisition au sein de Norauto International.