Fiche de lecture : La civilisation du poisson rouge

« Les dernières tendances de recherche 2019 compilées par Google News Lab soulignent à quel point la capacité d’attention du public est courte, les médias passant d’un truc à un autre. Le sujet crucial de la dépendance à nos smartphones et de la perte de notre attention prend de plus en plus d’ampleur. La révolution de l’écran a définitivement changé nos vies.

Ce traité sur le marché de l’attention, complètement dans l’air du temps à attiré mon attention. Maman de 4 enfants, je me rends compte tous les jours à quel point mes enfants ont un temps d’attention et une capacité de concentration courte et je vois bien le rapprochement avec le poisson rouge. Et vous ?

Explication …..le poisson rouge « est incapable de fixer son attention au-delà d’un délai de 8 secondes » ; après, il se remet à zéro.

Et pour en revenir à nos enfants ultra connectés, vous peux-être « Le temps d’attention, la capacité de concentration de cette génération, est de 9 secondes ». Au-delà, son cerveau, notre cerveau décroche. J’ai pu constater à quel point nos/leurs attitudes et nos/leurs postures ont été modifiées ; dans la rue, dans les transports, dans les lieux publics et dans notre/leur intimité la plus privée depuis que les smartphones ont envahi nos/leurs vies.

Quel est le parcours de Bruno Patino ?

 

Bruno Patino est spécialiste du numérique dans les médias français depuis plus de 20 ans. Il a d’abord été le correspondant du journal français Le Monde au Chili. Puis en 1999, il est revenu au journal à Paris et s’’est occupé du numérique. A cette époque, plusieurs journaux ont choisi de réduire leur budget dans le numérique, mais au « Monde » ils ont décidé de faire le contraire. Ils ont opté pour une accélération du numérique à l’intérieur du journal. Ainsi, pendant dix ans, il a créé et dirigé « lemonde.fr ». Il a rencontré et travaillé avec des personnes qui aujourd’hui ne sont plus accessibles. C’était le début, l’ère de l’internet avec le modem et AOL. Google, les magnats des médias sociaux, et même les smartphones n’existaient pas encore. 

Lorsqu’il a quitté Le Monde en 2008, l’internet avait complètement changé avec la consommation du numérique. Il était devenu un média de masse et tout le monde était connecté en continu et dominé par les grandes plateformes numériques que nous connaissons tous aujourd’hui. Il a ensuite travaillé pour la radio à France Culture, puis il a été directeur des programmes et de la transition numérique à France Télévision. Lui et son équipe ont créé la chaîne France TV Info qui est maintenant France Info. Depuis 2015, il est le directeur éditorial d’Arte TV et par ailleurs, depuis 13 ans, le doyen de Sciences Po Paris, l’école de journalisme.

Quel est le sujet du livre « La civilisation du poisson rouge « ?

 

Ce livre est une alerte. Bruno Patino essaie d’expliquer dans son livre ce qui se passe actuellement avec les smartphones dans nos vies. Nous sommes complètement dépendants de nos téléphones et des médias sociaux. Ce n’est pas un accident, c’est le résultat du produit fabriqué par les géants d’Internet pour attirer notre attention « un modèle de servitude numérique volontaire ». Ce livre, qui est sorti en avril 2019 est arrivé au bon moment. Le sujet de l’addiction à nos smartphones est partout maintenant non seulement dans la Silicon Valley, mais bien sûr dans les gouvernements et les médias. Aujourd’hui, beaucoup de personnes sont nombreuses à comprendre leur addiction, et c’est pour cela que je vous conseille ce livre.

La civilisation du poisson rouge ?

C’est nous-mêmes. Notre temps est l’élément le plus précieux de notre vie, comment les géants de l’internet l’utilisent-ils pour s’immiscer de plus en plus dans notre vie privée ? Ils détruisent le temps dont nous disposons pour nous concentrer sur quelque chose de spécifique et d’important. Même si vous essayez de réduire le temps passé sur vos smartphones, les entreprises utilisent les meilleurs outils utilisant la captologie et les neurosciences pour attirer notre attention : nous avons donc toujours besoin de revenir aux écrans « la dépendance n’est pas un effet indésirable de nos usages connectés, elle est l’effet recherché par de nombreuses interfaces et services qui structurent notre consommation numérique ». À savoir la dopamine, molécule du plaisir.

Place à de nouvelles pathologies !

 

Depuis 2012, le temps passé sur nos smartphones a doublé dans la plupart des pays du monde et a déjà atteint un niveau très alarmant. En France, nous passons 1 heure et 32 minutes, 2 heures 37 aux États-Unis et 3 heures en Chine, pour n’en citer que quelques-uns.Des chercheurs de l’université de Pennsylvanie ont établi un diagnostic sous recommandation à partir de 30 minutes sur les médias sociaux, notre santé mentale est déjà en danger. En plus de nos smartphones, les millénials et la jeune génération sont constamment connectés à jouer à des jeux vidéo et à regarder des films.

Plusieurs pathologies sont aujourd’hui bien connues :
la nomophobie comprise comme la phobie du no mobile phone (qui était le mot de l’année 2018 du Cambridge Dictionary) qui est la peur à l’idée d’être sans son téléphone portable.
le phnubbing, c’est l’habitude de snober quelqu’un au profit d’un téléphone portable.
l’athazagoraphobie qui est la peur d’être oublié qui devient très dangereuse et qui amène des dépressions chez les adolescents.

Comment ?

 

L’accélération générale a remplacé l’habitude par l’attention, et la satisfaction par l’addiction. Les algorithmes commandent tout, ce sont les machines-outils de cette économie : publicité, contenus….Ils renferment l’internaute dans une bulle où il ne voit que ce que les algorithmes lui disent de voir dans le but de rentabiliser toujours le temps et de le monnayer.« Les algorithmes emprisonnent un utilisateur dans une bulle d’informations, qui l’enferme dans sa propre vision du monde et l’endoctrine avec sa propre opinion ».

Une solution ? Non, mais à nous de jouer maintenant, pour que comme l’écrit l’auteur « notre société ne soit pas peuplée d’humains au regard hypnotique qui, enchaînés à leurs écrans, ne savent plus regarder vers le haut. »

A bon entendeur !