LA SANTE EN MODE DIGITAL: LE RENOUVEAU DE LA PREVENTION

La prévention réside dans ce vieil adage « Mieux vaut prévenir que guérir » :

Ce qui vaut autant pour les individus que pour les gouvernements, en particulier dans le domaine de la santé.

 Prevention Humour : rougeole en Suisse

La prévention en matière de santé est définie ou plutôt cernée de la manière suivante : elle s’étend à toutes les dimensions de l’amélioration de l’état sanitaire de la population, qu’elles soient préventives ou curatives, de façon à mettre un terme à l’opposition entre « soins » et « prévention », d’une part, et à développer l’approche populationnelle de la santé d’autre part (article L. 1411-1 du CSP).

Comme le mentionne une communication de la Cour de Comptes à la commission des affaires sociales de l’Assemblée Nationale datée d’octobre 2011 : « Il est traditionnellement admis que la prévention occupe une place subsidiaire dans le système de santé français. Ce constat tient en partie au fait que ce concept est difficile à définir tant dans ses objectifs que dans sa mise en œuvre. »

La révolution digitale peut donc rebattre très vite les cartes et faire monter en puissance la prévention, du point de vue de l’action publique :

Les moteurs de recherche et les réseaux sociaux ont les volumes de données (Big Data) qui, une fois traitées dans cet objectif peuvent permettre de prédire les risques et le modèle de propagation d’épidémie,  en se basant sur les requêtes des internautes et leur localisation.

L’exemple de Google pouvant fournir aux autorités de santé un indicateur de progression des atteintes du virus H1N1 en 2009 aux USA, plus rapidement et plus précisément que le système de veille sanitaire classique, est emblématique.

Ce moyen de prévention est-il infaillible ?

Non. Le service Google Flu qui a été développé par la suite avait pour ambition de prévoir les pics de grippe dans 29 pays a été fermé en 2015 suite à la production de prévisions non fiables.

Suite à ce constat, la voie moyenne empruntée est exemplaire : une coopération entre les technologies digitales et les expériences accumulées ainsi que les méthodologies développées par les experts « pré-digitaux ». Google continue à collecter les données et les transmet directement aux chercheurs et spécialistes de différentes institutions universitaires, ainsi que des Centers for Disease Control and Prevention qui font partie de système de veille sanitaire classique.

Cette voie moyenne est aussi explorée en France : pour le Pr Antoine Flahault professeur de biostatistique à l’Université Paris Descartes, « la question n’est pas aujourd’hui de prétendre que la surveillance épidémiologique traditionnelle n’a plus sa place ou sera remplacée par l’Internet. Mais plutôt de se rendre compte que l’on ne peut plus être responsable de la surveillance épidémiologique de son pays sans connaître les nouveaux apports que fournissent les réseaux sociaux ». (cité dans https://destinationsante.com   Article du 07/01/2014).

Autre exemple de coopération entre le digital et les systèmes existants : la création en France du réseau GrippeNet, lancé en 2011 par l’INSERM (Institut National de la Santé Et de la Recherche Médicale) et l’InVS (Institut de Veille Sanitaire). Ce réseau invite les internautes, sur la base du volontariat et du bénévolat, à participer à la surveillance sanitaire, en répondant à des questionnaires hebdomadaires, et dont les données viennent enrichir celles collectées par les professionnels de santé, qui continuent à alimenter le système de veille existant.

Le développement de ces méthodes d’enrichissement mutuel de la collecte des données sanitaires et de leur interprétation experte et pas seulement mécanique, permettra sans nul doute de mieux cibler dans le temps et dans l’espace les campagnes de vaccinations, d’activation des plans d’urgence dans les entreprises et les collectivités en particulier, et en général, la mise en place de toute mesure de prévention nécessaire pour réduire les impacts d’une épidémie ou d’une pandémie tant sur le plan humain qu’économique.

La santé en mode digital : la prévention et l’individu fera l’objet d’un prochain article : les apports du « Quantified Self », par le moyen des objets connectés.

Sources : en sus des liens présents dans le texte :

1/ Big Data, la révolution des données est en marche de Victor Mayer-Schonberger et Kenneth Cukier

2/ Tous digitalisés, et si votre futur avait commencé sans vous ? Manuel Diaz