E-santé : révolution médicale vers une humanité 2.0 ?

La médecine 2.0 va fondamentalement transformer la chaîne de valeur du secteur. Entre e-santé et m-santé, le terme évolution se voit remplacé par « révolution ».

Le secteur médical est très fortement impacté par les évolutions numériques et connaît une croissance fulgurante. En effet, nombreuses sont les applications mobiles e-santé développées dans le monde (25 000 environ). Doctolib, a levé 61 millions d’euros en 2017. Près de 530 levées de fonds ont été réalisé pour financer des start-ups e-santé en 2017, représentant 9 milliards de dollars levés au total.

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Outre les applications mobiles d’e-santé, la médecine et la chirurgie sont en pleines transformations digitales, comme tant d’autres secteurs d’activités. Des outils numériques sont créés, changeant radicalement le mode opératoire de certaines procédures chirurgicales. Nous retrouvons des imprimantes 3D en passant par les NBIC (nanotechnologies, biologie, informatique et sciences cognitives (IA et science du cerveau).

Médecine réparatrice 2.0

La médecine réparatrice, spécialité chirurgicale, consiste à réparer diverses lésions du corps humain. Elle permet de soigner des blessures, tumeurs superficielles, traumatisme faciaux, traumatisme des membres, création de prothèses et malformations congénitales.

De plus, la bio-impression représente une révolution médicale permettant de recréer des tissus humains et des organes en vue d’une transplantation sur patients. Cette technologie permettra-t-elle de sauver de multiples patients en attente de greffes ?

2017 est une année marquante pour cette spécialité grâce à deux prouesses notables :

  • Une nouvelle génération de prothèse : Prothèse de main reliée aux nerfs et muscles du bras envoie des signaux électriques au système nerveux aidant le patient de recouvrir la sensation du touché.
  • La France, premier pays a réalisé une intervention chirurgicale en réalité augmentée : Mardi 5 décembre 2017, le Dr. Thomas Grégory, professeur à l’hôpital Avicenne, a réalisé une opération chirurgicale en réalité augmentée. À l’aide d’un casque fabriqué par Microsoft et un hologramme de l’articulation, le chirurgien a pu poser une prothèse d’épaule. Il pouvait visualiser le squelette du patient et avoir accès à tout moment au dossier médical. La prouesse ne s’arrête pas ici, le chirurgien consultait ses confrères lors de l’intervention via le partage en temps réel du casque.

Humanité 2.0 – La médecine sur mesure

Selon le Dr. Laurent Alexandre, dans son livre « La mort de la mort », 4 révolutions biotechnologiques vont créer « un véritable géno-tsunami ». Les NBIC (Nanotechnologies, Biologie, Informatique et les sciences Cognitives – intelligence artificielle et sciences du cerveau) tellement vite qu’elles nous conduiraient tout droit vers l’humain 2.0. Elles posent également la question tant controversée du stade de singularité et de transhumanisme.

En 1976, les premières manipulations génétiques ont été réalisées. Ces technologies pourraient nous permettre de prévenir la maladie d’Alzheimer ou bien le vieillissement et la mort à l’aide des séquençages de l’ADN (acide désoxyribonucléique). À terme, nous pourrions comprendre et connaître l’ADN de chaque individu, et ainsi mieux appréhender les prédispositions de certaines maladies. S’ajoutant à cela, la « thérapie génique » fait son apparition et permet de remplacer la séquence de l’ADN défectueux. La modification de génomes humains est actuellement au stade expérimental mais offrira la possibilité d’anticiper l’apparition de maladies. L’humain se transformerait-il donc pour devenir un sur-Humain intouchable ?

De plus, en terme de médecine réparatrice, les nanotechnologies, telles que les nanopuces, permettrons de réparer les vaisseaux sanguins, les nerfs et organes endommagés « en moins d’une seconde ». Cette nouvelle technologie « Nanotransfection tissulaire (TNT) », créée par des scientifiques du Wexner Medical Center de l’Ohio State University, utilise la peau comme « usine cellulaire régénératrice » pouvant recréer des cellules en vue de réparer des tissus blessés.

La « technomédecine » se démocratisera dans les années 2020 et les technologies existantes se décupleront. D’après le livre « The creative destruction of medicine » d’Eric Topol, la médecine actuelle devra être « rebootée » avec l’avènement de la convergence technologique du secteur médical (e-santé, m-santé, génomique, etc.). De ce fait, le nombre de séquençage de génomes humains devrait atteindre les 64 millions.

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« Nous avons mis en place les principales briques permettant de bricoler, de manipuler le vivant (…) La phase de démocratisation de ces technologies et de ces outils ne commencent réellement que maintenant- la démocratisation du bricolage du vivant c’est à partir de 2015 » – Dr. Laurent Alexandre

La médecine est en pleine transition et se transforme en médecine personnalisée (5P). C’est en 2013 que Leroy Hood, biologiste, définit ce terme en y précisant quatre attributs :

  • Personnalisé : tenir compte du profil génétique de l’individu
  • Préventive : prise en compte des problèmes de santé
  • Prédictive : indication des traitements les plus appropriés
  • Participative : responsabilisation des patients, être acteur de sa santé.

Grâce à l’essor de la technomédecine, la médecine réparatrice pourrait faire un grand bon en avant dans la décennie à venir. L’humain serait de plus en plus connecté et « manipulé ». Aujourd’hui, les avancées (modification génomique, technomédecine) sont controversées entre autres car le grand public n’en a pas pleinement connaissance.