Elon Musk censure Twitter !

Elon Musk censure Twitter

L’oiseau bleu bat de l’aile. Les comptes Twitter d’une douzaine de journalistes de grands médias américains ont été censurés. Oui, oui vous avez bien entendu ! Dans la nuit de jeudi à vendredi 16 décembre, le nouveau propriétaire de Twitter a pris la décision de suspendre ces comptes sans aucune sommation. Parmi eux, des membres de CNN, du New York Times et du Washington Post. L’homme d’affaire les accuse de le mettre en danger lui et sa famille via la pratique du doxxing.

Elon Musk Twitter Coupe du Monde
Elon Musk, la dérive morale ?

CNN accuse le milliardaire d’avoir pris une décision impulsive et injustifiée. Pour autant, Elon Musk justifie sa décision en affirmant qu’il est victime de doxxing. Ce terme anglophone désigne une pratique qui vise à publier toutes les informations qui permettent d’identifier une personne en ligne. Bien qu’il s’agisse de données open sources, ce dernier les accuse de le mettre en danger lui et sa famille. Il déclare qu’à partir du moment où ces informations renseignent sur sa localisation physique ainsi que sur celle de ses proches, toute personne est capable de préméditer son assassinat.

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Pour illustrer ses propos, Elon Musk a notamment évoqué dans une publication qu’un véhicule avec un de ses enfants à bord avait été suivi à Los Angeles par un « harceleur fou ». Une mésaventure qui devient de plus en plus courante dans le monde des célébrités américaines… En effet, certaines victimes comme la mannequin Brook Naders ont déjà été suivies à la trace à cause d’un air tag caché dans leur sac ou autre effet personnel.

Elon Musk au service de la justice ?

Finalement le milliardaire a décidé de sévir contre cette pratique… Il a commencé par suspendre le compte @ElonJet. Il s’agissait du compte de Jack Sweeney qui relayait de manière automatisée ses déplacements à bord de son jet privé auprès de 500 000 followers. Une décision qui a irrité les journalistes puisque ce suivi est basé sur des informations publiques. Elon Musk n’a pas tardé à réagir face à ses critiques. Et sa réaction fût sans appel. Tous les journalistes ayant critiqué cette décision sur Twitter ont également vu leur compte bloqué. Un châtiment qui n’a pas manqué de soulever de vives réactions sur la plateforme.

Levée de boucliers internationaux

Une grande majorité des acteurs internationaux n’ont pas manqué de réagir contre la décision du milliardaire. Et les premiers à ouvrir le bal n’était ni plus ni moins que les Nations Unies. L’Organisation a vigoureusement dénoncé la suspension des comptes Twitter.

« La décision crée un dangereux précédent à un moment où les journalistes partout dans le monde sont confrontés à la censure, des menaces physiques, et même pire », a affirmé Stéphane Dujarric, le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Antonió Guterres.
Les États-Unis, pères fondateurs du libertarisme, ont également été pris de court par la décision de l’homme d’affaire. Une grande majorité des américains se disent surpris, et s’interrogent sur une potentielle régulation de son comportement. Une situation assez paradoxale que certains commentateurs n’ont pas manqué de soulever. En effet, il n’est pas sans rappel, que Outre Atlantique, une entreprise n’est pas en soi tenue de se plier au premier amendement qui garantit la liberté de parole ou de la presse.
« Un danger majeur pour la démocratie » 

Côté européen, un tel paradoxe n’existe pas. Et les dirigeants n’ont pas manqué de le faire savoir ! L’Union Européenne qui veut s’imposer comme précurseur de la règlementation liée au fonctionnement des réseaux, assure que l’oiseau bleu volera selon ses propres règles. La vice-présidente de la Commission Européenne, Vera Jourova rappelle qu’il y a « des lignes rouges »  à ne pas franchir. Elle promet au nom du Digital Services Act des sanctions contre Elon Musk et Twitter si ceux-ci ne respectent pas la liberté des médias et les droits fondamentaux.

Elon Musk est prévenu ! Il y a de forte chance pour lui de se heurter au droit européen s’il continue sur cette lancée. Twitter pourrait bien y laisser des plumes. Certaines entreprises européennes ont d’ores et déjà annoncé la suspension de leurs activités publicitaires sur la plateforme.

« Votre avis compte » 

Peut-être par peur de subir des retombées économiques, ou encore de voir la justice saisie, Elon Musk a rapidement publié un tweet quelques heures après la suspension des comptes demandant à ses abonnés non pas s’il fallait réactiver les accès des utilisateurs bannis mais quand. Immédiatement ou dans sept jours ? Près de 59% des 3,69 millions d’utilisateurs ayant pris part au sondage ont répondu qu’il devait les rétablir immédiatement.

 Marche arrière tout !

Le lendemain, Elon Musk annonce le rétablissement des comptes Twitter d’une dizaine de journalistes. Parmi les plus chanceux étaient concernés des grandes figures médiatiques comme Donie O’ Sullivan de CNN, Ryan Mac du New York Times, Drew Harwell du Washington Post, ou encore des journalistes indépendants. Tous réalisaient une couverture critique de la reprise en main du réseau social par Elon Musk.

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Le haut-commissaire des Nations Unies aux droits humains sur le réseau social se félicite de cette réintégration : « Bonnes nouvelles que les journalistes soient réintégrés sur Twitter, mais de sérieuses préoccupations demeurent » ; en exhortant toutefois le propriétaire de Twitter à « s’engager à prendre des décisions basées sur des politiques accessibles au public et qui respectent les droits, y compris la liberté d’expression« .

Elon Musk, fervent défenseur de la liberté d’expression ?

Les désirs de Elon Musk et la réalité sont deux choses bien différentes… En effet, l’expérience confirme l’écart béant entre les promesses d’une expression sans garde-fous avancées lors de ses débuts et les pratiques qui finissent par prendre réellement formes. Pourtant on y a cru ! Elon Musk a expliqué à mainte-reprises avoir racheté Twitter parce qu’il considère la plateforme comme la « place publique numérique » essentielle à la démocratie dans le monde. Il juge la modération des contenus trop restrictive.

« La raison pour laquelle j’ai acheté Twitter est qu’il est important pour l’avenir de la civilisation de disposer d’une place publique numérique commune, où un large éventail de croyances peut être débattu de manière saine, sans recourir à la violence ».

                                                                  Un changement de direction à venir ?                                                                      

Une vision absolutiste apparemment de courte durée que le milliardaire paye très cher. En effet, Elon Musk dans la soirée du dimanche 18 décembre a lancé un énième sondage. Il demande cette fois-ci à ses abonnés de voter pour savoir s’il doit quitter son poste de Directeur Général du réseau social :  « Dois-je quitter la direction de Twitter ? Je me conformerai aux résultats de ce sondage », assure le milliardaire. Il n’a pas précisé à quelle échéance il comptait honorer cet engagement.

Néanmoins, au moment où je vous écris ses lignes, plus de 17,5 millions de personnes se sont exprimées et le « oui » est en tête avec 57,5%. Le sondage s’achève en fin de matinée. Compte tenu des résultats, il se pourrait que le nouveau propriétaire de Twitter subisse un nouveau coup dur. L’Oiseau bleu est mis un peu plus dans la stupeur…