En décembre, je vous apportais des conseils pour entreprendre une #digitaldetox dans les règles de l’art. En 2017, place à la re-connexion productive, découpée en 2 volets (1/2 le droit à la déconnexion 2/2 les outils pour y parvenir).
Les e-mails, fléau des temps modernes :
le droit à la déconnexion
Et si la nouvelle année était synonyme de nouveaux modes de management?
Depuis le 1er janvier 2017, le Droit à la déconnexion rend toute discussion sur le sujet entre les entreprises et les représentants du personnel obligatoire.
L’occasion de faire un point sur l’utilisation abusive des e-mails.
Si un outil est nécessaire entre personnes travaillant ensemble, les e-mails sont perçus comme un moyen addictif , accroissant sans cesse le nombre d’informations à traiter.
Apparaissant comme une petite notification en bas à droite de votre écran, les e-mails arrivent en flux continu, devenant une source de stress supplémentaire.
Qui est le responsable de cet arrosage Outlook? Personne et tout le monde.
Critique de cette abondance, chaque collaborateur est à la fois victime et acteur de ce phénomène puisque par nature il respecte sa culture d’entreprise.
Si les entreprises veulent apporter multi devices à leurs salariés, désormais connectés n’importe où et n’importe quand, l’important demeure de fixer quelques règles et bonnes pratiques.
Ainsi, l’usage intempestif des e-mails visant à mettre systématiquement la terre entière en copie pour « se couvrir » doit aujourd’hui devenir une pratique critiquée et repensée par l’entreprise elle-même qui devra rassurer et bouleverser les habitudes internes.
? Les e-mails en quelques chiffres
13 heures/semaine. C’est le temps moyen passé à éplucher et à répondre aux mails en entreprise « classique ».
72 c’est le nombre moyen de mails reçus en une journée par un professionnel (soit 7 emails par heure et un email reçu toutes les 10 minutes).
80% des personnes interrogées estiment que les outils électroniques augmentent la quantité d’informations à traiter et imposent des temps de réponse toujours plus courts.
74% des salariés estiment qu’être interrompu dans son travail est la source de stress la plus importante.
? Le changement de mentalités des plus grands groupes
Olivier Mathiot, le PDG de Price Minister a imposé une demi journée par mois sans e-mail, considérant la perte de temps phénoménale qu’ils représentaient et le manque de qualité, de sens de l’urgence. La société Canon propose elle aussi une journée sans e-mail, facilitant les échanges en face à face.
C’est en constatant que les mauvaises pratiques d’envois d’ e-mails étaient facteurs de stress et qu’ils coutaient cher à l’entreprise que Thierry Breton, PDG d’Atos, affirmait qu’une entreprise moderne devait éradiquer le mail de ses process. En février 2011, la multinationale lançait son plan d’actions « Zero Email », réduisant considérablement les échanges d’e-mails en interne au profit de nouveaux outils collaboratifs.
? Que dit la loi?
Depuis le 1er janvier, les entreprises de plus de 50 salariés doivent appliquer le Droit à la déconnexion (figurant dans la loi Travail portée par Myriam El Komri).
« La loi n’impose pas la mise en place d’un outil technique qui couperait l’accès au mail ou à l’intranet, mais plutôt l’adoption de chartes de bonnes pratiques pour l’utilisation des outils numériques, qu’ils appartiennent à l’entreprise ou au salarié », précisait Caroline André-Hesse, avocate en droit social qui ajoutait que cette mesure restait « floue, afin de permettre aux entreprises de définir elles-mêmes les solutions à apporter ».
L’article 55 rend donc une négociation annuelle du droit à la déconnexion entre les entreprises et les représentants du personnel obligatoire mais ne prévoit pas de sanction à l’encontre de l’entreprise si celle-ci n’aboutit pas…
Pour rappel il était déjà condamnable qu’un employeur sanctionne un salarié qui refuserait de se connecter en dehors de son temps de travail. Il était également légal pour un salarié de considérer les connexions à une messagerie électronique le soir ou le week end comme des heures supplémentaires.
Le changement d’habitudes prendra du temps mais présentera un bénéfice certain pour les salariés
Si les salariés ont, en théorie, le droit de ne pas accéder à leur messagerie en dehors de leurs heures de travail, il est observé que la majorité des cadres se connectent le soir ou le week-end ; en sachant que c’est ce comportement professionnel que leurs employeurs attendent d’eux.
Dominique Wolton, Directeur de l’Institut des sciences de la communication du CNRS, comparait l’e-mail à une grande plateforme où se décident de grandes décision à grande vitesse et ajoutait : « il y a une espèce de dramatisation de l’urgence, qui est extrêmement dangereuse ».
Espérons que le Droit à la Déconnexion et les discussions qui en découleront permettront de repenser l’utilisation de la messagerie électronique et de re-qualifier le temps de travail.